Revirement stratégique d’urgence au PS….la victoire d’Alexis Tsipras

Revirement stratégique d’urgence au PS….la victoire d’Alexis Tsipras

encore persona non grata en 2012 chez les dirigeants du PS français, oblige ces derniers à s’adapter aux nouvelles réalités européennes issues du scrutin.

Telle une onde de choc, les effets de la victoire de Syriza n’ont pas tardé à se faire sentir au sein de la gauche française. Si, dès l’annonce des résultats des législatives grecques dimanche soir, la satisfaction affichée des militants et des dirigeants du Front de gauche qui soutiennent la formation d’Alexis Tsipras n’a constitué une surprise pour personne, de même que celle du NPA et des Verts, le repositionnement des dirigeants socialistes témoigne de l’évolution du rapport de forces que provoque la victoire dans un pays d’Europe d’une demposantes de la gauche anti-austérité. Ne serait-ce, pour l’instant, que dans les discours tenus à l’égard d’Athènes.
« RALLIEMENT » DE LA DERNIÈRE HEURE DES DIRIGEANTS SOCIALISTES

Pour la première fois, en effet, depuis le 29 avril 2014 et l’abstention de 41 députés PS sur le pacte de stabilité budgétaire, « frondeurs » et soutiens de la ligne Hollande-Valls au Parlement ont parlé d’une même voix… au profit de la ligne défendue par les premiers. Ainsi le très “hollandiste” président du groupe PS à l’Assemblée nationale, Bruno Le Roux – celui-là même qui ne trouvait pas Martine Aubry et les frondeurs «très responsables » dans leurs critiques des politiques d’austérité en octobre dernier, et avait sanctionné les députés récalcitrants –, a déclaré partager « beaucoup de choses en commun » avec Syriza, comme « la volonté (…) de réorienter la construction européenne, de sortir des politiques d’austérité ». Le patron des députés PS allant jusqu’à affirmer que lui et les siens « seron(t) un point d’appui pour M. Tsipras dans la question de la restructuration de la dette »
« IL EST L’HEURE D’UNE ALTERNANCE EUROPÉENNE. (…) ELLE NE FAIT QUE COMMENCER », ESTIME CÉCILE DUFLOT APRÈS LA VICTOIRE DE SYRIZA.

grecque! Tant pis pour l’ex-ministre PS de l’Économie Pierre Moscovici qui, à peine nommé commissaire européen, avait déclaré en décembre: «Un tel travail a été fait par les autorités grecques (dirigées par le premier ministre de droite Antonis Samaras – NDLR), tant d’efforts, tant de choses accomplies que ce serait dommage de ne pas continuer »…
Sur Twitter, le premier secrétaire du PS a lui aussi salué la victoire « d’un parti de gauche » comme Syriza, « toujours une bonne nouvelle pour le PS ». Ce « ralliement » de la dernière heure de dirigeants socialistes à Syriza constitue un revirement à 180 degrés. Il y a moins de trois ans, Alexis Tsipras était encore persona non grata pour les proches de François Hol la nde . « En mai 2012, alors que le leader de la gauche grecque était en déplacement en France, les socialistes français avaient refusé de le recevoir », signalait hier le Figaro.fr. Mais après la débâcle complète du Pasok, dimanche (4,7 % contre 12,3 % en 2012), il n’était plus possible pour eux de soutenir plus longtemps leur allié de toujours, au risque de se voir promettre un sort comparable à plus ou moins court terme à force de décevoir leurs électeurs. Le Pasok « n’a pas su se renouveler, être à la hauteur des enjeux de la Grèce », a tranché dimanche Bruno Le Roux.
Hier, l’aile gauche du PS, dont plusieurs représentants ont participé avec le Front de gauche, les Verts et le NPA, le 19 janvier, au meeting du gymnase Japy à Paris en soutien à Syriza, savourait le moment. « La gauche française doit également tirer quelques enseignements de ce scrutin », ont déclaré les responsables du courant Maintenant la gauche. La sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, l’eurodéputé Emmanuel Maurel et le président du conseil général de l’Essonne, Jérôme Guedj, estimant que « le Pasok s’est définitivement effondré » à cause de son soutien aux « politiques d’austérité ». Un message également reçu cinq sur cinq par les eurodéputés socialistes français au Parlement européen, dont la présidente de la délégation, Pervenche Bérès, a rappelé que « c’est sous la responsabilité de (leur) camarade Liêm Hoang-Ngoc », l’un des socialistes les plus en rupture avec le gouvernement Hollande-Valls et évincé des candidats rééligibles aux dernières européennes, que « le Parlement européen a dénoncé les agissements de la troïka (BCE-UE-FMI) en Grèce »… L’exécutif français appréciera l’hommage. Sébastien Crepel dans le Journal L’humanité de ce jour.

Michel Barrier