L’Europe de la compétition rime avec régression nationaliste.

L’Europe de la compétition rime avec régression nationaliste.

L’émotion suscitée dans toute l’Europe par le coup contre le gouvernement grec élu ­ jusqu’en Allemagne, où la presse de ce 15 juillet réagissait globalement de façon critique au diktat de Merkel ­ peut constituer le point de départ d’une résistance à l’échelle du continent exigeant la mise en oeuvre d’une Europe qui se fonde enfin sur le principe de la solidarité et non plus sur celui de la compétition entre ses peuples. Des millions de salariés, de citoyens peuvent se rassembler de Paris à Lisbonne, en passant par Madrid, Athènes et Berlin, pour une civilisation européenne enfin émancipée de la loi des plus forts et, singulièrement, de celle du capital alleman d. Et des idées alternatives fortes autour d’un autre rôle de la BCE, d’une politique du crédit s’émancipant peu à peu des marchés financiers, se plaçant au service de l’emploi et d’un vrai codéveloppement ont commencé de germer et ont gagné en crédibilité tout au long du bras de fer de ces dernières semaines.
L’enjeu de cette lutte paneuropéenne est immense. Car le couronnement de l’Europe de la compétition tant voulue par Angela Merkel rime inéluctablement avec régression nationaliste. Celle-ci est déjà présente, si l’on veut bien y regarder de plus près, dans les débats au sein des cercles dirigeants allemands les plus « radicalisés », qui voudraient rejouer de « l’atout » monétariste ­ n’a-t-il pas permis d’organiser, jadis, une annexion en bonne et due forme de l’ex-RDA ­ pour élargir encore leur domaine d’influence en Europe grâce au Deutsche Mark ressuscité ou à un « euro du Nord ».
BRUNO ODENT.

Michel Barrier