Un gendarme suspendu pour soutenir (en vers et contre tout) son collègue Matelly

Un gendarme suspendu pour soutenir (en vers et contre tout) son collègue Matelly

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« Il pleut sur nos képis »

Un gendarme a été suspendu cette semaine pour avoir écrit un poème en soutien à son collègue Matelly, radié pour avoir critiqué le rapprochement police-gendarmerie au sein du ministère de l’Intérieur, a-t-on appris samedi auprès d’une association de militaires.

L’adjudant A., sous cette signature, a écrit fin mars un poème intitulé « Il pleut sur nos képis » publié par l’Association de défense des droits des militaires (Adefdromil) qui revendique 1.500 adhérents et plaide pour plus de liberté d’expression des militaires.

Le gendarme y défend avec vigueur Jean-Hugues Matelly et raille le chef de l’Etat.

Selon l’Adefdromil, l’auteur a été identifié et une procédure disciplinaire a été engagée à son encontre durant laquelle il a été auditionné. Il a été suspendu cette semaine en l’attente d’une éventuelle sanction, a indiqué l’association.

La direction de la gendarmerie nationale (DGGN) a indiqué à l’AFP qu’une enquête « de commandement » a été diligentée contre ce « militaire auteur » d’un « écrit outrageant ». Un « dossier disciplinaire est en cours d’instruction » à son encontre et il fait l’objet d’une « suspension administrative », a-t-elle confirmé.

Le chef d’escadron (commandant) Jean-Hugues Matelly, 44 ans, s’était exprimé publiquement en tant que chercheur du CNRS, fin 2008, pour critiquer le rapprochement police-gendarmerie au sein du ministère de l’Intérieur, effectif depuis le 1er janvier 2009.

Il a été radié des cadres le 25 mars par un décret du président de la République pour « manquement grave » à son obligation de réserve à laquelle sont strictement astreints les militaires.

Les gendarmes sont de statut militaire et les policiers des civils qui ont le droit de se syndiquer contrairement aux premiers.

L’Adefdromil ajoute, sur son site internet, qu’une vidéo en soutien à M. Matelly ayant circulé sur Youtube, dont elle publie les dialogues, est également dans le collimateur de la hiérarchie de la gendarmerie ce que celle-ci nie.

Il s’agit d’un pastiche du film « La Chute » qui raconte les derniers jours d’Adolf Hitler. Pour la DDGN, il « n’est pas établi » que ce soit l’œuvre d’un gendarme.’ Tiens donc! un gendarme ne pourrait-il pas être poète?

ci après le poème en question:

  • Il faisait beau alors, le jour où j’ai signé !
  • Je me souviens comme j’étais fier de m’engager,
  • D’être formé à ce métier par mes aînés…
  • Du bon droit je voulais être le soldat,
  • Dans le respect des traditions et des hommes.
  • Du citoyen, à tout faire je serai l’homme !
  • De ma personne alors, j’ai donné sans compter.
  • Ma famille dans cette voie s’est trouvée liée.
  • Mes devoirs étaient les siens sans qu’elle ait signé…
  • Nos Gradés, nos Officiers étaient nos modèles.
  • Ils savaient nous motiver et nous ordonner.
  • Alors nous étions soudés, unis et fidèles…
  • Nous savions des sacrifices la juste raison,
  • Et étions tous reconnus “Servants de la Nation !”
  • De la France, la plus noble et vieille Institution.
  • Un nouveau Roy fût nommé, et tout a changé.
  • Diviser pour mieux régner, tel était son but !
  • Il y parvint bien, précipitant la chute !
  • Pour ce faire, il choisit bien parmi les nôtres,
  • Ceux d’entre eux les plus vénaux, les moins fidèles,
  • Leur fit tant miroiter, qu’il furent ses “apôtres”.
  • Ces vendus et parjures aujourd’hui, ont ourdi
  • D’enterrer sans coup férir notre belle histoire…
  • De nous taire ils nous ordonnent, arguant : “Tout est dit !”
  • L’un des nôtres osa parler sans démériter,
  • se faisant ainsi le râle de notre douleur…
  • Il fût vite éliminé par ces fossoyeurs !
  • Aujourd’hui, Sainte Geneviève saigne et pleure,
  • Je sens bien ses larmes chaudes sous mon képi,
  • Comme si sur moi SARKOZY faisait son pipi…
  • Soldats nous sommes, et c’est debout que nous mourrons.
  • Et à l’instar de CAMBRONNE, “MERDE” nous dirons.
  • Nous briserons nos armes, mais nous taire “Pas question !”
  • Nous ne sommes que des hommes, soldats mais citoyens,
  • Et nos voix dans l’urne pèsent bien pour un scrutin…
  • Qu’on les entende ensuite, d’étonnant n’a rien.
  • Nous taire il ne faut point, surtout si c’est la fin !
  • Au pays des Droits de l’Homme, on dénie les miens.
  • Fidèle, loyal je suis, muet je ne suis point.
  • Même si tout est fini, que prévue est la fin,
  • Nous n’irons au sépulcre qu’après avoir tout dit.
  • Geneviève, Chère Patronne, Il pleut sous nos képis !

Adjudant A.

Dédié au Chef d’Escadron Jean-Hugues MATELLY

Michel Barrier

2 commentaires

Josiane Publié le21 h 13 min - 5 avril 2010

Aucun commentaire sur le style, mais la douleur est si nette que ce texte est émouvant.
Je me demande encore, comment, à notre époque, il est possible, si officiellement, de transformer des hommes pourtant garants de l’autorité en sous-citoyens, interdits des droits élémentaires à l’expression de leurs opinions. Et encore, ils peuvent maintenant voter !

majo Publié le10 h 18 min - 6 avril 2010

je pense à tous les hommes de ce monde qui se battent pour être libre et qui prennent encore la France comme symbole de la patrie des droits de l’homme !
il y a peu, j’étais au Sahara Occidental avec des militants des droits de l’homme réprimés chaque jour par le roi, mais celui du maroc ami de notre « petit roi »…. lequel inspire l’autre ?

majo