Barrage de Sivens…un jeune homme a été tué…

Barrage de Sivens…un jeune homme a été tué…

La mort d’un jeune homme de vingt et un ans au cours d’une manifestation, quelle qu’elle soit, n’est pas de l’ordre de l’incident ou de la fatalité.
Un jeune homme est mort et le pouvoir se tait. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a condamné les violences et appelé au calme, après les incidents sérieux qui ont eu lieu le lendemain soir dans la ville voisine de Gaillac. Mais, depuis le sommet de l’État, pas une parole d’émotion n’est venue après le décès tragique de Rémi Fraisse, vingt et un ans, décrit comme un jeune homme pacifique, écologiste, venu sur les lieux avec sa petite amie.

D’où une première question. N’est-ce pas le rôle d’un gouvernement, de son ministre de l’Intérieur et de son premier ministre, lorsqu’un jeune homme est tué lors d’une manifestation, de trouver au nom de la nation les mots de la compassion et du regret, ne serait-ce que devant le déroulement des faits ayant conduit à cela ? N’est-ce pas le devoir du gouvernement de la République d’affirmer avec toute la fermeté requise en d’autres circonstances que toute la lumière sera faite sur les circonstances du drame et que la vérité sera établie ?

La mort d’un jeune homme de vingt et un ans au cours d’une manifestation, quelle qu’elle soit, n’est pas de l’ordre de l’incident ou de la fatalité. Qu’est-il arrivé à ce gouvernement pour qu’il ne réagisse pas avec la même force qu’il aurait s’il était dans l’opposition ? L’autopsie pratiquée hier semble indiquer que Rémi Fraisse a été victime d’un tir de grenade, alors que l’affrontement avec des éléments radicaux dont il ne faisait pas partie était très violent. Mais quelle est, du côté des forces de l’ordre, équipées comme elles le sont, la limite entre dissuasion et répression ? Des témoins et des acteurs font état d’une stratégie de la tension poursuivie depuis des semaines sur ce chantier. Un chantier dont il faut aussi contester aujourd’hui la légitimité. Qui a réellement discuté avec les opposants alors que les experts nommés par le ministère de l’Écologie sont eux-mêmes très réservés sur son bien-fondé ? Toutes ces questions appellent des réponses autres que des discours sur l’ordre et des coups de menton, mais, pour l’heure, le pouvoir se tait.

editorial de Maurice Ulrich

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Michel Barrier