mise à jour permanente de ce dossier.

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Havre libre « Jérusalem syndrome »
Publié le mardi 04 mai 2010 à 07H12

Comment vit-on dans ces territoires qui devraient constituer le futur Etat palestinien ? Reportage. Aujourd’hui : crise d’identité à Jérusalem-est.

Photo La porte de Damas à Jérusalem

Au premier étage de l’immeuble, un peu en retrait du niveau de la rue, une grande terrasse ceinte d’un grillage de trois mètres de haut lui-même surmonté de plusieurs rangs de fil de fer barbelé. Derrière, dans la cage, quelques hommes s’affairent. Déployés sur le grillage, deux drapeaux israéliens défraîchis affichent leur dérisoire provocation : ceci est une colonie. En bas, dans la rue, la foule palestinienne s’affaire autour des échoppes.

Juché sur une caisse, un homme hurle en arabe dans le micro d’un mégaphone les vertus de ses épis de maïs issus de la culture biologique. Quelques religieux juifs, chapeau noir vissé sur le haut du crâne, se faufilent entre les badauds dans l’indifférence générale. Kais, un Palestinien de Jérusalem-Est, affirme que « les grillages qui entourent les colonies évitent que les colons jettent des pierres sur les passants… car eux sont protégés par la police, ils ne risquent rien ». Mais qui donc est prisonnier de qui ? La police israélienne est partout. Par deux, souvent jeunes, parfois homme et femme, en armes, qui tuent le temps aux intersections en contrôlant l’un ou l’autre, apparemment au hasard. Au bout de la rue, 100 mètres au-delà d’une jeune policière, on devine l’esplanade des mosquées. Mais on ne passe pas ! « Il n’y a qu’un seul accès autorisé aux Arabes », soupire Kais. Les autres rues convergeant vers l’Esplanade sont interdites aux Palestiniens. Pourtant, c’est bien le troisième lieu saint de l’islam qui est là, au bout de la rue.

En parlementant un peu, en assurant que l’on n’ira pas jusqu’à la mosquée, on parvient tout de même à franchir le barrage pour entrer dans le quartier africain. Une rue un peu défoncée comme beaucoup à Jérusalem-Est, des enfants à la peau un peu plus foncée que la moyenne jouent au ballon dans la poussière. « Ils ont un problème d’identité… Nous devons faire acquérir à nos enfants leur identité palestinienne, au-delà de leur couleur de peau, pour qu’ils défendent Jérusalem », explique Yasser Qos, responsable de l’African Community Society. L’association, qui reçoit des financements internationaux, s’occupe des enfants palestiniens d’origine africaine, souvent soudanaise ou tchadienne, organisant activités culturelles et sportives ainsi que des voyages d’échanges avec la ville de Bordeaux, un des principaux partenaires étrangers.

En fait, la question identitaire est la question centrale pour tous, ici à Jérusalem-est. Juifs comme musulmans ou chrétiens, arabes comme africains. « Nous ne sommes que tolérés », explique Sabri, né d’un couple mixte franco-palestinien. A la fin de ses études il s’est installé à Jérusalem, et a créé une entreprise à Ramallah. « Nous ne vivons pas vraiment en Palestine, nous ne sommes pas non plus des Arabes israéliens… Nous sommes apatrides. » Ces Palestiniens de Jérusalem n’ont pas de passeport. Ils détiennent un laisser-passer jordanien ne mentionnant pas de nationalité, et une carte de résident permanent de Jérusalem fournie par les autorités israéliennes. Carte que Sabri pourrait perdre, s’il était soupçonné de vivre ailleurs que dans la ville. Avec un risque ensuite que sa maison soit jugée inoccupée et attribuée à un colon juif. Qui élèverait un grillage, déploierait un ou deux drapeaux bleu et blanc… et renforcerait un peu plus l’emprise israélienne sur Jérusalem-Est. Ces derniers temps, des incidents ont éclaté dans le quartier de Sheik Jarrah où de nombreuses familles ont été expropriées. Mais il faut bien dire que l’appropriation des maisons palestiniennes par les colons n’est pas toujours forcée. Bien des habitants arabes de la ville se laissent tenter par les offres souvent bien alléchantes et vendent leur maison à un Israélien, avant de s’exiler, pour échapper aux représailles palestiniennes. Les prix de l’immobilier flambent à Jérusalem-Est, d’autant plus que les colons bénéficient pour s’installer d’aides substantielles de la part de l’Etat : « Ils sont en train de progresser maison après maison, pour s’emparer progressivement de la ville… Pour qu’à la fin il n’y ait plus rien à négocier à Jérusalem », explique un Palestinien. Et la création récente d’un espace commercial de luxe dans le « no man’s land », cette zone qui sépare les deux Jérusalem, Est et Ouest, n’est pas faite pour rassurer les Palestiniens. Toute initiative israélienne dans le secteur est vécue par eux comme une poursuite de l’annexion.

Et lorsqu’une ligne de tramway est tracée sur la rue qui sépare les deux parties de la ville pour desservir une colonie israélienne voisine de Jérusalem, on finit par oublier que des villages palestiniens vont aussi en profiter, pour ne retenir que l’évidence d’une agression.

Pour mettre sa maison à l’abri d’une éventuelle expropriation, il existe une solution : l’autorité islamique. Désignée par le gouvernement jordanien et l’autorité palestinienne, c’est elle qui administre les lieux de culte musulman de Jérusalem. En transférant la propriété des bâtiments à l’autorité religieuse, qui leur en laisse l’usufruit (Waqf), certains Palestiniens se garantissent contre l’expulsion. C’est ce qu’a fait Haifa Alkhalidi. Petite-fille d’un ancien maire de Jérusalem, descendante de dignitaires mamelouks, elle est à la tête d’une collection de centaines de manuscrits anciens dont certains datent de plusieurs siècles. Pendant des années, elle a dû se battre pour conserver la bibliothèque convoitée par son voisin, un rabbin installé dans la maison mitoyenne à la faveur d’une expropriation. « J’ai dû aller devant les tribunaux pour l’empêcher de percer des trous dans mon mur. Il m’a fallu cinq ans pour obtenir l’autorisation de faire des travaux dans ma propre maison… Mes clefs ont été confisquées par la police, et je n’ai pu les récupérer que grâce à deux universitaires israéliens qui soutenaient ma bibliothèque… » Alors, bien sûr, le manuscrit transmettant l’ordre de Napoléon pour la conquête de la Palestine reste stocké dans une boîte en carton, bien loin des conditions de conservation des musées. Mais Haifa a pour l’instant gagné son combat : la bibliothèque est toujours là, et continue à accueillir étudiants et chercheurs.

Ce n’est plus le cas du musée d’art islamique de l’Esplanade des Mosquées. Fermé il y a cinq ans par les autorités israéliennes. Pour raison de sécurité, parce qu’il domine le « Mur des Lamentations », haut lieu de culte juif. Et de tension : les Israéliens venus se recueillir ont eu parfois à subir des jets de pierres. On ne peut plus visiter non plus la mosquée elle-même lorsqu’on est non-musulman. Un illuminé de confession juive y avait été arrêté, il y a quelques années, avec une dizaine de kilos d’explosifs. L’enquête avait diagnostiqué un « Jérusalem syndrome » ce mal qui conduit parfois les pèlerins à se prendre pour le messie… Mais les musulmans sont bien convaincus qu’il n’y a pas de hasard. Surtout depuis que des fouilles archéologiques ont été effectuées il y a quelques années aux abords de la mosquée à la recherche de vestiges du « second temple » détruit en l’an 70 par les Romains et dont il ne reste que le « Mur des Lamentations ». « Je les ai entendus moi-même, affirme Kais, la nuit les bulldozers creusent des galeries sous l’Esplanade, pour qu’à la fin la mosquée s’écroule et qu’ils puissent construire un nouveau temple juif à la place… » Israël dément bien sûr, mais la méfiance réciproque sera bien difficile à surmonter.

Michel lepinay
Menace d’expulsion massive sur les Palestiniens

Un ordre de l’armée israélienne menace ?des dizaines ?de milliers d’habitants ?de Cisjordanie.

L’armée israélienne s’est-elle dotée d’un nouvel outil légal pour permettre l’expulsion de dizaines de milliers de Palestiniens résidant en Cisjordanie ? « Des dizaines de milliers de Palestiniens deviendront automatiquement des criminels devant être sévèrement punis devant la loi » si la nouvelle disposition adoptée par l’armée entrait comme prévu en vigueur mardi, résume la journaliste Hamira Hass dans l’édition d’hier du quotidien israélien Haaretz. Signé en octobre dernier par le commandant des forces de Cisjordanie, le général Gadi Shamni, cet ordre stipule que « toute personne qui est présente en Cisjordanie et qui ne détient pas un permis autorisé par la loi » sera considérée comme un espion. À ce titre, il pourra être expulsé dans les soixante-douze heures vers le pays ou la région d’où il est venu « illégalement », ou subir une peine qui pourra aller jusqu’à sept ans d’emprisonnement. La nouvelle règle autorise aussi les commandants de l’armée « à demander que l’infiltré paye sa détention, ses frais de garde et d’expulsion pour un montant pouvant aller jusqu’à 7 500 shekels (1 500 euros) ».

Premier visés par cette nouvelle disposition : tous les Palestiniens dont les papiers d’identité mentionnent une adresse dans la bande de Gaza, où qui en sont originaires. Ce sont ainsi des dizaines de milliers de personnes qui pourront être expulsées manu militari, à l’occasion d’une simple visite, que ce soit pour aller voir la famille, pour suivre des études ou dans le cadre d’un travail. Mais ils ne sont pas les seuls. Épouses étrangères, Palestiniens ayant perdu leur statut de résidence à la suite d’un voyage à l’étranger ou encore originaires de la bande de Gaza vivant en Cisjordanie en vertu de mesures de réunification familiale pourront aussi faire les frais de la nouvelle réglementation.

Alors que, par le passé, des cours civiles avaient pu s’opposer aux expulsions, l’ordre adopté en octobre dernier devrait mettre celles-ci « sous la seule juridiction des cours militaires israéliennes ». C’est encore « le commandant des forces israéliennes en Judée Samarie (terme israélien pour la Cisjordanie – NDLR) ou un de ses représentants » qui devra délivrer le permis évitant de tomber sous le coup de la nouvelle règle, sans qu’il soit précisé s’il s’agit d’un nouveau permis ou de celui actuellement en vigueur.

Interrogée par l’AFP, l’armée israélienne a confirmé son intention d’appliquer cette mesure, qui n’est que « la dernière d’une série adoptée par le gouvernement israélien depuis quelques années pour limiter la liberté de mouvement et de résidence qui avait été accordée par la carte d’identité palestinienne ». Alors que les autorités ont indiqué qu’il n’était pas question de renoncer à la colonisation, on peut penser qu’elle s’apparente à un nettoyage légal.

Camille Bauer
Point de vue ESTHER BENBASSA « L’éthique, c’est de changer Israël »

Esther Benbassa enseigne l’histoire du judaïsme à l’École pratique des hautes études. Un judaïsme qui est le sujet de ses publications, mais aussi son identité profonde. Assumée et tourmentée, comme en témoigne son dernier livre.

Nous avons rencontré Esther Benbassa dans son bureau de la Fondation Benveniste, qu’elle dirige au sein de l’École des hautes études. Un bureau à son image, chaleureux et accueillant, où elle a sacrifié à l’hospitalité orientale en nous proposant café et chocolats. Orientale, Esther Benbassa l’est jusqu’au bout des ongles. Née en 1950, à Istanbul, dans une famille de la grande bourgeoisie juive, elle y a vécu jusqu’à l’âge de quinze ans avant d’émigrer avec ses parents en Israël, où elle a fait ses études. Normal qu’elle ait l’accent chantant des gens du Sud : ses ancêtres furent chassés d’Espagne sous Isabelle la Catholique et son histoire, comme celle de tant de familles séfarades, fait, comme l’errance d’Ulysse, le tour de la Méditerranée. Avec un point d’ancrage qui lui tient à coeur : Israël, où elle a passé une partie de sa jeunesse et où vit sa « grande famille ». D’où ce livre, Être juif après Gaza (*), où elle dit le dilemme qui est le sien et qu’elle résume ainsi : « Je ne peux pas être juive sans Israël, ni avec Israël tel qu’il est. »

Le lien des juifs avec Israël, au centre de ce livre, et que vous questionnez, on le sent très fort. Il fait partie de vos racines ?

ESTHER BENBASSA. Je n’ai pas de racines. Pour moi, être juif, ce n’est pas une question de religion puisque je ne suis ni croyante ni pratiquante. C’est une façon de voir le monde, c’est une éthique, et lorsque cette éthique est remise en question, il ne me reste plus grand-chose… Mais peut-on cesser d’être juif ? Je ne le crois pas.

Comment expliquez-vous le soutien massif des juifs français — 95 %, selon le sondage cité dans votre livre — à l’offensive contre Gaza et, d’ailleurs, à tout ce que fait Israël ?

ESTHER BENBASSA. Les chiffres, qui sont ceux du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), sont très discutables, et je l’ai dit à son président. Mais il est vrai que le judaïsme français est très lié à Israël. Cela s’explique par le fait qu’il est très marqué par ce « judaïsme de famille », traditionaliste et pratiquant, qu’ont amené en France les juifs venus d’Afrique du Nord. La plupart ont émigré en Israël, où leur religiosité a contribué à la rejudaïsation de l’État d’Israël, comme je l’explique dans le livre : c’est le rôle dans lequel les ont enfermés les pionniers du mouvement sioniste, les Ashkénazes, qui, eux, n’étaient pas très religieux. Ceux qui sont restés en France ont aussi des liens très forts avec Israël, non seulement parce qu’ils y ont une partie de leur famille, mais aussi parce qu’ils sont plus religieux, et qu’en matière religieuse, Israël, Jérusalem, c’est une référence incontournable. Ils sont également plus conservateurs que les juifs américains, où le mouvement libéral est plus ancien et plus développé et où la référence à Israël occupe une place moins importante.

Le judaïsme américain est pourtant l’un des principaux appuis d’Israël…

ESTHER BENBASSA. Vous avez raison, mais c’est en train de changer. Les sondages réalisés ces dernières années le montrent. En 2007, plus de la moitié des juifs américains – non orthodoxes, bien sûr –, de moins de trente-cinq ans, disaient même que la disparition d’Israël ne serait pas une catastrophe pour eux (page 22), ce qui est inimaginable en France. Je crois qu’après Gaza, il y a eu un questionnement plus grand encore chez les juifs américains, surtout chez les jeunes. Et comme ce qui se passe en Amérique arrive aussi chez nous, je crois que le soutien massif des juifs français à Israël et à chaque guerre s’amenuisera avec le temps. À un moment donné, si Israël continue à se comporter de cette façon, il y aura une distanciation de la diaspora. En même temps, je crains qu’il n’y ait une confusion de plus en plus grande entre les juifs et Israël, et que le rejet de l’attitude d’Israël n’entraîne un rejet des juifs. Ce n’est pas de la prophétie, c’est une peur réaliste…

N’y a-t-il pas une prise de conscience de tout cela en Israël même ?

ESTHER BENBASSA. Je vais vous dire : je suis arrivée en Israël le 24 décembre 2008 et j’y étais au début de la guerre contre Gaza. En regardant la télévision, on avait l’impression qu’il n’y avait pas de guerre. Elle était invisible. Elle ne dérangeait pas le quotidien des gens. En revanche, il y avait d’immenses affiches partout pour les élections. Je crois que c’était une guerre électorale. Aujourd’hui, avec le rejet du rapport Goldstone, on constate qu’il y a en Israël une sorte d’autisme. Les gens se renferment dans une bulle, comme s’ils voulaient se protéger d’un monde extérieur qui voudrait du mal à Israël. Comme si Israël était assiégé. Mais c’est faux, Israël n’est pas assiégé. Israël a l’armée la plus puissante du Moyen-Orient. Israël est soutenu par les plus grandes puissances, les États- Unis et l’Europe. Israël n’est pas en danger. Mais le réel et l’imaginaire sont deux choses différentes, et depuis que la droite est au pouvoir, elle gouverne en reprenant l’idée de l’impossibilité de rendre des territoires aux Palestiniens, sous prétexte que cela mettrait Israël en péril : « Revenir aux frontières de 1967, c’est revenir à Auschwitz », disait déjà Abba Eban, ancien ministre des Affaires étrangères de l’État d’Israël.

N’y a-t-il pas une instrumentalisation politique de cette mémoire ?

ESTHER BENBASSA. C’est évident. Quand Ben Gourion a voulu que le procès d’Eichmann se passe en Israël, en 1961, c’était pour faire d’Israël la patrie de tous les juifs du monde. Mais c’est en 1977, quand la droite est arrivée au pouvoir, qu’Auschwitz est devenu le centre de l’idéologie droitière. Doucement, les témoins sont revenus au centre. L’image des fondateurs de l’État, ces combattants grands, forts et blonds, face à celle des juifs qui s’étaient « laissés mener à l’abattoir », s’est renversée. C’est très clair quand on regarde les monuments en Israël. Jusqu’aux années 1970, on est dans l’héroïsme, les monuments les plus importants sont ceux des héros de la guerre d’indépendance. Par la suite, les cimetières seront bordés de grands monuments aux morts de l’Holocauste. Ils deviennent de plus en plus énormes, on en trouve dans toutes les allées des cimetières, avec les noms de tel et tel village de Pologne. Le génocide est là, présent, visible, assigné dans le marbre. À partir de là, les Israéliens vont redevenir juifs à travers la mémoire du génocide. Et, bien sûr, cela va influer sur la diaspora. C’est le retour du refoulé.

Comment sortir de cela ?

ESTHER BENBASSA. Un jour, les survivants ne seront plus là, et on pourra faire le deuil de la Shoah. Cela donnera l’occasion aux juifs, en Israël comme dans la diaspora, de se positionner plus rationnellement. Cela ne veut pas dire que j’appelle à l’oubli total. Mais il y a un oubli raisonnable, qui garde le souvenir, le tracé de l’histoire, sans être sous l’influence permanente de la peur de la catastrophe. Cela permettra de voir les autres, ceux qui sont en face, non pas comme un danger, mais comme les futurs voisins.

Vous dites : « Je ne peux pas être juive sans Israël. Israël fait partie de la religion que je n’ai pas. » N’est-ce pas contradictoire avec votre distance critique ?

ESTHER BENBASSA. Je ne pense pas. Je crois vraiment que les juifs restent juifs parce qu’il y a Israël. S’il n’y avait pas eu Israël, il y aurait eu une grande assimilation des juifs après la guerre. Mais si Israël ne fait pas attention, on pourra être juifs sans Israël. C’est ce que montre l’évolution du judaïsme américain. Les chiffres que je donne sont parlants : ils disent qu’on peut être juif sans Israël. C’est possible en Amérique, où le judaïsme est riche, avec une forte appartenance communautaire. En Europe, pas encore. Mais depuis Gaza, un tabou a sauté. Le tabou de l’Holocauste a sauté. Après que les gens ont vu ces images de Gaza à la télévision, quelque chose a changé dans la façon de regarder Israël. Même chez les juifs.

Le Crif dit tout le contraire…

ESTHER BENBASSA. Oui, mais je ne crois pas un instant aux chiffres qu’il avance. En plus, c’est très mauvais car cela entretient l’amalgame « Israélien égale juif », et cela contribue à l’antisémitisme. J’ai mon baromètre à moi, qui vaut ce qu’il vaut : les messages d’insultes que je reçois de certains milieux juifs quand j’écris un livre ou un article critique. D’habitude, ils se chiffrent à des centaines. Cette fois, j’en ai peut-être reçu cinq. Cela montre qu’il y a un questionnement. Quelque chose a bougé, malgré les postures figées et l’autodéfense. Il me semble qu’avec ce livre, j’ai donné une voix aux silencieux, à ceux qui se posent des questions et qui n’osent pas encore le dire. Les juifs n’ont pas tellement envie d’assumer les erreurs d’Israël. Je ne crois pas qu’ils continueront longtemps à soutenir un État qui a été, à leurs yeux, une éthique et qui ne l’est plus. Je crois vraiment que la diaspora doit imposer à Israël une éthique pour éviter le décrochage dont je parlais tout à l’heure.

Au fond, pour vous, le judaïsme, c’est une éthique ?

ESTHER BENBASSA. Exactement. C’est ce qu’il a symbolisé depuis le XIXe siècle. Il y a toujours eu chez les juifs, tout juste sortis des ghettos, une sensibilité à l’autre. C’est pourquoi on trouve beaucoup de révolutionnaires juifs, mais aussi les premiers grands anthropologues, avec une sensibilité aiguë à l’égard des minorités. Le premier opéra mettant en scène des Noirs, aux États-Unis, Porgy and Bess, est l’oeuvre d’un juif, George Gershwin, et cela dès 1935 ! En France, en mai 1968, les jeunes juifs, de Geismar à Cohn-Bendit, se battaient au premier rang. Malheureusement, aujourd’hui, ils sont devenus comme les autres. La plupart des intellectuels juifs ont trahi cette éthique, et je pense qu’Israël joue un rôle dans cette trahison des clercs. Pour moi, Israël fait partie de mon identité, mais pas Israël tel qu’il est. Israël aurait dû être différent. Vouloir le changer, c’est rester dans l’éthique.

Le vice-président américain Biden dénonce le projet de construction de logements pour les Juifs en Cisjordanie.

Pour la seconde fois en moins de 24 heures, le vice-président américain Joe Biden a condamné, hier, la décision du gouvernement israélien de construire 1 600 logements pour les Juifs dans un secteur de Cisjordanie annexé par l’Etat juif à Jérusalem.

Cueilli à froid, mardi soir, par l’annonce du ministère de l’Intérieur israélien alors qu’il se trouvait à Jérusalem pour tenter de donner une impulsion décisive au processus de paix, Joe Biden l’avait sur-le-champ condamnée par communiqué. Il a dénoncé le moment et la nature d’une « mesure qui sape la confiance dont nous avons besoin à ce moment précis ».

L’entourage du Premier ministre israélien, Netanyahu, s’est efforcé, hier, de convaincre Biden que le Premier ministre avait lui-même été pris de court par le communiqué du ministère de l’Intérieur : « Nous avons été sincèrement surpris, aussi surpris que les Américains ».

Après sa rencontre, mercredi, à Ramallah, avec le président de l’Autorité autonome palestinienne, Mahmoud Abbas, Joe Biden a martelé qu’« il revient aux deux parties d’établir un climat favorable aux négociations et non de les compliquer ».« Une grave bourde »Abbas a demandé à Israël de renoncer à son initiative. Mais il n’a pas laissé entendre que, dans le cas contraire, les pourparlers indirects avec Israël, que Washington s’efforce d’organiser prochainement sous son égide pour mettre fin à l’impasse du processus de paix, seraient menacés.

L’émissaire américain George Mitchell reviendra la semaine prochaine, sans avoir encore pu obtenir des deux parties un accord sur le « format » ou le lieu des futurs pourparlers. Quant à leur ordre du jour, les Palestiniens veulent qu’il porte avant tout sur la question des frontières de la future Palestine, ce que refuse Israël.

Joe Biden a déclaré à Ramallah que les Etats-Unis tiendraient chacune des deux parties pour responsable des déclarations et agissements qui « attisent les tensions ou préjugent de l’issue de ces négociations, comme cette décision (israélienne) le fait ». Pour le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, cette action a « définitivement sapé la confiance dans les perspectives de paix ».

Si Benjamin Netanyahu n’a pas désavoué la décision de son ministre de l’Intérieur, un autre ministre, Isaac Herzog, a formulé hier matin des excuses : « Cela n’aurait pas dû se produire durant une visite du vice-président américain. Cela constitue un réel embarras et nous devons maintenant présenter nos excuses pour cette grave bourde. »

Lettre ouverte au premier ministre

Par l’Association france Palestine Solidarité (*)

Comment faire respecter la loi et suspendre l’accord entre l’Union Européenne et Israël ?

La Cour européenne de justice vient de condamner, par un arrêté du 25 février 2010, les importations des produits de toutes les colonies israéliennes qui se prévalent indûment de l’accord d’association Union européenne-Israël, en vigueur depuis l’an 2000. Elle rappelle que toutes les colonies sont illégales en ce qu’elles font partie non pas d’Israël mais de la Cisjordanie.

Cet arrêté majeur engage votre gouvernement. Il vous engage également pour son application sur le territoire français, chose à laquelle vous vous refusez malgré nos initiatives multiples, par exemple celle contre l’implantation d’Agrexco à Sète, mais aussi toutes les démarches que nous avons effectuées auprès des ministres en charge ou bien encore auprès des importateurs et distributeurs de ces produits frauduleux.

Or, non seulement vous n’appliquez pas le droit, mais vous calomniez ceux qui le défendent. Vous avez osé, devant le Crif, mettre un signe d’égalité entre les produits israéliens et les produits casher. Votre ministre de la Justice allant même jusqu’à envoyer une circulaire aux parquets pour, en s’appuyant sur une loi datant de 1881, leur demander de poursuivre ceux qui, à la différence de votre gouvernement, s’opposent à l’introduction hors la loi des produits des colonies.

Vous trouvez que cette action est « scandaleuse ». Ce qui est triplement scandaleux, en vérité, ce sont vos propos et votre positionnement. Il est scandaleux et diffamatoire de laisser planer le soupçon « d’antisémitisme » sur ceux qui s’opposent à la politique israélienne et non pas aux produits casher qui n’ont strictement rien à faire dans ce débat, et vous le savez parfaitement. Ce qui est scandaleux c’est de dénigrer et de chercher à faire condamner, y compris en ayant recours à la justice qui est rendue au « nom du peuple français », ceux qui agissent conformément au droit pour les assimiler odieusement à des « incitateurs à la haine raciale ». Ce qui est scandaleux, enfin, c’est de ne rien faire pour mettre un terme à l’impunité des dirigeants israéliens qui tirent profit de votre posture, dont l’ambassadeur d’Israël en France a pu dire qu’il en était le maître d’œuvre, pour tourner le dos à la paix et à l’application du droit international.

C’est pourquoi, Monsieur le premier ministre, vous nous trouvez plus que jamais déterminés à exiger de vous l’application du droit. Nous vous demandons que soient condamnés ceux qui doivent l’être puisqu’ils bafouent la loi qui vient d’être rappelée par la Cour européenne de justice. Nous exigeons de vous qu’il soit fermement rappelé à l’ambassadeur d’Israël en France qu’il n’interfère en aucun cas dans nos affaires intérieures. Et nous vous demandons expressément d’agir pour la suspension de l’accord d’association UE-Israël qui ne vaut que si les droits de l’homme sont respectés par Israël (article 2). Il est « fondé » sur cette clause essentielle. Elle n’est pas respectée, loin s’en faut. Nous continuons donc, en l’amplifiant, la campagne BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) jusqu’à ce qu’Israël applique le droit international.

Vous êtes du côté des tenants de la loi du plus fort. Nous sommes du côté du droit et de la justice.

affrontements Havre libre Des affrontements ont opposé des lanceurs de pierre aux policiers. La tournée de Mitchell est en suspens.

Une quarantaine de Palestiniens ont été blessés à Jérusalem-Est hier, décrété « jour de colère » par le Hamas à la suite de la réouverture la veille, dans la vieille ville occupée depuis 1967, d’une synagogue détruite durant le conflit de 1948.

Les affrontements ont opposé en divers points des dizaines de lanceurs de pierres aux policiers, qui ont riposté à coups de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Quinze policiers ont été blessés et il y a eu une soixantaine d’interpellations.

Cet accès de tension complique encore les efforts des Etats-Unis pour raviver un processus de paix en panne depuis quinze mois, mis à rude épreuve par la décision israélienne de construire 1 600 nouveaux logements pour les Juifs en Cisjordanie.

L’émissaire du président Obama au Proche-Orient, George Mitchell, a différé son retour prévu dans la région hier à la suite de propos du Premier ministre israélien, qui a déclaré lundi qu’il n’avait pas l’intention de freiner la colonisation de Jérusalem.

La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, qui a jugé l’attitude israélienne « insultante », a sommé l’Etat juif de faire preuve de son sérieux quant à son désir de paix avec les Palestiniens et dit attendre toujours sa réponse. Hier, elle a toutefois tenu à réaffirmer le lien « étroit et inébranlable » entre Israël et les Etats-Unis.

« C’est une situation explosive. La politique de Netanyahu revient à jeter de l’huile sur le feu », a estimé pour sa part le négociateur palestinien Saëb Erekat.

La ville de Jérusalem est toujours au cœur du conflit. Israël a décrété que la ville réunifiée serait à jamais sa capitale indivisible, alors que les Palestiniens veulent faire de sa partie orientale la capitale de leur futur Etat indépendant.(Havre Libre 17 mars 2010)

le 15 mars 2010 La colonisation se poursuit à Jérusalem

Israël sape les discussions avec les Palestiniens. L’UE critique mais n’agit pas.

Pour Israël, il semblerait que l’incident soit clos. Benyamin Netanyahou a fait ses excuses à Joe Biden pour l’annonce inappropriée de construction de nouveaux logements dans la partie occupée de Jérusalem. Pour faire bonne mesure, le premier ministre israélien a également appelé deux soutiens de poids : Angela Merkel pour l’Allemagne et Silvio Berlusconi pour l’Italie. Et le tour est joué. Certes, l’orgueil américain en a pris un coup, mais entre demander l’arrêt de la colonisation des territoires palestiniens et prendre les mesures politiques et économiques pour l’obtenir, il y a un gouffre que ni les États-Unis ni l’Union européenne, pour l’heure, ne semblent prêts à franchir. Des raisons qui tiennent autant à l’histoire de l’Europe qu’à la posture d’Israël au Moyen-Orient, une espèce de force avancée occidentale dans la région. D’où cette opiniâtreté à présenter l’Iran comme l’Ennemi, avec un grand « e », que Tel-Aviv serait prêt à combattre pour le bien de l’humanité. La même Angela Merkel a déclaré qu’il « devrait y avoir des sanctions contre l’Iran », mais l’idée ne l’effleure même pas s’agissant d’Israël. Pas étonnant, dans ces conditions, que Netanyahou ait affirmé hier, devant le groupe parlementaire de son parti, le Likoud (droite), que « la construction continuera à Jérusalem, comme cela a été le cas pendant ces quarante-deux dernières années », donc y compris dans le secteur oriental, occupé depuis 1967 et annexé, à majorité palestinienne. La décision d’Israël de construire de nouvelles colonies à Jérusalem-Est « met en danger et sape l’accord de principe en vue d’entamer des pourparlers indirects » entre Israéliens et Palestiniens, a fait savoir, depuis Le Caire, le chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. Mais sans pressions sur Tel-Aviv, ces déclarations risquent fort de rester lettre morte. La reconnaissance immédiate de l’État palestinien dans les frontières de 1967 en serait un des moyens.

Pierre Barbancey

OLP. « Il faut reconnaître dès à présent l’État palestinien »

Hanna Amireh, membre du comité exécutif de l’OLP, explique pourquoi la gauche palestinienne refuse les discussions indirectes dans les conditions imposées aujourd’hui par les dirigeants israéliens. Lors de la dernière réunion du comité exécutif de l’OLP, la gauche palestinienne s’est démarquée de la majorité en refusant ?la reprise du dialogue indirect avec les Israéliens. Pourquoi ?

Hanna Amireh. Le comité exécutif a pris la décision d’accepter les discussions indirectes avec Israël. Notre parti, le Parti du peuple palestinien (PPP, communiste), le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et le Front de libération de la Palestine (FLP) étaient contre. D’autres étaient vraiment sceptiques. Donc, effectivement, cela n’a pas été une décision unanime de la part du comité exécutif de l’OLP. D’abord, nous ne pensons pas que ces discussions puissent amener un quelconque résultat. Deuxièmement, nous avons déjà tenté des discussions bilatérales entre les Palestiniens et les Israéliens. Or, il faut se rendre à l’évidence, elles n’ont mené nulle part. Il faut donc réfléchir à une alternative. Principalement pour porter les problèmes des Palestiniens au niveau de la communauté internationale, des Nations unies. Pour essayer d’avoir une reconnaissance internationale des frontières de juin 1967, dans lesquelles nous bâtirions l’État palestinien. Nous ne pensons pas que les Israéliens soient prêts à lâcher quoi que ce soit dans le cadre de relations bilatérales.

Après l’annonce de la création de nouveaux logements de colons à Jérusalem-Est et la tension qui s’en est suivie avec les États-Unis, Mahmoud Abbas n’a-t-il pas lui aussi expliqué qu’il n’était pas question de reprendre les discussions ?

Hanna Amireh. Les Américains poussent pour qu’il y ait des discussions indirectes. Ils pensent que ce type de discussions aboutira automatiquement à des discussions directes. Pourtant, lorsque Joe Biden était ici, les Israéliens n’ont pas hésité à annoncer la construction de 1 600 logements de colons à Jérusalem-Est. Malgré cela, les Américains continuent sur cette même lancée. De notre côté, une nouvelle décision a été prise. La direction palestinienne a décidé de suspendre toute idée de discussion indirecte avec Israël. Nous attendons la réunion du quartette (États-Unis, Russie, Union européenne et ONU – NDLR) qui doit se réunir à Moscou le 18 mars.

Quelle va être l’attitude de la gauche palestinienne au sein de l’OLP ?

Hanna Amireh. Nous sommes convaincus que cette voie, celle de discussions indirectes avec Israël, n’aboutira à aucun résultat. Nous continuons à penser que toute solution sérieuse passe par la négociation. Mais nous ne pensons pas que des négociations sans références, c’est-à-dire les résolutions internationales, sans gel total de la colonisation, amènent des résultats. Tant que les Israéliens n’arriveront pas à cette conclusion, aucune négociation bilatérale ne pourra aboutir à une solution sérieuse. C’est pour cela que nous en appelons à la communauté internationale, que nous voulons qu’elle prenne vraiment en charge le dossier, pour imposer une solution à Israël. Pour cela, il faut une reconnaissance de l’État palestinien dans les frontières de 1967 maintenant et, au niveau économique, arrêter les cadeaux faits à Israël. Entretien réalisé par Pierre Barbancey

L’armée tire en ciSjordanie

Sept étudiants palestiniens ont été blessés, hier, en Cisjordanie occupée lors d’affrontements avec des soldats israéliens près du point de contrôle d’Atara, proche de l’université de Bir Zeit. ?Trois étudiants, dont une femme, ont été blessés par des tirs à balles réelles, et quatre par des balles en caoutchouc. Hier toujours, l’armée a décrété « zone militaire fermée », chaque vendredi l’espace entre les villages cisjordaniens de Biline et Niline, et le mur dit de sécurité. Les deux villages, dont les terres ont été amputées par la construction de l’ouvrage, sont devenus le symbole de la résistance à l’occupation. « La décision israélienne n’empêchera pas les gens d’aller sur leurs terres », a déclaré le maire de Niline, Aymane Nafié.

Ilan Halévi

le 16 12 2010 Photo l’humanité

Ilan HALEVI, d’origine juive est devenu l’un des principaux dirigeants de l’Organisationde Libération de la Palestine.

Ilan Halevi « Il faut un arrêt total de la colonisation »

Ancien vice-ministre des Affaires étrangères, Ilan Halevi est conseiller diplomatique auprès ?de la délégation générale de Palestine ?en Allemagne.

Le processus de paix est bloqué. Même si Israël parle d’un moratoire, il poursuit sa politique de colonisation. La partie palestinienne dit que, dans ces conditions, le dialogue ne peut reprendre.

Qu’est-ce qui peut permettre ?la remise sur les rails du processus de paix ?

Ilan Halevi. Je crois que tant qu’Israël n’arrêtera pas la colonisation totalement. Tant que l’administration américaine ne trouve pas les moyens de réussir là où elle a échoué jusqu’à maintenant, c’est-à-dire échoué à imposer le gel des colonisations, il n’y a pas de perspectives de négociation possibles. Elles seraient désavouées par l’opinion publique palestinienne, ce qui signifierait pour les négociateurs palestiniens une perte de mandat et de légitimité inconcevable. Mais aussi parce que c’est vraiment condamner les négociations à l’échec. La colonisation, son intensification, est la preuve évidente que le gouvernement israélien ne recherche pas une paix basée sur la solution à deux États puisque chaque acte de colonisation rend cette solution plus difficile. Il est donc impossible de s’approcher d’une solution si, concrètement, sur le terrain, on ne fait que s’en éloigner et la rendre plus difficile. L’Autorité palestinienne et les négociateurs de l’OLP vont être fermes sur cette question-là, en dépit de la reculade de l’administration américaine qui affaiblit cette position. Il faut amener l’administration américaine, et là le rôle de l’Europe est important, à réaffirmer que la colonisation est illégale, injustifiée et un obstacle à la paix, même si elle a cessé d’en faire une condition. Problème : cette administration ne pense pas jouir de la marge de manœuvre nécessaire pour transformer ses positions en actions. Ils ne sont même pas arrivés à faire ce que Bush père avait fait en 1991-1992 quand il avait refusé à Israël 10 milliards de dollars de garanties bancaires pour protester, précisément, contre la politique de colonisation d’Israël. L’Autorité palestinienne, l’OLP, le mouvement palestinien dans son ensemble et la majorité des Palestiniens ont mis beaucoup d’espoirs dans la position américaine parce qu’Obama a dit que l’arrêt de la colonisation et la création d’un État palestinien sont des impératifs de la sécurité nationale américaine. Ce ne sont pas des faveurs que les États-Unis veulent faire aux Arabes ou aux Palestiniens. La crise actuelle du processus de négociation est engendrée par l’absence de capacité de l’administration américaine à défendre sa propre position. On peut dire la même chose sur les Européens. Au début de la confrontation avec le gouvernement Netanyahou, l’administration américaine avait déjà dit : « Si vous ne voulez pas discuter des colonies, alors discutons des frontières. Parce qu’une fois qu’on aura défini de façon définitive les frontières de l’État palestinien, vous saurez exactement où vous pouvez construire et où vous ne pouvez pas. » Il y a une certaine logique dans la démarche américaine, même dans la reculade. Mais cette question de la colonisation reste un écueil pour avancer.

Comment arriver à débloquer ?la situation en sachant que d’habitude la pression est beaucoup plus forte sur la partie palestinienne, qui souvent cède. Or il semble que cette fois les Palestiniens sont prêts à tenir bon ?

Ilan Halevi. Sur la question de la colonisation, je crois que la partie palestinienne va tenir bon parce que l’opinion publique palestinienne est intransigeante à cet égard et n’acceptera pas une reculade de la direction de l’Autorité. Je crois que ce qui s’est passé avec le rapport Goldstone est très exemplaire et doit servir d’illustration à la façon dont les choses se passent réellement. Face à la certitude d’un veto des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU devant toute tentative de transformer le rapport Goldstone en action juridique internationale, le président Abbas avait cru qu’il serait de bonne tactique de reporter le débat de façon à matérialiser, sinon un consensus en faveur du rapport, au moins une division visible au sein du Conseil de sécurité. La réaction populaire palestinienne unanime, y compris au sein des directions locale et globale du Fatah, a été d’une telle virulence que le président a révisé sa décision et a repoussé, représenté la résolution pour un débat international dans les 48 heures. Or cet alignement du pouvoir sur l’opinion populaire est remarquable. D’abord, c’est un tribut à la vie démocratique palestinienne. Cela montre le poids de l’opinion publique et de la société civile palestiniennes dans une situation où les institutions sont si faibles. Pour l’ensemble de ces raisons, il est impossible d’envisager qu’à court terme on puisse reprendre les négociations sans une victoire réelle sur le terrain de l’arrêt de la colonisation.

Qu’est-ce qui pourra faire céder Israël ?

Ilan Halevi. Il y a un ensemble de facteurs. Le premier serait bien évidemment une décision de l’administration américaine. Si elle prend une décision ferme et si le gouvernement américain et le président se sentent prêts à affronter la coalition des lobbies de guerre aux États-Unis. Il y a une alliance assez considérable entre les néoconservateurs, la droite du Parti républicain, les sionistes, les fondamentalistes protestants, le complexe militaro-industriel (les grands marchands d’armes, Bechtel, Halliburton, Blackwater…) qui encercle le président Obama, littéralement. S’il réussit malgré tout à avancer, il y a un espoir de ce côté-là. S’il est contraint de capituler ou de faire profil bas face à ces forces, on est très mal parti parce que cela signifie que, en dépit des proclamations de changement et d’un discours du Caire qui semble condamner à mort le discours islamophobe qui s’était transformé en doctrine d’État depuis dix ans, cela restera lettre morte. Il n’y aura pas de déblocage au Moyen-Orient. Il faut une volonté politique très, très forte pour le faire. Les Européens ont des moyens. L’Europe est même, dans une certaine mesure, le seul acteur suffisamment démarqué pour avoir une marge de manœuvre. C’est pourquoi il est un peu frustrant de voir à quel point ils ne s’en servent pas. Ils ont cette possibilité à cause de leur relation privilégiée avec Israël, à cause de leurs relations commerciales, mais aussi parce que c’est leur intérêt. Tant qu’il y aura la misère et la guerre de l’autre côté de la Méditerranée, il n’y aura aucune prospérité, aucune stabilité sur la rive nord de la Méditerranée. Et toutes les murailles de Chine administratives qu’ils construiront ne les protégeront pas des flux migratoires fuyant la pauvreté, la misère et la guerre. Les Européens ont donc un intérêt propre, réel et profond à la solution de cette question. Ils le savent mais ils n’agissent pas en conséquence. Leur double pusillanimité, à l’égard de la politique israélienne d’une part et à l’égard de la puissance américaine de l’autre, les inhibe dans une action dont ils ont besoin pour leur intérêt propre. On pouvait donc espérer qu’à la faveur de l’infléchissement du discours américain, les Européens embraient. On n’en voit pas vraiment la concrétisation. D’abord parce qu’il y a en Europe des voix divergentes. Il y en a qui renâclent, qui n’ont pas encore pris le tournant « obamien ». Ils sont encore dans la soumission au discours de Bush, le discours de la guerre globale. Depuis que l’islamophobie a cessé d’être doctrine d’État aux États-Unis, elle continue de l’être dans plusieurs États européens pour des raisons locales, politiques et autres. Si l’Europe avait le courage de dire clairement : « Nous traiterons avec tout gouvernement palestinien d’union nationale qui réunira les deux parties du territoire palestinien sous la juridiction de l’Autorité », c’est-à-dire de considérer que le partage du pouvoir avec le Hamas est une question démocratique, interne palestinienne, et donc qu’ils n’interviennent pas, alors la pression populaire palestinienne sur le Hamas serait énorme. Et le Hamas n’est pas plus indemne de la pression populaire que la direction du Fatah ou de l’Autorité.

Justement, la division géographique et politique du mouvement palestinien est grave. Où en sont ?les négociations entre le Hamas ?et le Fatah ?

Ilan Halevi. L’opinion populaire palestinienne, dans sa majorité, renvoie le Hamas et le Fatah dos à dos en les rendant également responsables de la division. Elle réclame pourtant l’unité entre les deux. C’est cette pression de l’opinion populaire qui fait que les deux directions se sont formellement et verbalement engagées à la réconciliation et au partage du pouvoir. À contre-courant d’une partie importante de leurs appareils respectifs, en particulier les appareils de sécurité des deux camps qui, eux, sont encore dans une logique de vendetta. L’opinion populaire désavouera quiconque apparaît clairement comme un obstacle à l’unité. Mais, dans la situation actuelle, le Hamas est face au dilemme suivant : soit conserver le monopole absolu du pouvoir sur la bande de Gaza, soit le partager sur l’ensemble du territoire. Cette dernière éventualité signifie passer par un processus de réconciliation et d’union nationale et des élections à court terme. Tous les sondages donnent le Hamas perdant aux élections prochaines. Pour le Hamas, l’alternative n’est donc pas seulement tout le pouvoir à Gaza ou le partage sur l’ensemble du territoire, mais tout le pouvoir à Gaza ou le partage du pouvoir dans une configuration où ils sont le partenaire mineur. Donc, pour le moment il n’en veut pas. Ce qui est désastreux pour l’avenir du peuple palestinien parce que ça approfondit la césure politique et géographique entre Gaza et la Cisjordanie et maintient le territoire dans un état de blocus et donc pratiquement de famine. Or, à chaque fois qu’on a eu un gouvernement d’union nationale, la communauté internationale l’a boycotté. Il n’y a aucun stimulant pour le Hamas d’aller à l’unité puisque de toute façon ça ne résoudra rien. Si la population palestinienne voyait que l’unité, le partage du pouvoir seraient immédiatement récompensés par la reprise de l’aide économique à Gaza dans des proportions qui vont changer la vie, ça constituerait une pression considérable. Là encore, l’Europe peut jouer un rôle politique dans le dénouement de la crise interpalestinienne.

Les opinions publiques européennes ont-elles un rôle à jouer ?

Ilan Halevi. Il y a un ras-le-bol des pratiques israéliennes. Comme me le disait il y a quelques mois un parlementaire allemand : « Même les gens qui, comme nous, ont cherché des excuses pour Israël n’en trouvent plus. » Il y a un point de saturation avec l’arrogance israélienne qui a été dépassé. Il y a une mutation profonde du regard. Il en est des perceptions comme du discours. Ça ne se transforme pas immédiatement en actes politiques. Mais ce serait une erreur de ne pas prendre en considération l’accumulation souterraine de ces perceptions qui, à un moment donné, vont faire sauter un barrage et vont se transformer en opposition. Sur ce terrain, les opinions populaires en Europe vont beaucoup peser sur le monde politique et médiatique. Il s’instaure un écart grandissant entre la servilité et la frilosité du monde politique à l’égard de la politique israélienne et la saturation de l’opinion populaire avec les pratiques d’Israël. Ce genre d’hiatus est très dangereux pour les sociétés européennes elles-mêmes : c’est quand s’installe le vide entre le discours desdites élites et le pouls de la rue que le fascisme a un espace où grandir.

Entretien réalisé par Pierre Barbancey

Huma du 10 03 2010

Tel-Aviv veut l’aide nucléaire de Paris

Les autorités israéliennes entendent construire une centrale nucléaire et recherchent un appui technique de la France. Problème, elles possèdent la bombe atomique et sont opposées à un Moyen-Orient dénucléarisé. Lors de la conférence internationale qui s’est ouverte lundi à Paris, consacrée au nucléaire civil et placée sous l’égide de l’OCDE et de l’AIEA, Israël a déclaré souhaiter construire une centrale nucléaire avec l’aide de la France. Conscient du tollé que pouvait provoquer une telle proposition, Uzi Landau, ministre des Infrastructures, a précisé que son pays, qui a « l’infrastructure technique, le savoir-faire et aussi la motivation de s’engager dans un tel effort », souhaitait le faire « en collaboration avec les scientifiques et les ingénieurs de nos voisins arabes. Nous espérons le faire dans la région et nous devons le faire pour la région ». En réalité, en guise de voisins arabes, seule la Jordanie – pays qui a signé un accord de paix avec Israël – est concernée. « Le nucléaire peut être un secteur de coopération régionale dans le but de promouvoir la paix » (sic), a expliqué Uzi Landau.

Israël possèderait quelque 200 ogives

Si nul ne saurait contester à Israël le droit de produire de l’énergie nucléaire dans un cadre civil, le dossier prend une autre tournure. Car Israël n’est pas signataire du traité de non-prolifération nucléaire et est opposé à un Moyen-Orient dénucléarisé. Tel-Aviv n’a jamais reconnu disposer d’un arsenal nucléaire, mais il est de notoriété publique qu’il posséderait quelque 200 ogives nucléaires ainsi que des missiles à longue portée. Une arme obtenue déjà avec l’aide de la France qui, en 1956, a accepté de fournir à Tel-Aviv un réacteur nucléaire de 18 mégawatts. Plus, Paris avait envoyé ses propres techniciens dans le désert du Néguev, à Dimona, pour construire secrètement un réacteur de 24 mégawatts, photographié peu après par un avion-espion américain. De Gaulle avait demandé alors à Ben Gourion de rendre public le projet de Dimona. Le premier ministre israélien le fera, tout en garantissant que celui-ci sera utilisé à des fins exclusivement pacifiques ! Pour avoir dénoncé la supercherie, Mordechai Vanunu, technicien nucléaire israélien, sera, on le sait, emprisonné pendant dix-huit ans…

Une suspicion à géométrie variable

« Naturellement, toute centrale nucléaire qui serait construite en Israël sera soumise aux garde-fous internationaux », a assuré le ministre israélien. Pourtant, c’est au nom de cette même suspicion qu’Israël s’agite partout dans le monde pour s’opposer à l’Iran. Téhéran parle d’énergie nucléaire civile ? Les Iraniens veulent fabriquer la bombe atomique, rétorque Israël, qui, visiblement, ne fait pas confiance aux « garde-fous internationaux » et s’apprête même à bombarder l’Iran. Les soucis énergétiques d’Israël ne manquent pas de piquant, alors qu’il a détruit les centrales électriques de la bande de Gaza et que même le pétrole arrive au compte-gouttes. La communauté internationale est invitée à investir en Israël alors que, selon la Banque mondiale, la croissance fragile de l’économie en Cisjordanie dépend de l’aide des pays donateurs, mais les restrictions de mouvement sur les personnes et les biens imposées par Tel-Aviv après le déclenchement de la seconde Intifada en 2000 ont « sapé la croissance du secteur privé palestinien ». Ce qui n’empêche pas Israël de vouloir intégrer l’OCDE et de tromper la communauté internationale en profitant des accords d’associations et des exonérations de taxe sur les marchandises, y compris celles en provenance des colonies juives de Cisjordanie. En toute illégalité.

Pierre Barbancey

Huma du 8 mars2010

À Jérusalem-Est, des Palestiniens jetés dehors

Plusieurs milliers de manifestants ont dénoncé, samedi, la colonisation de la partie orientale de la ville, que les Palestiniens revendiquent comme capitale de leur futur État.

« Habitants de Cheikh Jarrah, ne désespérez pas, nous barrerons la route à la colonisation »… Munis de drapeaux rouges, entre 3 000 et 5 000 manifestants palestiniens et israéliens, membres de mouvements pacifistes et d’organisations politiques comme le Parti communiste d’Israël, se sont rassemblés, samedi soir, dans le quartier arabe de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, pour dénoncer la colonisation israélienne dans cette partie de la ville. Il s’agissait du plus grand rassemblement sur ce thème organisé depuis des dizaines d’années.

Plusieurs familles palestiniennes de Cheikh Jarrah ont été expulsées de leur logement sous le prétexte que leurs maisons auraient appartenu à des juifs avant la création de l’État d’Israël, en 1948. Jérusalem-Est a été conquis par Israël lors de la guerre de juin 1967. Depuis cette annexion, une douzaine de nouveaux quartiers y ont été construits pour loger plus de 200 000 Israéliens. Au début du mois de février, le quotidien Haaretz a révélé que les autorités israéliennes avaient donné leur feu vert à un projet de construction de 600 logements dans un quartier de Jérusalem-Est.

La mairie de Jérusalem envisage également la démolition d’une quarantaine de maisons palestiniennes construites sans permis dans le quartier arabe de Silwan, afin d’y établir un parc archéologique pour les touristes. Selon l’ONG israélienne Ir Amim, ce projet s’inscrit dans un vaste plan de judaïsation de Jérusalem-Est, par la création de neuf « parcs bibliques » autour de la Vieille Ville.

Principal obstacle sur le chemin de la paix, Jérusalem-Est, où résident 270 000 Palestiniens, est revendiquée par la partie palestinienne qui veut en faire la capitale de son futur État. Force est de constater qu’en démolissant ces maisons, le gouvernement Netanyahou sape chaque jour un peu plus les fondations de la paix, et ferme la porte aux négociations.

Havre libre 3 avril 2010

Entre l’Etat hébreux et les Palestiniens du Hamas,_ représailles

c’est à nouveau la spirale infernale de la violence.

Des avions israéliens ont mené hier au moins sept attaques au missile sur la bande de Gaza, causant des dégâts et blessant légèrement deux enfants, ont rapporté des témoins et des responsables palestiniens.

Ils précisent que quatre de ces raids sont intervenus dans une zone proche de Khan Younès, dans le centre de la bande de Gaza, théâtre la semaine dernière d’un sanglant affrontement entre forces israéliennes et Palestiniens armés.

Deux caravanes ont été détruites lors de l’attaque qui n’a fait aucun blessé.

Un cinquième missile a frappé une fromagerie, dans la ville de Gaza, qui a pris feu, ont rapporté des témoins et des responsables du Hamas. Selon des responsables d’un hôpital, deux enfants ont été légèrement blessés par des débris lors de l’attaque.

Des hélicoptères ont attaqué à deux reprises le camp de réfugiés de Nusseirat, détruisant une fonderie de métal, sans faire de blessés. Une porte-parole de l’armée israélienne a confirmé les attaques, indiquant qu’elles visaient deux usines de fabrication d’armes et deux caches d’armes. Ces attaques sont une réponse au tir de roquette palestinien opéré jeudi sur l’Etat juif, a-t-il ajouté. L’attaque, qui n’a pas fait de victime, n’a été revendiquée par aucune faction palestinienne. L’offensive lancée par Tsahal entre décembre 2008 et janvier 2009 était destinée à mettre un terme aux tirs de roquette palestiniens. Ces tirs ont repris sporadiquement ces dernières semaines et Israël y répond en menant des frappes aériennes.

Le leader du Hamas à Gaza, Ismail Haniyeh, a déclaré que son organisation tentait de réaffirmer un accord conclu l’an dernier avec les autres factions palestiniennes et convenant d’une diminution des tirs de roquettes. Mais Israël tient le Hamas, en tant que maître de Gaza, pour le seul responsable des attaques à la roquette.

« Nous appelons la communauté internationale à intervenir pour mettre fin à cette escalade », a dit le premier ministre du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Le Royaume-Uni s’est dit « préoccupé » et appelé hier les parties à faire de preuve de « retenues » et de s’engager de « manière urgente dans des discussions indirectes sous l’égide des USA ».

Le Hamas va bientôt exécuter des « collaborateurs » d’Israël

Le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir à Gaza, a annoncé hier la prochaine exécution de personnes reconnues coupables de collaboration avec Israël, malgré les protestations des organisations de défense des droits de l’homme. Selon la loi palestinienne, les collaborateurs, les meurtriers et les trafiquants de drogue sont passibles de la peine de mort. La mise en application des sentences nécessite une approbation du président de l’Autorité palestinienne, mais le Hamas ne reconnaît pas la légitimité de Mahmoud Abbas.

Étonnant silence à la Maison-Blanche

La discrétion observée après la rencontre de mardi soir entre Barack Obama et le premier ministre israélien a-t-elle une signification ? Comme au temps où des « kremlinologues » tentaient de décrypter les moindres signes de Moscou, on en est à interpréter le silence de la Maison-Blanche : d’habitude, tout président américain aime afficher son amitié avec Israël. Cette fois, ni photo ni communiqué. Le qualificatif de « bonne atmosphère » lâché par Netanyahou est traduit par « refroidissement sérieux ». Pas étonnant vu la nouvelle provocation qui a précédé l’entretien : la construction de 20 appartements à la place d’un hôtel palestinien de Jérusalem-Est. Et ce alors même qu’Obama et Clinton insistent sur le gel de la colonisation pour faire redémarrer les négociations avec les Palestiniens. Pour Gideon Levy, de Haaretz, « la dernière provocation de Netanyahou, dans l’antichambre de la Maison-Blanche, prouve qu’il ne veut ni de deux États ni faire la paix avec les Palestiniens. Il se sent plus fort qu’Obama. Il espère que les élections de novembre l’empêcheront de faire pression sur Israël ».

En fait, l’administration américaine a vivement réagi et exigé le gel immédiat de la décision, interrompant la réunion. La municipalité de Jérusalem a fait savoir que « la commission des plans de construction » était gelée jusqu’à nouvel ordre. Un signe positif, loin de suffire à rassurer les Palestiniens. Pour Bichara Khader (1), qui dirige le Centre d’études du monde arabe en Belgique, « ce qui est à craindre, c’est que la même politique continue, mais dans la discrétion, pour éviter les escarmouches comme celle qui vient d’avoir lieu ».

délégation

le 31/10/2009

palestine Un rapport d’Amnesty International accuse Tel-Aviv de maintenir un contrôle total sur les ressources communes au bénéfice des colons.

Les rapports des organisations internationales des droits de l’homme consacrés à Israël se suivent et se ressemblent. Mises bout à bout, ces enquêtes ne dénoncent pas seulement les conditions de vie dans lesquelles Israël maintient les Palestiniens. Elles dessinent une politique qui ne néglige aucun aspect, aucune dimension de ce peuple palestinien soumis à l’occupation.

Le rapport de l’ONU, dit « rapport Goldstone », du nom du juge sud-africain qui dirigeait la commission d’enquête, a montré qu’Israël pouvait être accusé de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité lors de son offensive sur Gaza en janvier dernier.

Cette fois-ci, c’est Amnesty International qui tire le signal d’alarme. Israël limite sévèrement l’accès à l’eau dans les territoires palestiniens « en maintenant un contrôle total sur des ressources communes et en poursuivant des politiques discriminatoires ». « Israël ne laisse les Palestiniens accéder qu’à une fraction des ressources communes en eau, qui se situent surtout en Cisjordanie occupée, alors que les colonies israéliennes illégales reçoivent des quantités pratiquement illimitées », écrit Amnesty.

Les Israéliens consomment quatre fois plus d’eau que les Palestiniens. Cette inégalité est encore plus criante dans certaines régions de Cisjordanie où des colonies utilisent vingt fois plus d’eau par tête d’habitant que les Palestiniens des localités voisines qui survivent avec 20 litres par jour. « Piscines, pelouses bien arrosées et vastes exploitations agricoles irriguées dans les colonies contrastent avec les villages palestiniens voisins dont les habitants doivent se battre quotidiennement pour assurer leurs besoins en eau », poursuit le rapport. Selon Amnesty, les Palestiniens ne sont pas autorisés à creuser des nouveaux puits ou à restaurer les anciens sans permis des autorités israéliennes. En outre, de nombreuses routes de Cisjordanie sont fermées ou limitées à circulation, ce qui contraint les camions-citernes à faire des détours pour ravitailler les villages qui ne sont pas reliés au réseau de distribution d’eau. Dans la bande de Gaza, l’offensive israélienne de l’hiver dernier a endommagé les réservoirs d’eau, les puits, les égouts et les stations de pompage. De 180 000 à 200 000 Palestiniens n’ont pas accès à l’eau courante en Cisjordanie.

Pierre Barbancey (l’humanité)
Un nouveau lobby juif contre l’Aipac

À l’heure où le principal lobby juif des États-Unis tenait son assemblée, des juifs progressistes lancent un appel à la paix.

J-Street sonne le réveil. Lundi dernier, alors que l’Assemblée générale annuelle de l’Aipac, le très puissant lobby juif américain, s’apprêtait à accueillir successivement Hillary Clinton et Benyamin Netanyahou, le New York Times publiait une page entière de publicité avec un énorme réveil sur lequel on pouvait lire : « It’s time ». C’est l’heure ! Un appel destiné au président américain à qui il était demandé de se montrer ferme vis-à-vis d’Israël et de mener à bien d’urgence la promesse faite juste après son élection d’œuvrer à la création d’un État palestinien afin d’établir la paix au Proche-Orient. L’auteur de cette pub est le nouveau lobby juif J-Street, créé il y a un an par des juifs progressistes, sous le double label de « pro-Israël et pro-paix ». Il estime, contrairement au lobby juif historique Aipac, qu’il est permis de critiquer Israël, et que c’est même « nécessaire et salutaire ».

Citant le vice-président Joe Biden, le président de J-Street, Jeremy Ben-Ami, affirmait lundi : « Quelquefois, il n’y a qu’un ami qui est en mesure de dire les vérités les plus dures. » Pour lui, « les actions provocatrices d’Israël non seulement minent les négociations, mais affaiblissent la crédibilité des États-Unis dans une région d’intérêt vital pour la sécurité nationale ». On ne saurait être plus clair. J-Street a lancé la semaine dernière une pétition parmi les juifs américains pour demander à Barack Obama de « tenir le cap ». Elle a recueilli 40 000 signatures qui ont été portées à la Maison-Blanche.

Netanyahou, un chef colon à Washington

À Washington, Benyamin Netanyahou s’est prononcé pour la poursuite de la judaïsation de Jérusalem-Est, dont l’objectif à terme est de ramener à moins de 20 % la population palestinienne de la ville.

« Le peuple juif a construit Jérusalem il y a trois mille ans et le peuple juif construit Jérusalem aujourd’hui. Jérusalem n’est pas une colonie. C’est notre capitale », a martelé hier Benyamin Netanyahou devant le congrès annuel de l’American Israel Publics Committee (Aipac). Ajoutant, afin que le message soit bien entendu, que les quartiers juifs de Jérusalem (à savoir les colonies israéliennes) « resteront territoire israélien, quel que soit l’accord de paix qui sera négocié » et que « construire dans ces quartiers n’empêche en aucune manière la possibilité de la solution de deux États »  ! Intervenant juste après Hillary Clinton, qui avait appelé Israël à faire des « choix difficiles mais nécessaires », Netanyahou a clairement laissé entendre qu’il ne fera pas le geste (on se demande lequel d’ailleurs !) attendu par Washington. Mieux, satisfait de ses premiers entretiens avec les dirigeants américains, et avant sa rencontre avec Barack Obama, prévue pour hier soir, Benyamin Netanyahou a minimisé les divergences l’opposant à l’administration Obama : « Il s’agit de divergences entre amis », a-t-il expliqué.

La colonisation continue

Le discours du premier ministre israélien intervient dans un contexte de poursuite et d’accélération de la judaïsation de Jérusalem-Est, annexé par Israël en 1967. Arieh King, de l’association Israël Fund, organisation qui finance les constructions dans Jérusalem-Est, a révélé sur France 24 l’existence de 415 projets de nouvelles habitations déjà approuvées par le gouvernement israélien, qui vont s’ajouter à la douzaine de colonies où résident de manière illégale 192 000 colons ! À terme, Israël a planifié la destruction de 3 000 habitations à Jérusalem-Est. Et depuis le début de l’année, des centaines de familles palestiniennes habitant les quartiers de Cheikh Jarrah, Silwan et Ras Al Amoud ont reçu des ordres d’expulsion. Cette judaïsation de la ville sainte (pour les communautés des trois religions monothéistes) a pour objectif de ramener à moins de 20 % la population palestinienne de Jérusalem. Déjà, du fait de la construction du mur de séparation, 25 % des 230 000 Palestiniens habitant Jérusalem se sont retrouvés en dehors de la ville ! Ces faits-là sont connus. En décembre 2009 (voir l’Humanité du 7 décembre), un rapport des consuls de l’Union européenne accusait « le gouvernement israélien et la mairie de Jérusalem de travailler délibérément à modifier l’équilibre démographique de la ville et à séparer Jérusalem-Est de la Cisjordanie ». Ces deux institutions, poursuit le rapport, aidaient « des organisations de droite, telles Ateret Cohanim et Elad à réaliser cette vision stratégique spécialement dans les quartiers situés autour du mont du Temple », à proximité de l’esplanade des Mosquées. Après avoir tenté de le soustraire à des yeux indiscrets, ce document accablant, révélé par le journal de gauche israélien Haaretz, a sans doute fini quelque part dans un tiroir. En tout cas, l’UE n’y a pas donné suite, comme elle l’avait fait pour le rapport de 2008.

Concernant la Cisjordanie, un rapport du Macro Center for Political Economics de Tel Aviv indique que, depuis 2004, 6 657 nouvelles constructions se sont ajoutées aux 128 colonies existantes. Il précise que 5 900 bâtiments ont été construits du côté ouest du mur de séparation. Et en cas d’accord de paix, ils se trouveront dans la partie qu’Israël envisage d’annexer dans le cadre d’un accord d’échange « terre contre paix »  ! Coût de cette colonisation des terres palestiniennes : 17,4 milliards de dollars !

Hassane Zerrouky

Vers la reconnaissance des crimes de guerre de Gaza ?

À la demande du Conseil de sécurité, une session extraordinaire de la commission des Droits de l’homme de l’ONU est programmée sur le rapport Goldstone accusant Tel-Aviv de crimes de guerre lors de la guerre de Gaza en janvier.

Pour la première fois depuis longtemps, Washington a déçu les dirigeants israéliens en n’opposant pas son veto à l’examen d’un texte les mettant en cause devant le Conseil de sécurité. Cela se passait mercredi à New York. À la demande de la Libye, le Conseil avait à son ordre du jour le fameux rapport Goldstone sur la guerre de l’hiver dernier contre Gaza. Un rapport qui accuse Israël, mais aussi le Hamas, de crimes de guerre et que le président palestinien, Mahmoud Abbas, sous pression, avait malencontreusement retiré de l’ordre du jour de la commission des Droits de l’homme en octobre.

Il y revient, et par la grande porte. Mercredi, l’unanimité s’est faite sur la nécessité d’enquêter « très sérieusement et de façon indépendante » sur ce qui s’est passé à Gaza, sur le comportement de l’armée israélienne à l’égard des civils et l’utilisation d’armes interdites, point où Goldstone confirme les rapports des ONG. La représentante d’Israël, Gabriela Shalev, a eu beau s’indigner d’un tel « encouragement aux organisations terroristes », refusant « tout retour aux négociations de paix tant que ce rapport sera sur la table », les grandes puissances, pour une fois, ont tenu bon. Même l’Américain Alejandro Wolff a dit qu’il fallait « prendre au sérieux les allégations contenues dans le rapport ». Retour à Genève, donc, où le débat en urgence commencé hier risque de durer : à l’ouverture, il y avait 40 demandes d’intervention.

FRANÇOISE GERMAIN-ROBIN

Quand le torchon brûle entre alliés turcs et israéliens

Autre conséquence de la guerre de Gaza, Ankara vient d’annuler des manœuvres militaires avec Israël

Rien ne va plus entre Israël et la Turquie, liés depuis 1996 par un accord de coopération militaire et dont les relations s’étaient encore renforcés depuis l’arrivée au pouvoir de l’AKP en 2002. La Turquie a annoncé mercredi l’annulation des manœuvres aériennes communes prévues lundi du côté de Konya, base que l’aviation israélienne a coutume d’utiliser. Peut-être ne tient-elle pas à servir à la préparation d’une éventuelle frappe contre l’Iran. Réponse du berger à la bergère ? Le ministre israélien des affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a convoqué hier l’ambassadeur de Turquie à Tel Aviv pour protester contre….une série télévisée turque où l’on voit des soldats israéliens exécuter des prisonniers. Au moment où le rapport Goldstone sur les crimes de guerre d’Israël à Gaza est examiné à l’ONU, ces images sont gênantes, même si le réalisateur a précisé qu’il s’agit « d’une fiction mettant en scène des soldats et par toute l’armée d’Israël » Le premier ministre turc Erdogan a réagi à ce qu’il considère comme une réplique déguisée à l’annulation des manœuvres : « La Turquie est un grand pays qui ne se laisse pas dicter ses décisions, a-t-il dit. Tout pouvoir politique doit tenir compte des demandes et de l’opinion de son peuple ». Car depuis la guerre contre Gaza, l’opinion publique turque se montre de plus en plus critique à l’égard d’Israël, et le gouvernement doit bien en tenir compte.

le 26/10/2009

Un paradoxe qui déchire la gauche depuis 1830Michel Dreyfus montre comment des formes d’hostilité aux juifs ont pu coexister avec les combats pour l’émancipation humaine.

L’Antisémitisme à gauche, histoire d’un paradoxe de 1830 à nos jours, de Michel Dreyfus. Éditions la Découverte, 2009, 346 pages, 23 euros.

« Sujet peu exploré » et « histoire délicate » que celle de l’antisémitisme à gauche, d’après l’auteur qui se définit lui-même comme un « historien de gauche, juif et laïque ». L’étude est minutieuse, et porte avant tout sur le socialisme, le communisme, l’anarchisme et les différents mouvements d’extrême gauche. M. Dreyfus a utilisé l’abondante littérature déjà publiée depuis une vingtaine d’années sur l’antisémitisme et il y ajoute l’apport de recherches personnelles, notamment dans la presse d’extrême gauche (la Révolution prolétarienne, Libertaire, Voix de la paix, etc.). Il rappelle des règles de méthode : d’une part, l’Holocauste a modifié de façon radicale, surtout depuis 1980, la sensibilité à cette question. Il faut prendre en compte le changement de ton de la presse, beaucoup plus violente autrefois qu’aujourd’hui. Il existe enfin diverses formes, à ne pas confondre, d’antisémitisme ou de judéophobie : l’antijudaïsme de tradition chrétienne qui imprègne les mentalités, même à gauche ; l’antisémitisme économique (les juifs manieurs d’argent, symbolisés par la famille Rothschild) ; l’antisémitisme racial, apparu plus tardivement ; l’hostilité aux juifs, comploteurs, visant à la domination mondiale, voire fauteurs de guerre ; et, après l’Holocauste, le négationnisme. Plus ou moins, ces divers aspects ont affecté des hommes ou des mouvements à gauche et surtout à l’extrême gauche. L’auteur traque parfois l’antisémitisme jusqu’aux relents ou aux soupçons. Les fluctuations de l’antisémitisme à gauche sont importantes. L’affaire Dreyfus, à la fin du XIXe siècle, a alerté la gauche sur ses dangers, mais le pacifisme inconditionnel des années 1930 l’a ranimé. Après la Libération, le recul de l’antisémitisme est général à gauche et la plupart de ceux qui le propagent encore appartiennent à des franges marginales (les Rassinier, Guillaume et autres). L’antisionisme, qui a des motivations différentes, est étudié dans le dernier chapitre. Au total, Michel Dreyfus estime que, s’il y a eu parfois un antisémitisme à gauche, il n’y a pas d’antisémitisme de gauche. Face aux accusations portées contre la gauche d’être responsable des manifestations antisémites récentes, il estime qu’elles « font fi de toute vérité historique ».

Raymond Huard, historien

Dans un propos magistral, Élisabeth Roudinesco décortique, depuis les Lumières émancipatrices jusqu’au négationnisme contemporain, l’énigme de la judéité en montrant comment l’existence et le rôle d’Israël cristallisent le débat idéologique et politique.

Retour sur la question juive, d’Élisabeth Roudinesco. Éditions Albin Michel, 2009, 320 pages, 20 euros.

Ce nouveau livre d’Élisabeth Roudinesco aurait aussi bien pu s’intituler Retour de la question juive. Il part en effet d’un constat, terrible, mais que tout le monde peut faire : le conflit israélo-palestinien, non résolu depuis la création d’un « État des juifs » en Palestine en 1948, exacerbé par l’occupation de toujours plus de terres arabes palestiniennes, « est désormais au cœur de tous les débats entre intellectuels ». Qu’ils soient juifs ou non, constate l’auteur, ils n’hésitent pas à s’envoyer à la figure la pire de toutes les injures, celle de l’antisémitisme, qui vise notamment ceux qui osent critiquer Israël.

La citation qui ouvre le livre de l’historienne et psychanalyste plonge au cœur du problème. C’est une phrase criée aux soldats israéliens venus les déloger d’une colonie installée dans la ville d’Hébron, par de jeunes colons juifs : « Des nazis, voilà ce que vous êtes, vous êtes pire que les Arabes ! » Ainsi, des juifs traitent d’autres juifs de« nazis ». Ils ne sont pas les seuls : la comparaison est souvent faite dans le monde musulman.

C’est cet abominable retour de la question juive que l’auteure questionne, cherchant dans l’histoire les racines du mal, mais aussi les antidotes : philosophie des Lumières, laïcité, universalisme. Elle distingue l’antijudaïsme chrétien de l’antisémitisme né en France, où il s’exprime avec force dans l’affaire Dreyfus. Il nourrira le sionisme, mais aussi les théories raciales et leur aboutissement ultime, le nazisme, et aboutira à la naissance d’une « nouvelle conscience juive ». Élisabeth Roudinesco montre, à travers des références nombreuses et précises, les débats intellectuels et politiques qui se sont déchaînés depuis deux siècles, opposant des écrivains mais aussi des savants, certains allant jusqu’à faire de la psychanalyse freudienne, une « science juive » et du marxisme, une « théorie juive » combattues comme telles par les antisémites. C’est l’occasion de très belles pages sur Freud, Hannah Arendt ou, plus près de nous, Derrida, Edward Said et Jean Genet.

Ces débats ont gagné l’Orient puis le monde avec la colonisation et la création de l’État d’Israël, né du sionisme et de la Shoah. La « question juive » aurait-elle pu se résoudre, selon le rêve de Herzl (décrit comme un exemple de « haine de soi ») par la création d’Israël ? La polémique a fait rage dès le début du sionisme au cœur de la communauté juive, opposant, parfois violemment, « universalistes » (Freud ou Einstein) et territorialistes qui ont fait du sionisme, un nationalisme devenu colonial. Car, la « terre promise est devenue terre conquise », au prix de la destruction d’un autre peuple, les Palestiniens. On n’est pas loin du « pêché originel d’Israël », dénoncé par les nouveaux historiens israéliens. Et tout près du cauchemar de Freud, qui voyait dans les conditions de la création d’Israël le risque d’une « guerre perpétuelle » entre « juifs racistes et Arabes antisémites », voire de la destruction du judaïsme.

Aujourd’hui, la question juive s’appelle Israël, dans la mesure où cet État prétend devenir un « État juif pur », c’est-à-dire un état racial, non démocratique, refusant l’autre peuple.

En refermant le livre d’Élisabeth Roudinesco, on est tenté de se poser cette question : le judaïsme dans un seul pays ne risque-t-il pas de finir aussi mal que le socialisme dans un seul pays ? Certains, comme Philip Roth, ont répondu en proposant, à rebours du sionisme, le « diasporisme », c’est-à-dire le départ d’Israël de tous les juifs attachés aux valeurs du judaïsme.

Françoise Germain-Robin

24/09/09

Réunion tripartite sur le Proche-Orient obama Une rencontre entre Barack Obama, Mahmoud Abbas et Benyamin Netanyahou devait avoir lieu hier, en marge du sommet de l’ONU.

Pratiquement aucun chef d’État ou de gouvernement de la planète ne peut être absent de ce rendez-vous annuel qui, s’il entérine les limites des Nations unies telles que conçues actuellement, n’en reste pas moins le seul endroit où les ennemis de toujours ou d’il y a peu peuvent se croiser dans les couloirs, s’apercevoir le temps d’une session et, mieux, se rencontrer.

C’est à cet exercice que s’est résolu Barack Obama en décidant de réunir le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, et le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Mais pourquoi une telle rencontre ? La question vaut d’être posée alors que la veille, Robert Gibbs, porte-parole de la Maison-Blanche, assénait : « Nous n’avons pas beaucoup d’attente d’un seul meeting », laissant ainsi entendre que d’autres réunions de ce type pourraient être programmées. Seul problème, il n’y a pas l’ombre du commencement de la moindre discussion entre Palestiniens et Israéliens. Un certain nombre de paramètres ont changé dont un, fondamental : Mahmoud Abbas n’est plus totalement maître de ses décisions. Si les États-Unis et Israël avaient su le convaincre sans trop de mal de continuer les discussions dans un improbable processus de paix, alors que la bande de Gaza était sous blocus et les Palestiniens affamés, Abbas doit tenir compte d’une nouvelle direction au sein du Fatah et de nouvelles directives qu’on pourrait résumer ainsi : pas question d’entamer le moindre dialogue tant que la colonisation se poursuit.

Netanyahou, de son côté, ne cesse de le répéter, il n’y aura un moratoire sur les colonies qu’après la construction d’un certain nombre d’unités (qui vise en réalité à constituer de larges blocs qui seront ensuite annexés à Israël), mais qu’en tout état de cause, cela ne concerne pas Jérusalem. Sans crainte des demandes américaines, le gouvernement israélien poursuit donc son entreprise de judaïsation de Jérusalem. Il le peut d’autant mieux que Washington est loin de faire pression pour obtenir satisfaction. L’envoyé spécial des États-Unis au Proche-Orient, George Mitchell, dont on a tant vanté les capacités de réconcilier l’inconciliable après son expérience en Irlande du Nord, fait chou blanc à chacun de ses voyages. Il vient d’ailleurs de quitter la région sans plus de résultats.

Sans doute le président américain veut-il montrer que ce dossier lui tient toujours à coeur, qu’il n’abdique pas. Mais, à trop vouloir montrer sans démontrer, il risque fort d’entamer le capital amassé après son discours prononcé au Caire qui marquait une véritable rupture avec les années Bush. Cette rencontre organisée par Obama, qui n’avait pas encore eu lieu à l’heure où ces lignes étaient écrites (décalage horaire oblige), n’échappe pas au contexte régional. Obama est en difficulté en Afghanistan et n’a toujours pas répondu au général Stanley McChrystal, qui demande l’envoie de nouvelles troupes sans lesquelles, selon lui, aucun succès n’est à attendre. Enfin, le dossier iranien est un dossier connexe dans la mesure où Israël est constamment intervenu, menaçant de réagir ou de bombarder les installations nucléaires. Dans la perspective du 1er octobre (Téhéran doit rencontrer le groupe des 5 + 1), Washington cherche, semble-t-il, à calmer le jeu (contrairement à la France). Elle l’aurait fait savoir à Israël. Celui-ci, en recherche d’une monnaie d’échange pour poursuivre la colonisation, lâche du lest. On a ainsi appris, via le président russe Medvedev, que Shimon Peres, le président israélien, avait indiqué que Tel-Aviv n’envisageait absolument pas de frappes contre l’Iran.

Pierre Barbancey

21/09/09

Obama tente de reprendre la main

Proche-Orient . La Maison-Blanche a convoqué demain à New York un sommet tripartite États-Unis, Israël et Autorité palestinienne afin de relancer le processus de paix.

« La voie est à présent bloquée », lâchait samedi au Caire Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne. C’est que la veille, vendredi, l’émissaire américain George Mitchell a quitté Israël les mains vides : il n’avait pas obtenu du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou le gel de la colonisation juive dans les territoires palestiniens. « Le sénateur (…) nous a dit qu’il n’était pas parvenu à un accord avec les Israéliens. Nous réaffirmons qu’il n’existe pas de solutions médianes sur les implantations. Un gel des colonies est un gel des colonies », a souligné avec force le négociateur palestinien Saëb Erakat. Et « que la question de l’arrêt de la colonisation ne saurait faire l’objet de compromis ».

Israël poursuit la colonisation

Samedi, au lendemain de l’échec de Mitchell, la Maison-Blanche publiait un communiqué annonçant un sommet tripartite entre Barack Obama, Mahmoud Abbas et Benyamin Netanyahou afin de « préparer le terrain pour une reprise des négociations et créer un contexte favorable qui permette le succès de ces négociations ». Le sommet, qui se tiendra mardi en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, précisait le communiqué, sera précédé de rencontres bilatérales entre le président américain et chacun des deux hommes. Déjà mal en point dans les sondages, Barack Obama veut visiblement reprendre la main sur un dossier en train de lui glisser entre les doigts du fait de l’entêtement d’Israël à poursuivre la colonisation des territoires palestiniens.

Toutefois, en l’état des choses, cette rencontre risque d’être de pure forme et « dénuée de sens », indiquait Erakat. Car Benyamin Netanyahou campe sur ses positions. Tout juste s’il est prêt à accepter un moratoire consistant à ralentir pendant six mois le rythme de la colonisation en Cisjordanie étant entendu que les 3 000 logements en cours de réalisation ne sont pas concernés ni même ceux concernant Jérusalem-Est puisque Netanyahu a décrété que cette ville « n’est pas une colonie ». Pis, il exige des Palestiniens qu’ils reconnaissent « le caractère juif d’Israël ». Au-delà du caractère discutable de cette notion d’« État juif » car étant par définition de type confessionnel, personne ne sait, hormis Netanyahou, ce qu’elle recouvre en réalité. Par exemple, où commencent les frontières de cet « État juif » selon Netanyahou et où finissent-elles ? S’agit-il d’Israël tel qu’il existait avant 1967 ou de celui qui, dans l’esprit de Netanyahou et de l’extrême droite au pouvoir à Tel-Aviv, engloberait Jérusalem-Est et plus du tiers de la Cisjordanie ?

Abbas sous pression de Washington

Mahmoud Abbas, lui, s’en tient au respect de la feuille de route, ce plan élaboré en 2003 par le quartette (États-Unis, Russie, Union européenne et ONU) et signé par Israël. Laquelle prévoit « le gel de toutes les colonisations, y compris la croissance naturelle » ! Reste qu’à New York, Abbas risque d’être soumis à de fortes pressions par Washington qui, faute d’avoir pu contraindre son allié israélien à geler la colonisation, va tenter de lui demander à accepter de mettre entre parenthèses le gel de la colonisation et de négocier sans préalable. Or, l’expérience a montré que les multiples concessions faites par les Palestiniens n’ont pas fait avancer d’un iota le processus de paix. En revanche, comme l’écrit Marwan Barghouti dans son livre, la colonisation des terres palestiniennes a été multipliée par trois depuis les accords d’Oslo en 1993 ! (1) Lire La promesse, écrits de prison 2002-2009, de Marwan Barghouti. Éditions Arcane 17.

Hassane Zerrouky

17/09/09

Israël sous la menace de la Cour pénale internationale

Gaza . Sur la défensive, les dirigeants israéliens tentent de disqualifier le rapport de la mission de l’ONU qui accuse leur armée d’avoir commis des crimes de guerre et contre l’humanité. Par crainte de voir ses dirigeants politiques et les chefs militaires de l’opération « plomb durci » à Gaza (27 décembre 2008-18 janvier 2009) traduits devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et contre l’humanité, les dirigeants israéliens ont fait feu de tout bois, hier, contre le rapport de la mission d’enquête de l’ONU rendu public la veille (l’Humanité du 16 septembre). « Nous mobiliserons nos amis à l’ONU, notamment les États-Unis et divers pays européens, pour que ce rapport soit purement et simplement enterré », avance Danny Ayalon, vice-ministre des Affaires étrangères israéliens. « Nous allons faire tout notre possible pour empêcher qu’il y ait des suites juridiques à ce rapport en démontrant qu’il est malhonnête et politiquement biaisé », a renchéri l’ambassadrice israélienne à l’ONU, Gabriela Shalev. « meurtres délibérés »

Certains médias israéliens ont carrément qualifié le – rapport de « nauséeux ». « Il s’agit d’antisémitisme classique sous couvert de respect des droits de l’homme : on nomme une commission hostile et l’on trouve un juif obséquieux (le juge sud-africain Richard Goldstone) pour la présider… », écrit l’éditorialiste du journal Maariv.

Le rapport de l’ONU, un document de 575 pages rédigé par une commission de quatre membres, dont le juge Goldstone, indique qu’ils sont en possession de « preuves de crimes de guerre commis par les deux côtés (Israël et le – Hamas) ». Toutefois, le document accable bien davantage Israël que le Hamas (1). « Nous sommes arrivés à la conclusion, sur la base des faits que nous avons réunis, qu’il y a de solides preuves établissant que de nombreuses violations du droit international, à la fois humanitaire et des droits de l’homme, ont été commises par Israël lors des opérations militaires à Gaza » et qu’ils pouvaient « constituer des crimes de guerre et, peut-être, dans une certaine mesure, des crimes contre l’humanité », déclarait avant-hier le chef de la mission onusienne.

Le rapport cite « les meurtres délibérés », « la volonté de causer de grandes souffrances à des personnes protégées » et critique « la politique délibérée des forces armées israéliennes de cibler des sites industriels, des installations d’eau » et de faire « usage de civils palestiniens comme boucliers humains ».

Pour étayer son rapport, la mission a enquêté sur 36 faits ayant eu lieu lors de l’opération « plomb durci » qui ne sont pas liés à des décisions prises dans le feu du combat mais à des politiques et des décisions délibérées. Ainsi en est-il du bombardement de cette mosquée lors d’une prière, ayant tué quinze personnes, au motif qu’elle aurait servi de sanctuaire à des groupes armés. Rien ne justifie, « selon le droit humanitaire international, des tirs de mortiers contre la mosquée lors d’un service religieux », indique le rapport. Il accuse également Israël d’avoir « ignoré l’inviolabilité des – locaux des Nations unies » quand son armée avait bombardé le 14 janvier dernier l’agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés (UNRWA).

Le document onusien épingle également les combattants palestiniens, qualifiant les tirs de roquettes d’attaques aveugles et délibérées contre une population civile, qu’à ce titre, ces tirs « constituaient des crimes de guerre ». Le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, tente néanmoins de tirer la couverture à lui en qualifiant ce rapport de « preuve irréfutable que l’occupant sioniste a commis des crimes contre l’humanité ».

En conclusion, la mission d’enquête demande au Conseil de sécurité qu’Israël lance des enquêtes indépendantes concernant les crimes qui ont été commis par son armée et de transmettre les résultats dans les six mois. Si – Israël refuse ou si les enquêtes ne sont pas indépendantes, le rapport recommande au Conseil de sécurité de transmettre le dossier au procureur de la Cour pénale internationale de La Haye. Réagissant à la publication du document, le porte-parole du Quai d’Orsay, Bernard Valéro, a estimé hier que « les faits exposés » étaient « d’une extrême gravité et méritaient la plus grande attention » et il a indiqué que la France étudiait « le document dans le détail, ainsi que ses – recommandations ». Sur lesquelles, a-t-il cependant précisé, il serait « encore trop tôt pour se prononcer ». (1) La guerre contre Gaza a fait près de 1 600 morts palestiniens, dont 900 femmes et enfants, et plus de 5 000 blessés, majoritairement des civils. Côté israélien, on a dénombré 13 morts dont 10 militaires.

Hassane Zerrouky

16/09/09

L’ONU accuse Israël de crimes contre l’humanité

Palestine . La mission d’enquête des Nations unies a rendu un rapport accablant sur les violations commises par l’armée israélienne à Gaza.

L’ancien juge sud-africain Richard Goldstone, chargée de la mission d’enquête des Nations unies sur les violations commises lors de l’offensive israélienne contre Gaza (du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009), a présenté hier un rapport accablant sur Israël. « La mission est arrivée à la conclusion que des actes assimilables à des crimes de guerre et peut-être par certains aspects à des crimes contre l’humanité ont été commis par les forces israéliennes de défense », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à New York. Il conclut également qu’en tirant des roquettes sur des cibles non militaires en Israël, les combattants palestiniens « ont commis des crimes de guerre et peut-être aussi des crimes contre l’humanité ». Le gouvernement israélien a rejeté le rapport, arguant qu’ « Israël n’a pas jugé utile de coopérer avec la mission d’enquête car son mandat était clairement partial et ignorait les milliers d’attaques à la roquette du Hamas contre des populations civiles dans le sud d’Israël qui ont rendu nécessaire l’opération contre Gaza ». Assurant que « le mandat de la mission et la résolution qui a établi celle-ci ont préjugé du résultat de l’enquête et donné une légitimité à – l’organisation terroriste – Hamas ».

Rappelons qu’en plus du blocus imposé à Gaza transformant celle-ci en prison à ciel ouvert pour plus d’un million de Palestiniens, l’agression israélienne avait fait plus de 1 600 morts, dont plus de la moitié étaient des femmes et des enfants, et ce sans compter les destructions d’habitations et d’infrastructures socio-économiques (plusieurs milliards d’euros de dégâts). Les tirs de roquettes du Hamas ont tué une vingtaine de personnes, dont 11 soldats israéliens !

Hassane Zerrouky

10/09/09

L’armée israélienne a tué plus de 600 civils à Gaza

Palestine . L’organisation israélienne B’Tselem vient de publier les chiffres de l’offensive militaire menée en janvier dernier. Selon l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme, B’Tselem, plus de la moitié des 1 387 Palestiniens qui ont perdu la vie lors de l’offensive israélienne « Plomb durci », du 7 décembre 2008 au 18 janvier 2009, étaient des civils. L’ONG s’appuie sur les documents, les photos et les témoignages qu’elle a rassemblés pendant plusieurs mois, raconte sa porte-parole, Sarit Michaeli. Selon B’Tselem, 773 civils palestiniens, dont 252 enfants âgés de moins de seize ans, 330 militants, dont 19 mineurs et 248 officiers de police ont été tués. Ce bilan inclut 36 cas, pour lesquels B’Tselem ne sait pas s’ils sont liés aux hostilités qui étaient en cours.

Dans 20 autres cas, B’Tselem dénonce des violations avérées des droits de l’homme par les soldats israéliens présents : tirs sur civils identifiés ou civils qui servent de boucliers humains. L’organisation souligne que le travail qu’elle a effectué a pris plusieurs mois notamment à cause de la défense israélienne qui ne lui a pas toujours donné les autorisations nécessaires.

Selon B’Tselem, les Palestiniens ont tué 9 personnes pendant la guerre : trois civils et un membre des services de sécurité israéliens sont morts dans des tirs de roquettes de groupes armés palestiniens contre le sud d’Israël à partir de la bande de Gaza, et cinq soldats ont été tués dans la bande de Gaza. Quatre soldats israéliens ont par ailleurs été tués par des « tirs amis » de leur propre camp, écrit l’ONG.

Des chiffres qui « contrastent » avec ceux avancés par l’armée israélienne, qui avance 1 166 morts, en précisant que 295 Palestiniens non impliqués dans les combats avaient été tués, dont 89 âgés de moins de seize ans, et 49 femmes. les services d’urgence palestiniens ont avancé le bilan de 1 382 morts, dont 447 enfants et 117 femmes. Ils ont précisé que celui-ci s’élevait à 1 503 morts en tenant compte des victimes décédées après le conflit à la suite de blessures. De son côté, le Centre palestinien pour les droits de l’homme (PCHR), qui publie également un bilan actualisé des victimes, affirme que 1 419 Palestiniens sont décédés durant l’opération, dont 1 167 étaient des non-combattants : 918 des civils (parmi lesquels 111 femmes et 318 enfants) et 249 des policiers non impliqués dans les hostilités.

Pierre Barbancey

07/09/09

Colonies. Israël persiste et signe

Netanyahou décidera dans les jours qui viennent « la construction de centaines de logements supplémentaires de façon à résoudre les problèmes qui existent dans plusieurs implantations », a déclaré hier le ministre des Transports, Yisrael Katz. L’avant-veille, un collaborateur du chef du gouvernement avait affirmé qu’il souhaitait approuver plusieurs projets nouveaux avant d’envisager un moratoire. Deux mille cinq cents logements sont actuellement en chantier dans les colonies de Cisjordanie et le gouvernement n’a pas l’intention d’interrompre les travaux, en dépit de leurs conséquences sur le processus de paix israélo-palestinien. 31/08/09

Israël. Ehoud Olmert inculpé pour corruption Trois chefs d’inculpation de corruption ont été retenus hier contre l’ex-premier ministre Ehoud Olmert, une première dans l’histoire d’Israël contre un ancien chef du gouvernement, a annoncé le bureau du procureur général Menahem Mazouz. Il est accusé de fraude, d’abus de confiance et de non-déclaration de revenus. Les accusations de corruption concernent ses passages à la mairie de Jérusalem puis au ministère du Commerce, de 1993 à 2006.

Netanyahou : pas de décision sur un gel de la colonisation Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a annoncé dimanche à la radio publique « qu’aucune décision » n’avait été prise par son gouvernement concernant un gel de la colonisation en Cisjordanie occupée. « Il s’agit là de rumeurs. Nous n’avons rien accepté. Nous poursuivons le dialogue avec Washington », a-t-il affirmé. L’administration Obama a paru reculer récemment sur cette question face à l’opposition d’Israël, indiquant qu’un gel total de la construction ne représentait pas une condition préalable à une reprise des négociations de paix avec les Palestiniens. 28/08/09

Bethléem 2000 n’émettra plus

Palestine. La radio palestinienne a été fermée par l’armée israélienne

Le 25 août, des militaires israéliens à bord de cinq jeeps investissaient les locaux de la radio privée Bethléem 2000, située dans la localité chrétienne de Beit Jala, en Cisjordanie occupée, juste en face de Bethléem. Après avoir intimé l’ordre au technicien de cesser les émissions, les militaires israéliens ont confisqué le matériel de la radio et démantelé les émetteurs.

Argument avancé par les soldats israéliens : « Les émissions de cette radio perturbaient les communications de l’aéroport international de Ben Gourion (Tel-Aviv. » Si c’était vraiment le cas, il suffisait pourtant de demander aux responsables de l’émetteur de diffuser sur une autre fréquence. En fait, radio Bethléem 2000, dirigée par Georges Canawati, n’est pas une radio politique et ne diffusait aucune émission sur des sujets dit sensibles : elle proposait essentiellement des programmes musicaux et culturels, et donnait la parole à ses auditeurs. Et de ce fait, elle dérangeait. Car, dans cette Palestine occupée, permettre à des jeunes Palestiniennes et Palestiniens de communiquer via une radio, en bref de rêver, du fait des entraves à la circulation des personnes, ne plaît pas aux autorités d’occupation.

En quittant les lieux, les soldats israéliens, qui ont « mis en garde » les responsables de la radio « contre une reprise de la diffusion », leur ont annoncé qu’elle « est fermée jusqu’à nouvel ordre » !

Pour les mêmes raisons, Radio Ramallah, pourtant située en secteur sous autorité directe de l’Autorité palestinienne (c’est le cas également de Bethléem), a été fermée à plusieurs reprises ces dernières années. L’an dernier, trois radios locales palestiniennes à Hébron avaient subi le même sort.

Hassane Zerrouky

27/08/09

Netanyahou veut le beurre et l’argent du beurre colonial

Proche-Orient . L’abandon de Jérusalem et la démilitarisation du futur État palestinien sont aussi des préalables à toute négociation, affirme le premier ministre israélien, en visite en Europe.

En plus du refus du retrait des territoires occupés, conformément aux résolutions onusiennes, de l’arrêt de la colonisation et du démantèlement des constructions existantes, de la reconnaissance de l’existence d’un État palestinien ayant Jérusalem-Est pour capitale, Benyamin Netanyahou, qui a rencontré mardi, à Londres, le premier ministre britannique, Gordon Brown, avant de s’entretenir, hier, avec l’émissaire de Barack Obama, George Mitchell, n’a formulé aucune proposition susceptible de permettre la relance des négociations avec les Palestiniens.

À l’issue de sa rencontre avec son homologue britannique, qui le pressait de geler la colonisation, le premier ministre israélien a certes admis que « la question des colonies est un problème ». Mais pour aussitôt lui opposer « le refus des Palestiniens de reconnaître en Israël un État juif ». Et s’il refuse que Jérusalem-Est soit la capitale de l’État palestinien, arguant qu’elle « n’est pas une colonie » et qu’elle est la « capitale indivisible et éternelle » d’Israël, il se fait fort d’exiger des « garanties » (lesquelles et en contrepartie de quoi ?) pour les 500 000 colons juifs installés en Cisjordanie.

En outre, il exige des Palestiniens que leur futur État soit « démilitarisé », à savoir un État dépourvu des attributs de sa souveraineté ! Mieux, Netanyahou a préconisé un accord permettant la poursuite de sa politique d’implantations coloniales tout en acceptant de reprendre des pourparlers de paix avec les Palestiniens. En résumé, il veut le beurre et l’argent du beurre colonial.

Avant de s’envoler vers Berlin, où il doit rencontrer la chancelière allemande, Angela Merkel, Benyamin Netanyahou s’est entretenu, durant quatre heures, dans la matinée d’hier, avec l’émissaire d’Obama, George Mitchell. Sans faire état d’un quelconque progrès sur la question de la colonisation.

Dans un communiqué commun, publié à l’issue de la réunion, les deux hommes sont convenus de reprendre les discussions la semaine prochaine, aux États-Unis. « Il est nécessaire de commencer des négociations constructives entre Israël et les Palestiniens pour avancer vers un accord de paix régional », indique ce communiqué, appelant toutes les parties à « prendre les mesures pratiques permettant de faire progresser la paix ». Le communiqué ne mentionne pas la question de la colonisation et n’évoque pas la question du nucléaire iranien. Qui plus est, on ne sait pas si la proposition selon laquelle Netanyahou serait prêt à accepter un gel de la colonisation pour une durée de six mois (et non un arrêt définitif) en échange de l’adoption, par Washington, d’une position plus dure au Conseil de sécurité à l’égard de Téhéran, évoquée par le quotidien britannique The Guardian dans son édition internationale de mercredi, a été traitée au cours de ces discussions. De fait, tout porte à penser que les deux parties se sont séparées sur un désaccord.

Côté palestinien, l’Autorité palestinienne a décidé de prendre les devants : elle veut mettre en place de facto, avant deux ans, son propre État. « Nous avons décidé de faire preuve d’initiative, d’accélérer la fin de l’occupation en travaillant très dur pour mener des actions positives sur le terrain, de façon à voir émerger notre propre État comme un fait qui ne peut être ignoré », a déclaré le premier ministre palestinien, Salam Fayyad. Cela obligerait, a-t-il assuré, Israël à abattre ses cartes ! 25/08/09

Bande de Gaza Le Hamas islamise l’école À l’occasion de la rentrée des classes, le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a décidé d’imposer aux lycéennes le port du « jilbab » (une longue robe ample) et de rendre obligatoire le port du foulard. Au nom de la charia, la direction de l’enseignement veut également féminiser le personnel enseignant dans les écoles publiques de filles afin d’interdire la mixité. Selon le porte-parole du gouvernement du Hamas, Taher Al Nounou, ces mesures viseraient à « alléger la charge financière des parents à cause du blocus (israélien) et de la situation économique asphyxiante ». États-Unis Nouvelle audience pour Troy Davis La Cour suprême des États-Unis a décidé de tenir une nouvelle audience en vue de réexaminer des éléments à même de disculper Troy Davis. Condamné à la peine capitale en 1991, il se trouve depuis dix-huit ans dans les couloirs de la mort en Géorgie pour le meurtre d’un officier de police qu’il a toujours nié. En avril 2009, le juge fédéral des États-Unis, Rosemary Barkett, avait déclaré : « L’exécution de Davis, compte tenu du nombre important de preuves qui pourraient établir son innocence, est inconcevable et anticonstitutionnelle. » Malawi Des enfants ouvriers intoxiqués à la nicotine Environ 50 cigarettes par jour. C’est l’équivalence de l’empoisonnement à la nicotine dont sont victimes des milliers d’enfants malawites travaillant dans les plantations de tabac. Souvent dénués de protection vestimentaire, les petits ouvriers souffrent de migraines violentes, douleurs abdominales, faiblesse musculaire, toux et difficultés respiratoires provoquées par l’absorption par la peau de la nicotine dissoute, selon un rapport publié par l’ONG Plan.

Netanyahou en Europe pour défendre sa politique coloniale Proche-Orient . Le premier ministre israélien veut convaincre Washington, Londres et Berlin du bien-fondé de sa politique d’occupation. Avant même les entretiens que doit avoir Benyamin Netanyahou à Londres demain avec l’émissaire américain, George Mitchell, l’un de ses porte-parole, Nir Hefetz, a donné le ton : « Le premier ministre s’attend à ce qu’il y ait des progrès mais pas de véritable percée. » En effet, la décision de suspension des appels d’offres publics pour la construction de logements en Cisjordanie jusqu’au début de l’année 2010, que Barack Obama s’est empressé de saluer comme un « geste » allant dans « la bonne direction », n’a jamais été officialisée par l’État israélien. Bien au contraire, selon l’ONG israélienne La Paix maintenant, la colonisation se poursuit de plus belle : les permis déjà délivrés par les autorités israéliennes permettent la construction de près de 40 000 logements, souligne l’ONG. Qui plus est, le gouvernement israélien vient de débloquer la construction de 450 logements à Jérusalem-Est. À l’évidence, Netanyahou n’arrive pas en Europe porteur de véritables propositions capables de débloquer la situation. Auprès de son homologue britannique qu’il a rencontré hier en fin d’après-midi à Londres, il a présenté sa politique de suspension des appels d’offres pour la construction de logements comme un geste essentiel à même de permettre une reprise des discussions israélo-palestiniennes. Mais dans le même temps, il a insisté sur la nécessité pour Israël « de répondre aux besoins normaux » des colons. Il devrait tenir un langage analogue aujourd’hui auprès de la chancelière allemande, Angela Merkel. De fait, il est fort à craindre qu’à la suite de Barack Obama, Gordon Brown et Angela Merkel trouvent dans le plaidoyer de Netanyahou des signes augurant une reprise des discussions avec les Palestiniens. Si c’est le cas, la pression sera dans le camp palestinien et arabe, puisque – Barack Obama les avaient appelés à faire à leur tour des concessions. Or les pays arabes et l’Autorité palestinienne ont, à travers l’offre de paix adoptée en 2002 à Beyrouth, fait plus qu’un geste à l’égard d’Israël. Ils ne proposaient rien de moins qu’une normalisation des relations avec ce pays en échange de son retrait de tous les territoires occupés, y compris le Golan syrien et Jérusalem-Est, depuis 1967. Une offre de paix réitérée à Riyad en mars 2007 et à laquelle Israël avait opposé une fin de non-recevoir après avoir tergiversé. George Mitchell, qui doit s’entretenir avec Benyamin Netanyahou demain, et qui, a indiqué la Maison-Blanche, est en train de finaliser un texte devant servir de base aux négociations entre Israéliens et Palestiniens, pourrait bien éprouver cependant les pires difficultés à le faire accepter par Israël. Avigdor Lieberman, qui a fait mine de ne pas être au courant de la décision de suspension des appels d’offres de construction en Cisjordanie, a qualifié dimanche d’« irréaliste » le « rêve du président Obama » de parvenir à la paix et à la création d’un État palestinien en deux ans. Et de lancer : « Lorsque nous avons signé les accords d’Oslo en 1993, nous avons cru devoir nous donner comme objectif un accord global dans les cinq années suivantes. Seize années ont passé. Et même en attendant encore seize ans, nous n’aurons pas d’accord. » Hassane Zerrouky

24/08/09 Israël-Palestine La colonisation se poursuit en Cisjordanie et à Jérusalem-Est Quelque 600 logements ont été construits dans des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, indique un rapport du mouvement La Paix maintenant, rendu public hier. « La construction continue avec le soutien du gouvernement dans les grands blocs de colonies, et de façon détournée dans les colonies isolées », affirme le document. Par ailleurs, un plan visant à créer une nouvelle colonie sur un quartier de la partie orientale de Jérusalem annexée a été soumis pour approbation aux autorités municipales, relevait hier le quotidien Haaretz. L’initiative de ce projet revient à l’association Elad (extrême droite).

19/08/09 Une lettre de Salah Hamouri à l’Humanité PALESTINE .Le jeune prisonnier franco-palestinien d’Israël a réussi à nous écrire depuis le fond de sa cellule. Nous en publions ici l’intégralité. Chers amis, chers camarades, chers combattants de la liberté et de la solidarité Après la demande écrite du président français Nicolas Sarkozy au premier ministre israélien concernant ma libération anticipée, j’ai besoin de parler de certains points. Le ministre de l’Intérieur israélien Eli Ishay considère que la demande de monsieur Sarkozy est insolente… Si on connaît un peu l’histoire contemporaine israélienne, il faut parler de Plato Sharon, Franco-Israélien qui a été empêtré dans des affaires douteuses en France, il a évité l’extradition d’Israël vers la France qui voulait le juger et l’emprisonner parce qu’ il a pu devenir député au Parlement israélien là aussi après des transactions financières douteuses qui lui ont coûté quelques mois de prison… En Israël, il y a une justice à plusieurs vitesses, une justice pour les juifs, une pour les Arabes. En 2001, un colon israélien (Nahum Korman) a battu à mort un enfant palestinien de onze ans (Hilmi Shosha) dans la région d’Hébron. Après un plaider coupable (plea bargain), il a été condamné à six mois de travaux d’intérêt général. Le message est clair : les Israéliens peuvent tuer les Palestiniens en toute impunité. Pour monsieur Ishay, rien d’insolent à cela… Est-ce la destruction des maisons palestiniennes à Jérusalem qui est une insolence ou la poursuite de la colonisation et le vol des terres palestiniennes ? J’aimerais bien sûr être libéré et rejoindre ma famille mais ce que je souhaiterais surtout, c’est une position européenne qui défende vraiment les Palestiniens, victimes de l’occupation depuis soixante et un ans. C’est aussi une position française qui respecte et défend le droit légitime des Palestiniens à vivre dignement et en paix dans leur État libre.

Cette demande est-elle aussi insolente ?

Salah Hamouri, prison de Guilboa section I Le 11 août 2009
Salah Hamouri dans le Soir

Consacrant un grand portrait au jeune homme, le quotidien belge évoque « l’appui limité des autorités françaises ». Bruxelles (Belgique), correspondance particulière. Le journaliste belge Baudouin Loos, grand spécialiste du Proche-Orient pour le journal le Soir, a consacré la semaine dernière une page portrait à Salah Hamouri, ce jeune Franco-Palestinien pour la libération de qui notre journal se mobilise depuis des mois. Un soutien que souligne le journaliste, tout en notant à quel point la presse française s’est montrée « lente au démarrage » dans l’information sur ce cas flagrant d’injustice et d’emprisonnement abusif. Il relève par exemple que « les enquêteurs israéliens n’ont pas ménagé leurs efforts pour trouver des preuves du complot contre le rabbin Yossef » que Salah Hamouri est accusé d’avoir projeté. Mais, ajoute-t-il, « sans y parvenir ». Il relève aussi « l’appui assez limité » des autorités françaises au jeune homme : « Trois minutes de contact entre la mère de Salahet Bernard Kouchner en 2007, puis une audience à l’Élysée le 25 juin par Boris Boillon, conseiller de Sarkozy, qui annonce la lettre que le président a envoyée à Netanyahou. » Il mentionne en revanche la mobilisation du comité de soutien constitué en 2008 et présidé par Jean-Claude Lefort où « une soixantaine de députés et sénateurs de tout bord côtoient des personnalités, dont Mgr Gaillot, Albert Jacquard ou Edgar Morin, qui s’horripilent de la différence de traitement observée par les autorités entre le Franco-Palestinien et un Franco-Israélien, Gilad Shalit, le soldat israélien enlevé à la frontière de Gaza pour lequel Nicolas Sarkozy s’est engagé, recevant plusieurs fois la famille ». Il note aussi que « Noam, le père de Gilad, a répondu à une lettre de Denise Hamouri formulant une prière pour la libération rapide des deux jeunes hommes ». L’article se conclut sur une réflexion du juge qui, le 28 juillet, a refusé de libérer Salah, comme la loi israélienne l’y autorisait pourtant. « Vous n’êtes pas guéri », a-t-il dit au jeune homme qui continue de proclamer le droit de son peuple à résister à l’occupation.

Françoise Germain-Robin

Le 17/08/09

Quand Netanyahou fait un bras d’honneur à Sarkozy

Israël. Le président français, qui avait demandé, en catimini, une « mesure de clémence » envers Salah Hamouri, essuie un arrogant refus du premier ministre. Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a répondu avec mépris à la France : il a rejeté, jeudi, la demande de Nicolas Sarkozy de libérer notre compatriote Salah Hamouri. Un rejet motivé comme suit : « Le premier ministre a décidé de rejeter la demande de libération de ce Palestinien à la suite de la recommandation de la commission de libération du ministère de la Justice, qui a repoussé sa demande car il n’a jamais exprimé de regret. » Le conseiller juridique du gouvernement israélien, qui fait office de procureur général, Menahem Mazouz, a estimé, dans un avis, que Salah Hamouri continuait à « représenter un danger pour la sécurité du pays ». C’est une véritable claque pour l’Élysée qui, jusqu’à présent, avait traité ce dossier sans trop de considération. Vérité à Tel-Aviv, erreur à Téhéran ? Il a fallu la pression du comité pour la libération de Salah, des articles de presse, pour que les autorités françaises commencent à s’inquiéter. Or, contrairement à d’autres cas, le Quai d’Orsay recommandait la « diplomatie silencieuse ». Comme si, en l’occurrence, il ne fallait pas gêner Tel-Aviv. Nicolas Sarkozy n’a ainsi jamais prononcé publiquement le nom de Salah Hamouri. Il n’a pas non plus reçu sa famille, laissant ce soin, il y a seulement quelques semaines, à l’un de ses conseillers. En revanche, il a reçu et même écrit aux parents de Gilad Shalit, ce soldat israélien possédant également la nationalité française, capturé dans la bande de Gaza. Sarkozy a rencontré les parents de Florence Cassez, incarcérée au Mexique, et il est intervenu auprès de son homologue mexicain pour la libération de la jeune femme. Ces derniers jours, on a entendu le président français et son ministre des Affaires étrangères exiger la libération de Clotilde Reiss, cette universitaire française arrêtée en Iran, où elle était lectrice. La France a dénoncé une arrestation arbitraire de la part de Téhéran, des accusations « dénuées de tout fondement » et a annoncé être prête à tout mettre en oeuvre pour la libération de Clotilde. Le Figaro de samedi révèle même que « le chef de l’État gère en direct l’affaire Clotilde Reiss ». Le refus de Netanyahou doit amener les autorités françaises à changer d’attitude. La France doit se faire plus pressante, mettre tout en oeuvre pour obtenir la libération de Salah Hamouri parce que les accusations portées contre lui sont « dénuées de tout fondement », sauf à penser qu’un tribunal militaire d’occupation, parce qu’il est israélien, aurait plus de valeur qu’un tribunal iranien. Sauf à penser que le « plaider-coupable » de Salah Hamouri – ce qui lui permettait d’être condamné à une peine bien inférieure à celle qu’il aurait reçue s’il niait – a valeur d’aveux. Salah pas plus que Clotilde ne peuvent être condamnés dans de telles conditions. Dans la lettre qu’il avait fait parvenir à Netanyahou, mais jamais rendue publique comme si, là encore, on avait peur d’indisposer Israël, Nicolas Sarkozy demande une « mesure de clémence ». Ce qui laisse entendre que le président français, pourtant avocat de formation, prêterait un quelconque crédit à un tribunal militaire illégal. Le général de Gaulle était donc coupable, en son temps, jugé sous occupation de notre pays ? Netanyahou motiverait son refus par une absence de « regrets » de la part de Salah ! Mais Salah est innocent, tout comme Clotilde Reiss. Exprime-t-on des regrets pour un acte qu’on n’a pas commis ? Ce qui est plus grave, c’est que la discrétion dont font preuve les autorités françaises s’agissant du cas de Salah Hamouri est bien l’expression d’un soutien à la politique israélienne. Paris, comme Bruxelles, serait bien inspiré de prendre enfin des mesures de nature à ramener Tel-Aviv dans le chemin du droit international, celui qui condamne l’occupation des territoires palestiniens, la destruction de maisons palestiniennes ou le blocus imposé à la population de la bande de Gaza. Soutenir la libération de Salah Hamouri, c’est rejeter l’arbitraire colonial qui fait de tout Palestinien un « terroriste » en puissance.

Pierre Barbancey

PAR BRUNO ODENT

C’était il y a plus de sept ans déjà. Marwan Barghouti était fait prisonnier en plein coeur de la terre palestinienne, à Ramallah, par un commando de l’armée d’occupation israélienne. En violation flagrante du droit international puisque l’un des plus hauts représentants du peuple palestinien était ainsi arrêté en territoire occupé et transféré vers une prison de la puissance occupante. Ce qu’interdisent très précisément ces conventions de Genève dont on célébrait hier le soixantième anniversaire.

Procès biaisé, actes de résistance systématiquement assimilés par la partie civile (sic) israélienne à du terrorisme, condamnation à cinq peines de prison à vie, séjours successifs à l’isolement, périodes de détention dans des conditions inhumaines, se sont succédé durant ces sept années d’emprisonnement illégal.
Et pourtant rien n’aura permis de briser physiquement et surtout moralement Marwan Barghouti, qui bénéficie d’une aura extraordinaire en terre palestinienne. Au point d’y être encore et de très loin le dirigeant le plus populaire. Son élection toute récente à la direction du Fatah et maintenant le débat qui refait irruption au sein même du cabinet israélien sur le bien-fondé ou non de son éventuelle libération sont le signe d’un charisme étonnamment intact qui fait toujours de lui un interlocuteur décisif en dépit de son enfermement. Il est un personnage « clé », comme le furent jadis d’autres grands résistants à un moment décisif de l’histoire de leurs peuples opprimés. Comment ne pas penser à Nelson Mandela en ces temps où les autorités israéliennes dominées par les ultras bâtissent des murs dans l’espoir de consolider définitivement un système d’apartheid ?

Le « document des prisonniers », rédigé du fond de sa cellule en juin 2006 avec d’autres détenus politiques palestiniens, dont des dirigeants du Hamas ou du Djihad islamique, constitue l’une des initiatives politiques parmi les plus marquantes du leader palestinien. Alors que le Hamas et le Fatah s’affrontaient ouvertement sur le terrain avec la bénédiction des autorités occupantes israéliennes, ce texte a cherché à sceller l’unité nationale au-dessus des clans, du fait religieux ou de ces avantages si particuliers qu’ouvre la corruption qui mine malheureusement une partie de l’administration palestinienne. Voilà pourquoi Marwan Barghouti incarne avec autant de force l’unité de son peuple et sa légitimité à résister à l’occupation.

Les signaux émis ces jours-ci illustrent à leur manière combien la libération de Barghouti peut être décisive pour qui entend en venir à un vrai début de solution au Proche-Orient. Avec comme préalable la fin de la colonisation et le retrait d’Israël des territoires qu’il occupe depuis 1967. Pour permettre l’avènement d’un État palestinien viable à « côté de celui d’Israël », comme le souligne l’inspirateur de la deuxième Intifada qui ne cache pas son ouverture à la société israélienne – il parle parfaitement l’hébreu – et sa disponibilité pour une négociation fondée sur ces principes-là.

Il ne faut pas se leurrer cependant. Les extrémistes savent qu’ils n’ont rien de bon à attendre d’une libération du leader de la résistance palestinienne. Ils le préfèrent au fond d’une prison, voire mort. « Seulement pris ? Dommage », avait regretté Ariel Sharon en avril 2002 en apprenant son interpellation.
Le combat des Palestiniens comme l’amplification du mouvement de solidarité internationale sont donc, on l’aura compris, plus indispensables que jamais afin que la libération de Marwan devienne incontournable. Pour que justice soit faite. Mais aussi pour déverrouiller enfin la situation au Proche-Orient.

EVENEMENT

Le gouvernement israélien joue toujours le blocage

Netanyahou ne répond à aucune des offres de paix palestiniennes et son ministre d’extrême droite, Lieberman, parle de « fossé insurmontable ».
C’est tout un symbole. Après les déclarations du Fatah lors de son congrès, rappelant son attachement au processus de paix et donc au dialogue avec Israël – tout en soulignant son droit à la résistance – c’est Avigdor Lieberman, le chef de la diplomatie israélienne, personnage d’extrême droite et sous le coup d’accusation de détournement de fonds, qui a donné la réponse du gouvernement de Netanyahou.

« Les positions radicales et intransigeantes des Palestiniens sur Jérusalem, le droit au retour (des réfugiés) et les blocs de colonies créent un fossé insurmontable entre nous », a déclaré Lieberman, alors qu’il recevait une délégation démocrate du Congrès américain. « Par conséquent, la politique israélienne doit être basée sur une réalité et non pas une illusion, tout en maintenant le dialogue avec les Palestiniens et en améliorant les arrangements de sécurité et la situation économique des Palestiniens, a-t-il ajouté. C’est le maximum auquel nous pourrons parvenir dans les années à venir. » Et pour bien enfoncer le clou, il a asséné : « Tout objectif extravagant consistant par exemple à imposer un accord selon un calendrier défini se soldera une nouvelle fois par un échec, une déception, voire un affrontement. C’est une politique réaliste et le reste n’est que des exercices de relations publiques traduisant un manque de compréhension du processus en cours. »

Il faut lui reconnaître le mérite de la franchise. Ce faisant, il ne s’adresse pas seulement aux Palestiniens, mais à l’ensemble de la communauté internationale, aux États-Unis en premier lieu et à l’Union européenne (UE). Lieberman n’est pas isolé, même si certains ministres du même gouvernement tentent de tirer leur épingle du jeu, tablant sur un effondrement de la majorité gouvernementale et se plaçant déjà en recours. Comment comprendre autrement les déclarations de Benyamin Ben Eliezer, ministre du Commerce, qui dit : « Si les Américains l’ont demandé (de geler de la colonisation – NDLR), il faut le faire. » Durant le gouvernement travailliste Barak, auquel il appartenait, la colonisation n’a jamais autant progressé ! Quant au président israélien Shimon Peres, il s’efforce de minimiser les divergences entre Israël et les États-Unis. « Le seul point sur lequel nous divergeons est la construction dans les colonies existantes. Je crois que cela est négociable », a dit l’ancien travailliste.

Le directeur général du mouvement israélien anticolonisation, Yariv Oppenheimer, a tourné en dérision les critiques exprimées à l’encontre du Fatah et du document adopté à l’issue de son congrès. « Ceux qui croyaient que les Palestiniens étaient sur le point de prêter allégeance au Mouvement sioniste international seront déçus, mais les réalistes qui sont prêts à analyser le congrès honnêtement auront vu des indications positives et sans précédent de la part des Palestiniens sur leur volonté de faire la paix avec Israël », dit-il. Malheureusement, les grands médias israéliens – à l’exception d’Haaretz pour le moment – enfourchent, à la suite du gouvernement, la vieille antienne : il n’y a pas de partenaire pour la paix. Un argument éculé qui leur permet de renvoyer la libération de Marwan Barghouti aux calendes grecques et par là la création d’un État palestinien.

Marwan Barghouti « Un prisonnier illégal »

Daniel Voguet, avocat, qui a suivi le procès du leader palestinien, estime que sa libération serait une chance pour les Palestiniens et pour Israël.

Vous avez fait partie du Comité international de défense de Marwan Barghouti et suivi son procès. Que pouvez-vous nous dire de l’homme ?

Daniel Voguet. Je veux d’abord rappeler l’illégalité totale de son procès et de sa condamnation : cinq fois la perpétuité et quarante ans de sûreté ! Il avait été enlevé dans un territoire occupé par la puissance occupante et transféré dans le pays occupant, ce qui est totalement contraire aux conventions de Genève dont on célèbre ces jours-ci les soixante ans. Quant à l’homme, je l’ai rencontré plusieurs fois : j’étais à toutes les audiences, parfois avec Gisèle Halimi et des élus français, comme le député Jean-Claude Lefort, ou de la Gauche européenne comme Francis Wurtz et Louisa Morgantini. Je l’ai aussi rencontré plusieurs fois en prison et me suis entretenu avec lui. Son procès a été un procès politique car c’est un dirigeant important du Fatah pour la Cisjordanie et un député. Il a été poursuivi pour cela, pour le rôle qu’il a joué dans la résistance à l’occupation. Ils l’ont qualifié de terroriste comme l’avaient fait les autorités françaises pour les résistants algériens.

N’était-il pas très engagé dans la lutte armée ?

Daniel Voguet. En fait, il était le responsable de la deuxième Intifada, qui était un mélange de lutte armée et de protestation populaire, avec manifestations, attaques contre les soldats et harcèlement des colons. Mais son objectif, il nous l’a longuement expliqué, était des négociations avec Israël pour un État palestinien viable, débarrassé des colonies. C’est d’ailleurs ce qui ressort de la déclaration des prisonniers qu’il a publiée avec des responsables de divers mouvements mais aussi du Hamas, emprisonnés avec lui.

Que signifierait sa libération selon vous ?

Daniel Voguet. Le gouvernement israélien, en l’arrêtant, a voulu donner un signe fort aux dirigeants palestiniens et leur signifier que la lutte armée entraînerait une répression terrible. Le libérer aujourd’hui serait le signe qu’Israël veut créer les conditions de vraies négociations de paix. Barghouti est resté très populaire, comme vient de le montrer son élection à la direction du Fatah avec un nombre impressionnant de voix. Mais sa popularité dépasse largement le cadre du Fatah. Il est de ceux qui sont pour un dialogue, voire une union avec le Hamas pour présenter un front uni face à l’occupant. Il est de ceux qui peuvent rassembler des gens d’opinion politiques différentes. C’est très nécessaire à un moment où la division du mouvement national palestinien l’entraîne dans une impasse et sert de prétexte à Israël pour refuser tout dialogue sérieux, toute concession. Cela contribuerait à ouvrir les portes de l’avenir pour les deux pays, la Palestine mais aussi Israël.

La presse israélienne évoque Salah Hamouri

tel-aviv . La campagne pour la libération de notre compatriote a permis de briser le mur du silence. Elle se poursuit.

La presse israélienne vient de découvrir le cas de Salah Hamouri. Les plus importants quotidiens du pays – Haaretz, Yediot Aharonot, Jerusalem Post – ont fait état, mercredi, d’une lettre de Nicolas Sarkozy au premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Le titre du Yediot Aharonot ne souffre pas d’ambiguïté : « Sarkozy demande à Netanyahou de libérer un terroriste palestinien ». Idem pour le Jerusalem Post pour qui « la France requiert la libération d’un terroriste ». Le Haaretz n’utilise pas la même expression mais fait sienne l’accusation non prouvée du tribunal quant à la conspiration pour assassiner le rabbin Ovadia Yossef.

Les trois journaux reconnaissent que cette demande « inhabituelle » de la part de Sarkozy « a été faite après que des groupes pro-palestiniens en France eurent fait du lobbying pour la libération du Palestinen, dont l’emprisonnement a été lié là-bas à la captivité du soldat des forces de défense israéliennes Gilad Shalit » (Haaretz). Le Yediot préfère citer le Figaro, qui dit également que « l’appel de Sarkozy fait suite à des pressions massives de groupes pro-palestiniens en France qui travaillent à la libération d’Hamouri ».

Au-delà du vocabulaire utilisé – somme toute assez typique dans les colonnes toujours blindées des journaux israéliens -, ces articles montrent que la campagne lancée par le comité pour la libération de Salah et relayée quotidiennement par l’Humanité porte ses fruits. Le mur du silence a été brisé, en France comme en Israël. Ce qui ne peut que nous pousser à poursuivre ce combat. Avec un temps fort d’ores et déjà annoncé, la Fête de l’Humanité, à laquelle devrait participer Denise Hamouri, la mère de Salah.

P. B.
De l’eau pour les Palestiniens

Dans les villages de Qarawat Bani Zayid, Kufr’Ayn, Beit Rima, Deir Ghasane et Nabi Salah, en Cisjordanie, lorsque les habitants ouvrent leurs robinets, aucune eau ne coule, ni pour boire ni pour se laver. En plein été, alors que la chaleur est torride, la situation fait craindre le pire. D’autant que, dépendant du bon vouloir d’Israël en matière d’eau, les Palestiniens sont rationnés et n’ont droit qu’à 48 litres d’eau par jour et par personne, soit la moitié de ce qui est recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les Israéliens et les colons, eux, ont droit à cinq fois cette quantité ! C’est aussi cela l’occupation. Aujourd’hui,7 aout 2009 plusieurs convois de citernes d’eau se rendront dans ces villages, à l’initiative d’organisations israéliennes politiques (comme le Parti communiste) ou de défense des droits de l’homme (Physician for human rights…)

Un journaliste français arrêté par la police à Jérusalem

Israël. Notre confrère prenait des photos de l’expulsion de familles palestiniennes dans la partie occupée de la ville. L police et l’armée israéliennes ont beau marteler que, quoi qu’elles fassent à Jérusalem-Est, elles sont dans leur droit puisque « Jérusalem est la capitale une et indivisible d’Israël » (même si aucun pays au monde ne reconnaît l’occupation de la partie orientale de la ville), il semble néanmoins que les témoins ne soient pas les bienvenus. Pour preuve, ce qui s’est passé en début de semaine, dans le quartier de Sheikh Jarrah. deux familles palestiniennes

EXPULséES

La police anti-émeute israélienne a expulsé deux familles palestiniennes, Ghawi et Hanoun, de leurs maisons. Elles vivaient là depuis cinquante ans, depuis qu’elles sont devenues réfugiées en 1948, forcées de quitter – déjà – leurs habitations situées dans ce qui est maintenant Jérusalem-Ouest. Un tribunal israélien, saisi par un organisme de colons, Nahalat Shimon International, a ordonné aux deux familles de quitter leurs domiciles, leur donnant jusqu’au 19 juillet pour le faire, sous peine d’emprisonnement et d’amendes. Les maisons reviendraient aux colons. « Nahalat Shimon International veut démolir toute une partie du quartier, en chassant plusieurs centaines de Palestiniens, pour construire 200 logements pour des colons », affirme l’ONG israélienne Ir Amim, spécialisée dans le suivi de la colonisation de la partie orientale de Jérusalem, occupée et annexée par Israël en 1967.

Fin juillet donc, les colons sont arrivés à Sheikh Jarrah, sous protection policière, pour prendre possession des lieux. Les familles palestiniennes étaient encore là. Avec elles, des militants internationaux, venus les soutenir. Parmi eux, un groupe de Génération Palestine et un journaliste français (carte de presse n° 106 731), Nadir Dendoune. Notre confrère était en train de prendre des photos lorsque les policiers israéliens l’ont embarqué manu militari. Il raconte : « Ils m’ont emmené jusqu’à leur voiture et m’ont pris mon passeport non sans m’avoir donné des coups dans le ventre. L’un d’eux m’a dit qu’ils allaient me tuer tout en passant son pouce sur sa gorge, en signe d’égorgement. Un autre a dit que je n’étais pas français, que je m’appelais Nadir et que j’étais un putain d’arabe. » Dendoune est alors transféré au sinistre commissariat du Russian Compound, à Jérusalem, connu pour les sévices infligés aux prisonniers palestiniens. « Ils m’ont mis avec des Palestiniens dans une cellule. Les gardiens venaient me réveiller toutes les heures en demandant, à chaque fois, mon nom, mon prénom et ceux de mon père. » Il est ensuite présenté devant un tribunal, mains et pieds menottés, comme un criminel. L’audience n’aura pas duré dix minutes. « On lui reprochait deux choses », précise Léa Tsemel, avocate israélienne des droits de l’homme, bien connue, venue défendre Nadir. « D’abord d’être entré dans une propriété privée », c’est-à-dire les maisons que les colons se sont octroyées, et « d’avoir dérangé un policier ». Léa Tsemel, comme nous, ne sait pas très bien ce que signifie « déranger un policier ». Habituée au surréalisme judiciaire israélien, elle traduit cela par un refus d’obéissance. Nadir n’a plus le droit de se rendre à Sheikh Jarrah pendant 181 jours ! Une condamnation qui témoigne à elle seule du caractère politique de l’infraction reprochée au journaliste et autres inculpés : des Américains, des Suédois, des Allemands, des Britanniques et quelques Israéliens et Palestiniens.

Les Palestiniens dénoncent la colonisation

Les Palestiniens, qui veulent faire du secteur oriental de Jérusalem la capitale de leur futur État, dénoncent la colonisation comme le principal obstacle au processus de paix. Plus de 200 000 Israéliens sont installés dans une douzaine de quartiers de colonisation à Jérusalem-Est, où vivent 270 000 Palestiniens. Le but d’Israël est de judaïser la ville et de refuser ensuite aux Palestiniens toute revendication sur Jérusalem. Nadir en a été le témoin. La police a saisi ses clichés.

Pierre Barbancey

Israël Attaque meurtrière contre des homosexuels Deux personnes ont été tuées et quinze blessées dans la nuit de samedi à dimanche quand un homme masqué a ouvert le feu à l’intérieur d’un centre d’aide aux homosexuels à Tel- Aviv. L’attaque a fait deux morts, Nir Katz (vingt-six ans) et Liz Tarbishi (dix-sept ans), ainsi que trois blessés graves. « Nous n’en sommes qu’à la phase préliminaire de l’enquête. Les recherches se poursuivent, et nous ne sommes pas certains du motif de cette attaque, aucune menace n’ayant été récemment proférée contre le centre », a déclaré le commandant Shahar Ayalon, chef de la police de Tel-Aviv. Si l’enquête confirme la motivation homophobe, il s’agirait de l’agression la plus grave jamais commise en Israël contre des gays et des lesbiennes. Jérusalem-Est Des Palestiniens expulsés au profit de colons Israël a poursuivi la colonisation juive à Jérusalem-Est en expulsant hier des Palestiniens de deux maisons. « Je suis né dans cette maison, et mes enfants aussi. Je résidais ici légalement, et maintenant, nous sommes à la rue. Nous sommes des réfugiés », s’est s’insurgé Maher Hanoun après avoir été expulsé de chez lui à Sheikh Jarrah. Ce quartier est l’un des plus prestigieux de la partie arabe orientale de Jérusalem conquise et annexée en 1967 par Israël, où les Palestiniens veulent établir la capitale de leur futur État

Juifs et Arabes, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, se sentaient tous palestiniens

Le mouvement de la paix israélien en miettes

Entretien . Michel Warschawski est journaliste et auteur israélien engagé dans le combat anticolonial. Il vient de publier l’ouvrage Destins croisés.

Ce qui frappe dans votre dernier livre, c’est la manière dont vous montrez comment le sionisme a été, entre les deux guerres mondiales, mal perçu par toutes les communautés qui vivaient alors en Palestine, car juifs et Arabes, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, se sentaient alors tous palestiniens. C’est le sionisme qui a brisé les liens entre eux ?

Michel Warchawski. Oui, bien sûr. Le sionisme appuyé sur le colonialisme de la puissance mandataire, la Grande-Bretagne. La plupart des familles juives qui vivaient là depuis le XVIIIe siècle ont vu d’un très mauvais oeil l’arrivée des nouveaux immigrants. Ces nouveaux juifs qui arrivaient d’Europe, de Russie ou des États-Unis étaient des étrangers. Ils n’avaient pas la même culture, pas le même mode de vie. Ils se nourrissaient et s’habillaient différemment. Ils parlaient d’autres langues. Les juifs du cru, eux, parlaient l’arabe. Le grand rabbin séfarade d’Hébron était lui-même arabe. Les juifs de Palestine se sont sentis envahis, tout comme les Arabes, avec qui ils entretenaient de bonnes relations. Ils ont tout de suite vu que cette immigration allait remettre en cause ces relations, ce qui a été confirmé dès 1929 par le massacre des juifs d’Hébron.

Pourtant, aujourd’hui, il n’y a plus de différence. Comment s’est faite l’intégration ?

Michel Warschawski. Cela a pris du temps. Au début, les sabra (1) étaient écrasés entre le mouvement sioniste et la communauté arabe qui les a vite considérés comme des ennemis. Ils étaient en marge. Ils ne se sentaient pas partie prenante de ce qui se passait. Le tournant date des années soixante-dix et c’est Begin qui a réussi à les intégrer à la vie politique, comme il l’a fait pour les séfarades. Aujourd’hui, la plupart sont passés à droite, voire à l’extrême droite, alors que pour leurs ancêtres, le sionisme, c’était le diable et l’Arabe était le voisin. L’autre tournant, c’est 2000. Alors que dans la période qui a précédé, la société israélienne avait réussi à renouer les contacts avec les Arabes, redevenus visibles grâce l’Intifada et à Oslo. On avait l’impression d’aller vers la normalisation. Et patatras, Barak a tout cassé à Camp David. Je n’oublierai jamais le discours qu’il a fait à son retour. Il a dit : « Il n’y a plus de partenaire. Ils nous ont tendu la main pour nous endormir et nous jeter à la mer ensuite. » Ce discours répété par tous les médias – y compris Haaretz – a provoqué l’écroulement du Mouvement pacifiste israélien qui ne s’en est jamais remis. Sans cela, on ne comprend pas Gaza et l’absence de réaction, ne serait-ce que du simple point de vue humanitaire, face aux crimes qui y ont été commis. Ce n’est pas la première fois que l’armée israélienne commet des crimes – il y a eu Sabra et Chatil – mais c’est la première fois qu’il n’y a pas de réaction, même tardive, de l’opinion. C’est pour moi extrêmement grave.

Pourtant, il y a encore des manifestations contre les démolitions de maisons, contre le mur…

Michel Wasrchawski. Oui, bien sûr. Les organisations les plus engagées continuent la lutte anticoloniale. C’est ce qu’Uri Avnery appelle la « petite roue ». Mais il n’y a plus de « grande roue » à entraîner comme c’était le cas avant avec La Paix maintenant, qui était devenu un mouvement de masse au moment d’Oslo. La « petite roue », qui mobilise entre 5 000 et 15 000 personnes, continue de tourner, mais il n’y a plus de médiation avec l’ensemble de la société. De plus, les liens assez forts qu’elle avait avec les Palestiniens se sont distendus. Le mur a fait son oeuvre, physiquement et dans les têtes. Il sépare les deux sociétés. Il est de plus en plus difficile de se rencontrer et l’idée fait son chemin que c’est en train de devenir impossible. Il reste quelques lieux symboliques, comme Bi’lin ou le sud d’Hébron, où l’on mène des actions communes avec les Palestiniens.

N’y a-t-il donc plus d’espoir de renouer les liens, de faire enfin la paix ?

Michel Warschawski. Le seul espoir, c’est qu’Obama force la main d’Israël au nom des intérêts des États-Unis, qui passent toujours par le Moyen-Orient. Il a des moyens de pression : tout notre armement dépend des États-Unis. Il peut ne plus utiliser son veto à l’ONU pour protéger Israël. Et je pense que Netanyahou est trop « américain » pour aller durablement contre lui. Il devra se soumettre ou se démettre. Quand à Liebermann, il pourrait être amené à démissionner très vite, de graves accusations de corruption pèsent sur lui. Reste l’Europe, qui pourrait beaucoup, mais en qui on finit par désespérer d’espérer.

(1) Nom qui désigne les juifs originaires de Palestine avant la création d’Israël.

Entretien réalisé par Françoise Germain-Robin

Arno J.Mayer__

Arno J. Mayer__, dissèque les évolutions du sionisme et l’histoire d’IsraëlL’historien, professeur à l’université de Princeton aux État-Unis, analyse comment la création d’Israël, présentée comme le rêve des juifs, est devenue le cauchemar des Palestiniens.

Le titre de votre ouvrage, De leurs socs, ils ont forgé des glaives, suggère-t-il qu’au départ le projet sioniste était humain, voire humaniste ?

Arno Mayer. Dès le début dans le sionisme, il y avait l’idée d’un retour à la terre. Retour à la terre voulait aussi dire de la travailler. Un des symboles, une des choses les plus emblématiques du sionisme c’était tout de même les kibboutz. Cela procédait de la même idée. Il y avait toutes sortes de raisons pour lesquelles on a mis l’accent làdessus : les juifs, surtout en Europe (le sionisme est tout de même avant tout une affaire des juifs européens et non pas des juifs d’Afrique du Nord ou d’ailleurs), ne pouvaient pas être propriétaires de la terre. L’idée de retourner à la terre faisait même partie de l’idée d’une normalisation du peuple juif. La première fois que je suis allé en Israël, ce devait être en 1950, c’était pour participer à la vie d’un kibboutz. C’était la grande attraction pour les juifs. Y compris pour ceux qui n’allaient pas faire leur alya (littéralement « la montée » vers Israël – NDLR). Donc la charrue, le soc, était le symbole de ce retour à la terre.

Le sous-titre du livre est Histoire critique d’Israël. La critique se situe par rapport à une histoire officielle ? Quel est votre but ?

Arno Mayer. En fait, ce qui m’a poussé à écrire ce livre a été vraiment la visite d’Ariel Sharon sur le mont du Temple (le dôme du Rocher pour les musulmans – NDLR) en septembre 2000. C’est là que j’ai été secoué. J’ai écrit des articles dont la thèse était que, sans abandonner ce que vous, en français, appelez les colonies et que nous appelons en anglais the settlements, c’est-à-dire les implantations, il n’y a pas de base pour un début de négociation sérieuse. Pour être tout à fait franc, je ne pensais pas écrire des choses très radicales. C’était ce qu’il y avait de plus élémentaire à mes yeux. Il se trouve que je ne suis pas parvenu à publier ces articles aux États-Unis. En revanche, j’ai pu le faire en France, dans un quotidien du soir. Mais le déclic pour faire ce livre ne provient pas seulement de ce refus d’avoir une discussion là-dessus aux États-Unis. Lors de la publication du deuxième article en France, plusieurs personnes, intellectuels parisiens qui n’étaient pas juifs, m’ont dit : « Arno, tu sais très bien ce que j’écrirais sur ce sujet si j’étais juif. Mais en tant que non juif, je ne peux pas. »

Au moment de la provocation de Sharon, comment réagissez-vous ?

Arno Mayer. Comme je le dis dans le livre, je réagis comme un juif non juif mais aussi comme un sioniste non sioniste. On a tendance à traiter le sionisme comme un bloc. Il n’était pas écrit dans les astres que ce sionisme allait devenir un sionisme politique, un sionisme militaire, etc. Il y avait d’autres sionismes : culturel, religieux… C’est pourquoi j’ai décidé de baser mon enquête sur les écrits et les propos des critiques intérieures du sionisme. La critique intérieure qu’ils ont faite était d’une sagesse extraordinaire si l’on songe à des gens comme Ahad Haam, Martin Buber, Leon Magnes et Ernst Simon (1) qui se trouvait avoir été un ami très proche de mon père. Ils étaient ensemble à l’université de Heidelberg. En 1950, en Israël, Ernst Simon, par deux fois, m’a emmené avec lui lorsqu’il avait des discussions avec Martin Buber. Ce qui m’a marqué. Ce sont des critiques qu’on peut difficilement traiter d’antisionistes. Ils étaient des sionistes qu’on pourrait appeler pur jus. Ils ont été totalement éliminés du discours public en Israël et aussi du discours juif sioniste de la diaspora. Je m’en suis servi dans une certaine mesure. Ils ont été mes guides dans ma lecture critique du sionisme tel qu’il a évolué. Le propos de base du livre est qu’il y avait d’autres possibilités historiques, d’autres possibilités d’évolution du sionisme. Il n’était pas déterminé d’avance que le sionisme allait avoir comme figure de proue Jabotinsky (2), même si ce n’est pas admis publiquement. Car s’il y a une marque idéologique et politique du sionisme et de ce qu’il est devenu dans l’État d’Israël, c’est bien celle de Jabotinsky. Le degré auquel sont parvenues cette politisation et cette militarisation du sionisme et, plus tard, de l’État d’Israël, n’aurait pas été possible sans l’alliance avec les États-Unis. Sans, en particulier, le soutien de la diaspora américaine qui, du point de vue de son pouvoir, de son influence, s’est développée d’une manière foudroyante après la Seconde Guerre mondiale. C’est devenu l’un des lobbies les plus imposants. Mais dès qu’on parle du lobby juif, on subit toutes sortes de critiques. Parce que les gens ne comprennent pas qu’aux États-Unis les lobbies font fonctionner la politique. Il y a le lobby du pétrole, celui des retraités, celui des chambres de commerce, des armes… Ils font partie intégrante du politique et de la politique aux États-Unis. Quand on parle du lobby juif ou sioniste, qui est 100 % israélien, ce n’est pas quelque chose de secret. C’est public. Les directeurs de ces lobbies se vantent de l’influence qu’ils ont, du pouvoir qu’ils peuvent exercer. Il n’y a pas moyen de comprendre la construction d’Israël tel qu’il s’est développé sans se rendre compte qu’après la guerre les États-Unis ont pris le relais de ce qu’on appelait « le parapluie impérial britannique ». C’est une chose dont Herzl était totalement conscient : la construction d’un Israël, un foyer pour les juifs, était impossible sans ce parapluie impérial. Justement parce que c’était dans un espace géopolitique qui était tout sauf européen, un espace en premier chef colonial. Il n’était pas possible d’avoir une implantation d’un foyer juif sans cette protection. Ce sont donc les deux éléments qui m’ont guidé. Les critiques intérieures et le refus d’admettre à quel point la politique étrangère et la diaspora américaines ont compté dans cette affaire.

Originellement, il y a aussi ce mensonge qui voulait que cet espace soit « une terre sans peuple pour un peuple sans terre », que l’on retrouve dans l’essence du sionisme ?

Arno Mayer. Oui, mais ça n’a pas duré très longtemps. Ils se sont rendu compte que ce n’était pas le cas. Les chefs sionistes ont bien vu que les rapports avec les autochtones, c’est-àdire avec les Palestiniens, étaient très difficiles et qu’en plus, je rends hommage à mon ami Edward Saïd, ils avaient une vision orientaliste des rapports entre sionistes (juifs) d’un côté et Palestiniens (musulmans et même chrétiens) de l’autre. Je ne sais pas à quel point Edward Saïd connaissait les écrits de Haam, de Buber et de Magnes. Parce que leur démarche, leurs réflexions critiques sur l’évolution du sionisme vers un sionisme politique anticipaient ce qui est devenu la prise de conscience d’Edward Saïd sur ces rapports très compliqués entre le monde occidental et ce qu’on appelle le tiers-monde.

Vous avez parlé de Sharon en l’an 2000. Mais est-ce qu’en réalité depuis le départ on ne pouvait pas sentir que les socs des charrues allaient se transformer en glaives ? Est-ce que ce n’était pas inscrit, en réalité ?

Arno Mayer. En 1950, la première fois que je suis allé en Israël, on a fait un voyage dans le Néguev avec les responsables du kibboutz dans lequel je me trouvais. Ils avaient des fusils. Cela m’a fait réfléchir. Peut-être étais-je stupide ou mal informé ? Je ne me rendais pas compte à quel point les éléments stratégiques, tactiques ont compté dès le début. Même l’emplacement de certains kibboutz n’était pas choisi au hasard. Il y a un débat pour savoir qui étaient les plus forts en 1948 et en 1949. Il y a ceux qui, encore maintenant, maintiennent qu’Israël (où les forces qui allaient constituer Israël) s’en est sorti miraculeusement, parce qu’en état d’infériorité. Je ne fais pas partie de ceux-là. Ceux qui avaient lu Jabotinsky et ceux qui étaient dans le bain sans l’avoir lu se sont rendu compte que les armées des pays arabes n’étaient pas à la hauteur. Il suffit de comparer le niveau d’éducation des sionistes au moment de la guerre et de le comparer au taux d’alphabétisation des pays arabes.

Si l’on reprend l’évocation de Jabotinsky, peut-on voir sa « patte » dans l’érection de ce mur dit de séparation, que les Palestiniens appellent le mur de l’apartheid ?

Arno Mayer. Jabotinsky avait compris une chose : le développement du nationalisme dans l’espace environnant était inévitable. Ils disaient qu’ils étaient autant attachés à leur terre que les juifs sont attachés à la leur. Mais les juifs avaient un avantage : une avance militaire qu’il fallait capitaliser. Il a développé la tactique et la stratégie du « mur de fer ». Si l’on considère la période actuelle, il y a ceux qui considèrent que la construction du mur est une réussite totale, que les attaques suicides ne se produisent plus. C’est certainement vrai dans un sens. Mais la résistance se manifeste d’une autre manière. Ces murs doivent être replacés dans un contexte beaucoup plus large, comme nous sommes en train de le découvrir aux États-Unis. Nous sommes en train de construire un mur très impressionnant le long de la frontière avec le Mexique. On ne va pas me convaincre que les gens ne vont pas apprendre à le franchir. C’est dans l’ordre des choses.

Il y a beaucoup de nouvelles déclarations américaines depuis l’arrivée au pouvoir de Barack Obama mais peu de pressions sur Israël. Comment voyez-vous les choses ?

Arno Mayer. Comme toujours en politique internationale, lorsqu’on arrive à un point névralgique, deux éléments doivent jouer. Il faut qu’il y ait une pression de la part de Washington mais en même temps il faut qu’il y ait des choses qui se passent en Israël. Mais en Israël le consensus est presque à 100 %. Il est pour moi navrant de voir qu’en Israël la gauche existe à peine. On ne peut pas dire que les intellectuels israéliens se couvrent de gloire dans leur résistance à certaines politiques de leur pays. Des politiques pourtant pas compatibles avec un régime démocratique, ça crève les yeux. Bien sûr, je ne sais pas ce que je ferais si j’étais professeur à Haïfa ou à Tel-Aviv. Mais je suis néanmoins ahuri de leur comportement, qu’il s’agisse de Gaza ou de la guerre au Liban en 2006. L’un d’entre eux, très connu, a prononcé des discours de soutien au gouvernement, a dit que les autres se servaient de civils comme boucliers… tandis que l’armée israélienne se comportait comme il fallait. Il lui a fallu deux ou trois semaines pour changer de discours. En Israël, en ce moment, je ne vois pas très bien d’où viendrait une pression pour renverser la vapeur. Les Israéliens eux-mêmes sont responsables de la situation dans laquelle ils se trouvent. Et je crains qu’ils aillent droit dans un mur. Si les Américains exercent une pression sur Israël c’est parce que les États-Unis revoient leur politique impériale. Nous avons, nous Américains, perdu pas mal de notre superbe. Il y a des problèmes économiques et financiers. D’autres puissances se ressaisissent, comme la Russie ou la Chine. Tout cela fait partie des réflexions d’Obama mais pas seulement, car quiconque dirigerait les États-Unis devrait revoir sa copie. Il est donc plus probable que la pression vienne de l’extérieur. Et dès que les Américains vont changer, les Européens aussi, bien sûr, sans aucun doute. En Israël il y a une certaine schizophrénie. Il y a un double discours. D’un côté ils disent : « nous sommes le peuple élu », « nous faisons partie de cette civilisation occidentale qui continue à pratiquer sa mission civilisatrice », « nous sommes les plus forts d’un point de vue militaire ». En même temps, ils disent « nous sommes les plus menacés ». Il y a toujours un danger existentiel. Le dernier c’est l’Iran. Il y en a eu bien d’autres avant. À chaque fois qu’il y a un leader des pays environnants qui se manifeste et paraît avoir un certain punch (Nasser, Arafat, Saddam Hussein, Ahmadinejad), c’est un Hitler. Ce qui veut dire que la banalisation de la Shoah est au centre de la Weltanschaung (vision du monde) des Israéliens. De l’autre côté ils disent : « Nous sommes des juifs, nous sommes entourés d’ennemis et pourtant les États-Unis vont nous abandonner. » Je ne vois pas comment ils vont pouvoir se sortir de cette schizophrénie. Entretien réalisé par Pierre Barbancey (1) Ahad Haam (1856-1927) : sa conviction profonde était que l’État juif ne pourrait jamais rassembler tous les juifs. Martin Buber (1878-1965) : partisan d’une solution étatique binationale, il a néanmoins approuvé le partage de la Palestine par l’ONU en 1947. Leon Magnes (1877-1948) : rabbin américain, fondateur avec Einstein et Freud de l’université hébraïque de Jérusalem, opposé au partage de la Palestine et fondateur d’un petit parti binational, Ihud (unité). Ernst Simon (1899-1988) : appartenant comme les précédents au mouvement Brit Shalom, prônant un État binational. (2) Vladimir Jabotinsky (1880-1940) : fondateur du parti révisionniste, aile droite du mouvement sioniste, qui réclamait un État juif sur les deux rives du fleuve Jourdain, intégrant aussi la Transjordanie, l’actuelle Jordanie. Dans un livre fameux, le Mur de fer. Nous et les Arabes, publié en 1923, il prônait pour poursuivre la colonisation sioniste de la Palestine la construction d’« un mur de fer que la population autochtone ne pourra pas franchir ».

Trois jours en Palestine, par Robert GuédiguianRobert Guédiguian

Le cinéaste a passé quelques jours à Jérusalem, Tel-Aviv, Ramallah,… en compagnie d’une centaine d’élus de gauche de toute la France’j’en étais ). Son carnet de bord.

Jérusalem, Shufat, Ramallah… C’était à la mi-avril dernier. Robert Guédiguian accompagne une délégation d’élus communistes et de personnalités sollicitées par l’Association de jumelage entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises. Passé le Festival de Cannes, en mai, où il présentait l’Armée du crime, hommage contemporain au groupe Manouchian de « l’Affiche rouge », le cinéaste prend la plume pour rédiger son journal de voyage, qu’il a adressé à l’Humanité.

Montreuil, le voyage concerne une centaine d’élus locaux de gauche venus de toute la France – grandes villes, petits villages, banlieues parisiennes… Ils m’ont proposé de les accompagner… à mes frais. J’ai accepté parce que l’intervention israélienne à Gaza m’est apparue absolument injuste… Et puis, cela fait un an que je travaille sur la résistance étrangère en France, « l’Affiche rouge »… Le Yiddishland rouge…

Aéroport Charles-de-Gaulle, on me présente une jeune élue de Marseille. Rieuse, avec un accent à couper au couteau, elle a vu tous mes films. Pour cause, voilà trente-cinq ans je militais avec son père et sa mère. Elle m’explique qu’ils ont collecté vingt-cinq tonnes de marchandises diverses pour les enfants de Gaza… Les dockers ont chargé un conteneur en direction d’Alexandrie, puis Rafah… Curieuse impression de revenir très longtemps en arrière… A l’époque du film de Carpita (le Rendez-vous des quais), où la solidarité internationale faisait partie de notre quotidien… L’internationalisme prolétarien ! Je croise dans la salle d’embarquement le directeur du Festival d’Avignon et le célèbre auteur, acteur Wadji Mouawad… Je le sais libanais d’origine et m’inquiète de son arrivée à Tel-Aviv… Pas de problème, me dit-il, l’ambassade de France s’en occupe.

Aéroport Ben-Gourion, nous passons facilement, sauf six élus d’origine maghrébine et… Wadji Mouawad, qui, encadré par deux policiers, m’adresse un triste et discret sourire… Cela va durer encore plus longtemps pour lui. Nous allons rester là quatre heures. Pour rien. Les contrôles ont été terminés, mettons, en une heure… Les trois autres heures entretiennent la peur.

Jérusalem-Est, la porte de Damas… Le jour se lève… Ce sentiment des origines, du début de quelque chose… Le vieil Arabe qui nous accueille à l’hôtel, en costume traditionnel, semble sorti d’un livre d’images… Il est probablement là depuis la nuit des temps… Nous nous couchons enfin. Le premier appel du muezzin résonne.

Silwan, on laisse à droite le dôme du Rocher et à gauche le mont des Oliviers et là, sous les remparts, le quartier palestinien de Silwan. En 1967, 65 000 habitants… Aujourd’hui 300 000. Ils se sont entassés comme ils ont pu car aucun permis de construire ne leur a été accordé. Habitat troglodyte, anarchique, de bric et de broc… 88 habitants ont reçu un arrêté d’expulsion car… ils n’ont pas de titre de propriété. Au-dessus, encastré dans la colline, un petit immeuble neuf bat pavillon israélien. Voilà la forme légale que prend la colonisation ici. À côté d’une maison détruite, une tente où survit une famille qui ne veut pas partir. Les coups de bulldozer ne sont pas venus à bout du ferraillage auquel sont restés accrochés des morceaux de béton… Comme si une bombe était tombée dans la maison.

Camp de S’hufat, Cisjordanie, misérable… Chaleur et poussière… Semblable à tous les pays pauvres du Sud… Détritus… Agrumes vendus à même le sol… Maisons en construction qui ne se termineront jamais, terrains vagues et… un haut mur de béton agrémenté de fils de fer barbelés… Le fameux mur n’est pas mitoyen. Il est construit sur le territoire palestinien et rogne encore la ligne verte de 1967. On passe un check point pour retourner à Jérusalem. On croise des enfants qui rentrent de l’école. Les contrôles quotidiens ne les empêchent pas d’être comme tous les enfants du monde. Ils rient, courent, s’apostrophent, joyeux. Le Palestinien qui nous accompagne se querelle avec le militaire israélien qui l’a tutoyé… Il ne supporte pas que l’on maltraite tous ces élus de la France qui sont ses hôtes. Cela monte très vite… On les sépare. Le jeune soldat imberbe face au Palestinien plus âgé me fait penser à un fils face à son père… Nous approchons le chantier de tramways que construit le français Alstom. Il traverse les terres palestiniennes (encore un peu de terre annexée) pour relier les colonies israéliennes entre elles… Il n’est pas prévu d’arrêt en Palestine.

La vieille ville de Jérusalem, toujours et toujours des policiers et des militaires qui, sans aucune raison, interdisent de tourner à gauche, puis de tourner à droite… La peur encore… Entretenir cette peur… Surtout l’entretenir…

Saint Sépulcre, mur des Lamentations, dôme du Rocher, tous ces gens courbés, agenouillés… Est-ce qu’ils pensent à leur ressemblance ? Est-ce qu’ils pensent à leur statut social ?

L’absence de culture religieuse des élus communistes me fait sourire… Je deviens leur guide.

Rencontre avec les parents de Salah Hamouri, leur fils, étudiant du FPLP, a été arrêté parce qu’il se promenait près de la résidence d’un chef religieux. J’apprends qu’il est en prison depuis quatre ans, dont trois ans sans procès, puis a été condamné à sept ans. La démocratie israélienne dispose d’une procédure administrative d’incarcération : il y a 11 000 prisonniers politiques.

Mme Fadwa Khader du Parti populaire palestinien, tristesse d’apprendre que les liens entre progressistes, pacifistes israéliens et palestiniens se sont évanouis depuis l’intervention à Gaza. « Si le mur respectait les frontières de 1967, je le construirais avec eux », nous dit-elle. Un jeune élu de Septèmes (près de Marseille) me tape sur l’épaule pour me saluer… Je me retourne et je vois une table de jeunes élus, arabes, français et communistes… Cela me réjouit.

Tel-Aviv, section du Parti communiste israëlien. Rencontre avec Dov Khenin, député communiste à la Knesset. Des portraits peints de Lénine et de Marx ornent les murs de la salle de- réunion. J’ai l’impression d’être dans un décor, une reconstitution historique… Dov citera aussi Rosa Luxemburg et Antonio Gramsci… Je continue à penser que ce sont de bons auteurs. 35 % des voix pour la coalition qu’il conduisait aux municipales contre le Likoud, les travaillistes, Kadima, les religieux… Bref, contre tout le monde et contre tout l’argent du monde. C’est la campagne la plus chère que tous ces partis ont menée. Et pourtant Hadash, cette nouvelle coalition conduite par Dov, n’avait que des pancartes sur les balcons des militants… 2 800 balcons comme affichage. L’élection s’est jouée sur la question palestinienne car Dov avait été l’avocat des « Refuznik » et traîné dans la boue pour cela. Sa position est claire sur deux peuples/deux états… 75 % des 35 % de ses voix sont des jeunes de moins de trente-cinq ans… Seul bémol, Tel-Aviv est une ville très particulière en Israël, un peu comme une île… de l’espoir tout de même, enfin…

Sous les remparts de Jérusalem, devant un olivier, Hagit Ofran nous raconte le déclin de La paix maintenant. Comment ne pas penser à tous les prêcheurs, à tous les hommes de bonne volonté !

Rencontre avec Hind Khoury. Elle est très belle comme ces femmes qui, dès qu’elles sourient, redeviennent les jeunes filles qu’elles ont été.

Très désespérée par la dislocation des liens qui font qu’un peuple est un peuple, des liens infimes, intimes ; elle parle de la disparition des anniversaires, noces, rites familiaux… De toutes les fêtes… L’extrême difficulté à vivre ensemble à cause de toutes les formes de barrières à franchir dissout ce peuple, en isole les particules, l’atomise.

Tombeau d’Arafat, je pense au désespoir d’Arafat assiégé, entouré par les chars israéliens à la fin de sa vie, faisant les cent pas dans son bureau, comme seul exercice quotidien. Mme Barghouti vient nous parler de son mari et des quarante-cinq autres parlementaires emprisonnés. « Malheur au pays qui a besoin de héros. »

Bir Zeit, les élections universitaires… Sortent avec des drapeaux de toutes les tendances des étudiants en jeans, cheveux longs ou barbus, des jeunes filles très voilées ou très maquillées… Grande diversité. Très proche, le vieux village de Bir Zeit est reconnaissable de loin au clocher de son église chrétienne.

Ramallah, la fête dans la maison de la culture… L’accueil est aussi touchant que le lieu est pauvre. Modestie des costumes de danse, chaises en plastique, sono déplorable…

Dans un bar, Mme Rameh semble nous dire que tant qu’Israël ne sera pas parvenu à la maturité, la cause palestinienne ne pourra pas avancer. L’aide internationale est un piège ; elle empêche le développement plus qu’elle ne le favorise. Elle génère la corruption et la mendicité.

Check point de Ramallah, je vois des hommes en bleu et des filles en uniforme. Les hommes en bleu : c’est le début de la privatisation de la surveillance des points de passage. Ils sont plus de six cents. Très juteuse affaire, cédée à l’une des grandes fortunes d’Israël. La fille en uniforme ne sourit pas. Elle nous fait descendre du bus et veut voir nos bagages. Nous passons dans un couloir grillagé jusqu’au-dessus de nos têtes, un par un, comme des fauves en cage ; les portillons tournent comme dans les grands hôtels. Mais là, très étroits, trop étroits pour les personnes fortes, les grosses valises non plus ne passent pas. Nos bagages sont examinés, nos papiers aussi. Le contrôle est fini. Non, ça continue, il faut encore passer deux portillons, pour aucune raison apparente… Pour bien nous abaisser, nous humilier ? Je ne sais pas… Ce que je sais, c’est que mon veston et mon pantalon sont dégueulasses, tâchés par la poussière tenace de tous les barreaux où je me suis frotté. Ça me rend fou.

Je me dis alors que s’il n’y avait aucun contrôle, aucun barrage, aucune attente par tous les temps, dans la chaleur torride ou sous une pluie torrentielle, pour se rendre à son travail ou à l’université… Il y aurait moins d’attentats, moins de kamikazes… Il y en aurait… Mais il y en aurait moins… C’est une chaîne de fabrication de fous, pas de terroristes, de fous.

Visite des alentours de Jérusalem, on passe sur des ponts israéliens flambant neufs qui enjambent des chemins de terre palestiniens. Des infrastructures modernes relient les colonies entre elles… Le mur qui, par endroit, les entoure pour les protéger, les inclut de fait dans Israël, encore et toujours l’annexion déguisée. Entre elles se situent toujours un poste à essence et une zone industrielle. Comme dans les westerns, le point d’eau pour les locomotives, le poste à essence est nécessaire à la conquête de l’Est vers le Jourdain…

Bref, de la mer au Jourdain, une continuité spatiale d’Israël qui réduit les terres palestiniennes à environ 14 % de la Palestine historique. Deux pays, mais l’un au-dessus de l’autre disent les humoristes ; d’autres parlent de gruyère à propos de la Cisjordanie. Les négociations de paix sauvent les apparences, font passer le temps : le temps nécessaire à la conquête de l’Est. De Ben Gourion à Sharon, la stratégie n’a pas changé d’un pouce… Ils n’auraient pu rêver mieux que l’attaque désastreuse d’Israël en 1967 qui fournit depuis lors l’excuse, l’occasion, le prétexte inespéré de la poursuivre. Les Palestiniens n’ont jamais été soutenus par les autres pays arabes. L’allié objectif, aujourd’hui, d’Israël est l’Iran, à travers ses déclarations négationnistes et anti-israéliennes… Les camps palestiniens dans les pays arabes sont des ghettos…

L’idée d’une grande Palestine où vivraient en paix juifs, Arabes et d’autres communautés est un rêve qui ne peut se réaliser qu’après une longue étape où deux États sur les bases édictées en 1967 par l’ONU existeraient. Le fait national palestinien est aujourd’hui tout aussi irréversible que le fait national israélien. Leur existence devrait être reconnue et garantie par la communauté internationale à l’unanimité, libérant ainsi Israël de sa peur. Ensuite, plus tard, après les empires, les nations, les régions, le monde reviendra peut-être à des formes plus internationalistes, comprendra enfin que nos identités particulières sont à construire autant qu’à affirmer, et qu’il n’existe aucune nation ethnique. Il n’existe au sens strict que des nations démocratiques, donc nécessairement multiethniques. L’Occident impérialiste a créé et continue à créer des entités pour le servir. Au diable l’histoire, au diable le droit du sol, et le droit du sang… Je ne peux pas croire que le peuple israélien acceptera que son existence fasse disparaître le peuple palestinien. Et je sais aussi qu’un peuple qui en opprime un autre forge ses propres chaînes.

Dans l’autocar en direction de l’aéroport Ben-Gourion, je continue à penser qu’il est insupportable de voir de pauvres gens s’entretuer pour des intérêts qui ne sont pas les leurs, de pauvres gens instrumentalisés par des « élites » éloignées de la vie même. Je pense aussi à tous ces élus qui, dans leurs communes, vont être des porte-parole du peuple palestinien, afin qu’il ne s’efface pas, et du peuple israélien, afin qu’il n’ait plus peur.

Je me dis que si nous ne manquons pas de communisme (ce dont je doute), nous manquons fortement de communistes.

Robert Guédiguian

Le bras d’honneur de Benyamin Netanyahou

Israël. Le premier ministre refuse le gel de la colonisation. Barack Obama réagit modérément. Les Palestiniens dénoncent son discours de pseudo-ouverture.

Paradoxalement, celui qui a le mieux reçu le discours prononcé par Benyamin Netanyahou, dimanche, n’est autre que Barack Obama ! « Un important pas en avant », s’est félicité le président américain. Obama « est favorable à une solution à deux États (…) Il croit que cette solution peut et doit assurer à la fois la sécurité d’Israël et satisfaire les aspirations légitimes des Palestiniens à un État viable, et il salue le fait que M. Netanyahou adopte cet objectif », selon la Maison-Blanche. Une remarque étonnante alors que, comme le fait remarquer un éditorialiste du Washington Post, « Benyamin Netanyahou avait le choix : le président Obama ou Benny Begin. Il a choisi Benny Begin, l’aile droite de son parti, le Likoud. » Si le premier ministre israélien a bien parlé d’un État palestinien, c’est pour mieux le vider de tout sens et de tout contenu. Exiger que cet État soit démilitarisé, c’est évidemment placer un premier obstacle à de quelconques négociations, c’est affirmer qu’Israël contrôlera l’espace aérien palestinien et, partant, toutes les frontières du futur État. Exiger des Palestiniens qu’ils reconnaissent non pas Israël mais un État juif, c’est évidemment leur dire que le droit au retour des réfugiés est abrogé et que les Palestiniens d’Israël n’auront pas les mêmes droits. Pis il a exclu un gel de la colonisation israélienne, un retrait de la partie orientale de Jérusalem occupée depuis 1967.

Pour le négociateur palestinien Saëb Erakat, « il devient clair que nous sommes en présence d’un gouvernement israélien qui refuse en réalité une solution à deux États, l’arrêt de la colonisation et la reprise des négociations du point où elles s’étaient arrêtées » fin 2008. À Damas, le quotidien à grand tirage Al Watan a jugé que Netanyahou avait « torpillé tous les efforts de paix ». Le président libanais, Michel Sleimane, a, lui, appelé la communauté internationale à « faire pression » sur Israël pour qu’il accepte les précédentes initiatives de paix. La position exprimée par le chef du gouvernement israélien « reflète une intransigeance que ce soit au niveau du processus de paix ou de la question des réfugiés palestiniens », a souligné la présidence libanaise. Pour le président égyptien, Hosni Moubarak, « l’appel à reconnaître Israël en tant qu’État juif complique davantage les choses et ruine les possibilités de paix ».

Côté Européens, on est, dans l’ensemble, satisfait du discours de Netanyahou. La République tchèque, qui préside l’UE pendant encore quelques jours, est très satisfaite. La Suède, qui lui succédera, est un peu plus nuancée, parlant d’un « petit pas en avant ». Pour la France, Bernard Kouchner a salué la « perspective tracée » par Netanyahou tout en ajoutant qu’ « aboutir à la paix impose d’aller bien au-delà, sans poser de préalable à la négociation ». Enfin, Benita Ferrero-Waldner, la commissaire européenne aux Relations extérieures, a résumé : « C’est un premier pas très important, mais beaucoup d’autres pas devront suivre. Vous connaissez la position de l’UE : nous voulons une solution à deux États avec un État palestinien viable. »

Netanyahou peut être satisfait. Personne ne parle de pression à exercer, et même le président américain semble abandonner l’idée d’un gel de la colonisation. C’est là que le bât blesse et qu’on perçoit les limites du discours qu’il a prononcé au Caire le 4 juin dernier. Quant aux ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne, au lieu de grandes déclarations, ils avaient loisir, hier, alors que la commission UE-Israël se réunissait, de mettre dans la balance le respect des engagements israéliens et le rehaussement de ses relations avec les Vingt-Sept. « Netanyahou a choisi une fois de plus la paix des colonies, qui entre frontalement en collision avec la paix de la région et de ses peuples », a souligné le député communiste israélien, Mohammed Barakeh

Le « oui, mais » de Netanyahou à Obama

Proche-Orient . Dans un discours prononcé à Tel-Aviv, le premier ministre israélien tente de lancer la balle dans le camp palestinien.

Benyamin Netanyahou, premier ministre israélien, a prononcé hier soir, à l’université Bar-Ilan de Tel-Aviv, un discours dont on ne sait pas vraiment s’il faut le qualifier d’état de l’Union, de politique ou simplement de réaction au discours prononcé par le président américain, au Caire, la semaine dernière.

Depuis son déplacement à Washington, au mois de mai, Netanyahou sait que la donne a changé. Il le sait d’autant plus que les associations américaines pro-israéliennes, celles qui soutiennent mordicus Tel-Aviv comme l’AIPAC, ont moins le vent en poupe comme on dit. D’autres, notamment J-Street, sont beaucoup plus critiques.

Benyamin Netanyahou, dont le gouvernement a la particularité d’unir des travaillistes (Ehoud Barak, ministre de la Défense) à des extrémistes de droite (Avigdor Lieberman, ministre des Affaires étrangères), soumis aux nouvelles déclarations américaines – le gel de la colonisation, la solution à deux États – se devait de tenter de reprendre la main. D’autant qu’en Israël même de nombreuses voix, diffuses et différentes, s’élèvent pour ne pas subir le diktat américain. Netanyahou, avec ses collaborateurs, a déjà tranché. C’est un « oui mais » à Obama. La majorité des Israéliens qui ont voté pour son parti, le Likoud, savent en effet pertinemment qu’il ne s’est jamais prononcé pour une solution à deux États. Il n’empêche. Au-delà des déclarations des uns et des autres et même si, une fois npas coutume, Israël est sous pression américaine, le gouvernement israélien a bien relevé que Barack Obama a toujours parlé d’un « État juif » et n’a jamais évoqué Jérusalem que comme « capitale indivisible » d’Israël. C’est tout le bémol – il est de taille – par rapport aux déclarations américaines.

Face à la volonté des États-Unis de donner des gages aux pays arabes, sans jamais abandonner leur allié, Israël ne peut tenir. D’autant que Tel-Aviv est totalement dépendant des États-Unis. Dans la presse israélienne, ces derniers jours, les supputations allaient bon train, sans jamais se démarquer des lignes rouges qu’aucun gouvernement ne pourrait – en l’espèce ni celui-là ni aucun autre – franchir. Netanyahou va, évidemment, lancer la balle dans le camp palestinien. Il va, d’une manière ou d’une autre, se prononcer pour la feuille de route – comme le Hamas, qui se dit d’accord avec les frontières de 1967, il ne va pas dire qu’il est d’accord pour un État palestinien -, mais inscrire dans son marbre, l’idée d’une « chose » palestinienne », aux côtés d’un État juif. Il précise même, si l’on en croit la presse israélienne, que cette entité palestinienne serait désarmée. En clair, les Palestiniens doivent renoncer au droit au retour des réfugiés de 1948 et de 1967, et construire un État qui, dès l’origine, serait dépendant d’Israël. Une option d’autant moins acceptable qu’elle déroge à la feuille de route, dont voudrait maintenant se réclamer Netanyahou, et à tout ce qu’Israël a signé depuis 1993. Reste dorénavant à savoir si oui ou non, les États-Unis feront pression sur Israël pour, comme l’a souhaité Obama, permettre à la région de vivre enfin en paix.

P. B.

Lettre ouverte à Rama Yade, Bernard Kouchner et Nicolas Sarkozy! Rama Yade et  Bernard Kouchner par MADJID MESSAOUDENE, Militant pour deux États pour deux Peuples 21.05.09

Vous le savez, Mesdames Messieurs les Ministres, Monsieur le Président de la République, l’heure n’est plus aux discours en ce qui concerne l’avenir des territoires palestiniens militairement occupés par Israël.

La responsabilité de la France, votre responsabilité, à vous, gouvernants, est grande. Représentants des Pays des droits de l’Homme, vous nourrissez forcément de fortes attentes. N’alimentez pas les déceptions.

Force est de constater que lorsqu’il s’agit d’Israël, les exigences françaises en matière de respect des droits humains fondamentaux, sont, pour le moins, revues à la baisse quand elles ne sont pas plus simplement remisées dans le tiroir des causes non défendues.

Comment accepter en effet que dure un jour, une semaine, un mois, une année de plus cette occupation militaire, synonyme d’humiliations, de brimades et de domination ?

Comment accepter les déclarations de l’homologue de M. KOUCHNER, Monsieur LIEBERMAN, par ailleurs occupant illégal d’une colonie de Cisjordanie, qui préconisait, lors de l’agression israélienne, d’utiliser l’arme nucléaire contre Gaza, ou encore ses nombreuses déclarations préconisant un « transfert » des populations arabes ?

Comment en effet ne pas condamner lorsqu’on se dit attaché à ce que les palestiniens recouvrent la pleine souveraineté à travers un Etat viable, tout ce qu’Israël met en place, encore aujourd’hui pour rendre l’avènement d’un État palestinien, impossible ?

Comment comprendre que vous trouvez le temps de condamner l’action de boycott des produits israéliens, boycott justifié par les violations incessantes du droit international, et que personne au sein du gouvernement, et encore moins notre cher Président, n’a trouvé utile de condamner les propos du Premier ministre israélien, qui en rentrant des USA, n’a rien trouvé de mieux à faire que célébrer l’annexion de Jérusalem Est tout en déclarant que Jérusalem ne sera « plus jamais divisée » ?

Votre silence, je l’interprète comme un accord et un soutien tacites aux exactions commises par le gouvernement israélien, qui mettent en péril tout un peuple et toute une région.

Alors, je vous en conjure, chers dirigeants, un peu de courage, critiquez vous aussi Israël. C’est plus qu’un droit, c’est un devoir.

Madjid MESSAOUDENE

Face à Obama, Netanyahou dans tous ses états !

obama nétanyhu Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, rencontre le18 mai 2009, le président américain, Barack Obama. Ou bien est-ce l’inverse ? Les relations entre Washington et Tel-Aviv étant ce qu’elles sont – aucune administration américaine n’a jamais démenti son soutien entier à Israël -, la question est posée par l’ensemble des médias, particulièrement israéliens et états-uniens : que vont se dire les deux hommes ?

L’ensemble des observateurs ont fait remarquer que le premier appel passé par le président Obama l’a été à son homologue palestinien, Mahmoud Abbas. Qu’il a immédiatement nommé un envoyé spécial pour le Proche-Orient en la personne de George Mitchell, réputé pour son intervention dans le dossier irlandais. Voilà pour la différence avec l’administration Bush. Barack Obama, comme son prédécesseur, s’est déjà prononcé pour une solution à deux États. Avec Netanyahou la difficulté est autre. Ancien premier ministre, il a eu à composer avec les accords d’Oslo (on lui doit notamment les accords d’Hebron, H1 et H2) mais s’est composé une posture d’ultra. Il dit maintenant refuser une solution à deux États et se concentre sur ce qu’il appelle la « menace nucléaire iranienne ».

Pour la première fois depuis longtemps cependant, ce qu’il est convenu d’appeler « l’agenda » américain n’est pas spécialement en phase avec celui des Israéliens. D’où le hic. Pour Barack Obama, la problématique moyen-orientale concerne l’Irak, le Pakistan et l’Afghanistan mais ne signifie pas obligatoirement une confrontation avec l’Iran et la Syrie. Au contraire. Washington, semble-t-il, préfère maintenant privilégier un dialogue avec les composantes politiques des pays, même si elles sont islamistes. Dans les pays du Golfe – les pétromonarchies n’appliquent-elles pas la charia sans que cela ne gêne les Occidentaux ? -, en Irak comme en Afghanistan les principaux dirigeants ne se réclament-ils pas de l’islam ? Enfin, côté palestinien, le chef du Hamas, Khaled Mechaal, ne vient-il pas de donner des gages en expliquant au New York Times que son organisation « faisait partie de la solution » ?

Barack Obama doit, dans le même temps, amener son allié israélien sur les rails du dialogue et contenter ses soutiens arabes dans la région. À court terme, Netanyahou devra « venir » sur la solution de deux États. Comme certains universitaires israéliens le rappellent, en 1978, le premier ministre Menahem Begin était dans le même cas de figure, refusant de céder un pouce de territoire occupé. Via le parlement, la Knesset, il a modifié son orientation. Netanyahou pourrait faire la même chose en s’appuyant sur le parti Kadima (celui de Tzipi Livni), aujourd’hui dans l’opposition, en recomposant ainsi une majorité qui pourrait exclure l’extrême droite d’Avigdor Lieberman. Il reste que le président américain – dont certains de ses conseillers ont mis la pression en parlant ouvertement de la signature par Tel-Aviv du traité de non-prolifération nucléaire, alors qu’aucune administration n’a jamais officiellement reconnu la détention de l’arme nucléaire par Israël – va également se tourner vers les pays arabes (lire ci-dessous) et surtout vers les Palestiniens. Il compte évidemment sur la Jordanie et sur l’Égypte (seuls pays signataires d’une paix avec Israël) et veut – selon des diplomates occidentaux – obtenir de Mahmoud Abbas l’abandon (d’une manière ou d’une autre), du droit au retour des réfugiés palestiniens. Les semaines qui arrivent pourraient bien décider de la reprise d’un processus de paix ou de l’annonce d’une nouvelle guerre au Moyen-Orient.

Pierre Barbancey

Benoît XVI souhaite que le mur disparaisse !le pape et Abbas Le pape en visite à Bethléem, ville, « supposée »,de la naissance du Christ, a appelé à la création d’un État Palestinien. Le pape n’a sans doute pas franchi le check-point israélien de la même manière que n’importe quel quidam pour se rendre de la partie Est de Jérusalem, occupée, à Bethléem, en territoire palestinien. Il aura néanmoins vu le mur érigé par Israël – à certains endroits il fait 10 mètres de hauteur -, les miradors et leurs guérites dans lesquelles se trouvent des soldats en armes, et surtout pu percevoir les conditions de vie de cette population palestinienne, concentrée et surveillée en permanence.
Il fut accueilli parle Président Mahmoud Abbas.Il a émis l’espoir que cette « clôture » disparaisse un jour!!!De son coté,le Président égyptien a également exhorté le Premier ministre israélien a avancer une solution à deux Etats au conflit avec les palestiniens; il a déclaré: » cette solution est maintenant ancrée dans les consciences ».

pape Cet emplacement est réservé aux informations, et réactions, qui concernent Israël et la Palestine. Elles se suivent par ordre chronologique décroissant, de la plus récente à la plus ancienne__

Le Pape en terre promise… mais occupée ! C’est aujourd’hui mercredi 13 mai qu’il se rend à Bethléem, et il devrait rencontrer Mamhoud Abbas. C’est à cet endroit (voir la photo ci jointe) qu’il devait être accueilli par les responsables du camp de réfugiés de Aïda, sur cette estrade dressée pour l’occasion contre le mur (peint de blanc) érigée par les Israëliens. Ce qui n’a pas été du goût des autorités de Tel-Aviv. Le Vatican a abdiqué et a fait savoir que le Pape parlerait à la foule depuis une école de l’ONU. Un lieu pas toujours sécurisé si l’on se réfère à ce qui s’est passé à Gaza en janvier dernier !
Oui Imaginez encore : vous vous mariez avec une personne habitant Lyon, Marseille, Tulle ou Lorient. Mais comme vous résidez en Seine-Maritime, on vous interdit de vivre avec votre amour et vos enfants. Non, je n’exagère pas ! Non, ce n’est pas un cauchemar. Car ceux dont je parle ici le vivent au quotidien. Nous l’avons hélas vérifié, avec effroi, Nous; une délégation d’une centaine d’élus et d’acteurs sociaux, citoyens et culturels d’opinion diverses.

mur

Imaginez que l’État qui occupe, qui annexe votre terre, construise de larges routes modernes à travers votre pays, au service exclusif des colons qui peuplent les villes construites pour eux, quand vous devez vous contenter de chemins à peine goudronnés ou en terre, où le croisement du moindre véhicule est dangereux.
Imaginez que dans votre pays, votre ville, votre jardin, au milieu de votre maison, l’État occupant construise un mur de séparation : séparation avec les habitants de cet autre État, mais aussi avec votre famille.

pasage obligé

OUI imaginez, quelques instants:chaque matin, pour vous rendre à votre travail, chaque soir pour en revenir. Quand vos enfants vont à l’école, et quand ils en reviennent. Dans votre propre pays, une frontière à franchir. Le cliquetis glacial d’un tourniquet. Vos vêtements, vos affaires passées aux rayons X des détecteurs de métaux ou d’explosifs. Votre pays et pourtant, un laissez-passer à présenter. Et puis les insultes et les quolibets proférés par les jeunes soldats d’une armée d’occupation.

C

Jacques Jakubowicz

Adjoint au Maire de Bondy

Palestine : j’en reviens et pourtant je n’en reviens pas !

Oui, je n’en reviens pas et je vous livre mes premières impressions d’un voyage à l’intérieur d’un état qui n’existe que par la part de rêve, la fertilité de l’imaginaire, et la lueur de l’espoir.
Un territoire bouclé, muré d’une démesure coloniale, une prison à ciel ouvert avec comme seule porte, le tourniquet d’un checkpoint au pied d’un mirador. La maison d’un côté, la terre et l’école de l’autre. Jérusalem, la ville sainte, aux symboles religieux chargés d’histoire ne donne en exemple qu’une ville déchirée, séparant l’est et l’ouest par un mur aux lamentations inutiles et un tramway roulant allègrement sur les résolutions onusiennes pour desservir bientôt les colonies illégales. Un tramway nommé « des ires », celles des palestiniens restés sur le quai.

Jérusalem m’a paru belle et accueillante le jour, torturée et défigurée la nuit. Au crépuscule, les peurs se réveillent, à tout moment des jets de pierres peuvent tomber de la colonie qui surplombe ce quartier-Est dépeuplé et chaque jour vidé un peu plus de ses familles arabes.

Suivent les descentes de milices armées qui perforent le silence assourdissant de ce quartier. Au petit matin, les bulldozers vrombissent.
Malgré le mur, les checkpoints, les contrôles au faciès, malgré le mépris, les insultes, les attentes interminables, dégradantes et obsédantes, ils sont venus, ils témoignent, ils nous imposent une leçon de courage, de dignité, de respect, d’intelligence. Ils sont communistes palestiniens, forces de paix israéliennes, mères de prisonniers, femmes de leaders élus démocratiquement et détenus arbitrairement, ils sont le peuple qui lutte, qui résiste, qui propose, qui s’exprime et surtout qui dérange.

Et ces enfants, mille fois photographiés. Pas pour leur détresse, leur chagrin, leur abandon, leur misère, mais pour leur gaîté, leurs sourires lumineux, leur joie de vivre et d’accueillir. Moi, qui viens d’une banlieue populaire de la région parisienne, j’ai trouvé chez ces enfants des camps de réfugiés, plus de chaleur, de raison d’espérer, de regards tournés vers l’avenir.
Ici, pas un soupçon de résignation, mais au contraire une profonde détermination.

Oui ce peuple est fier, digne dès le plus jeune âge comme un pied de nez à l’occupant, c’est déjà une forme de résistance. Le rapport des forces est outrageusement en faveur de l’occupant, mais la force ne saurait suffire à mettre à genoux un peuple sur sa propre terre.

Belle et remarquable aussi cette expression murale dans les camps. Ici les murs parlent en même temps qu’ils embellissent les rues. Dessins, peintures, graffitis, fresques résistent, luttent, expliquent, dénoncent. Face aux mitraillettes, les pinceaux s’affutent, face aux oppresseurs, les artistes résistent.
Et ce mur de la honte, infranchissable laideur de béton surmontée de miradors concentrationnaires et de barbelés enroulés dans les souvenirs d’une autre barbarie à l’issue de laquelle les survivants commémorèrent le souvenir pour que plus jamais cela ne se reproduise.
Les réfugiés palestiniens qui de leur camp n’ont d’horizon que ce triste décor ont parfois choisi d’y inscrire leur rêves, d’y laisser courir leur imagination. Une fois encore l’expression artistique est une arme affutée. Un théâtre se construit au pied du mur qui à cet endroit précis sert aussi d’écran géant de projection. Ailleurs, sur un escalier peint en noir, des ombres gravissent les marches du sol vers le sommet du mur et la liberté, Plus loin, une porte s’entrouvre dans le mur sur une plage ensoleillée. Le réalisme de la fresque est saisissant. Parfois aussi les dessins sont plus plus expressifs de la douleur et de la rage ou encore emprunts d’un humour insoupçonné.

Puis il y a les moments extrêmement forts, qui marquent le respect et démarquent de la manière dont sont rapportés les évènements en France.
L’échange avec un responsable de l’autorité palestinienne à Ramallah, à deux pas du tombeau de Yasser Arafat. L’atmosphère a beau être solennelle, les propos sont francs, sans langue de bois, les difficultés sont reconnues, les efforts pour surmonter les divisions palestiniennes expliqués, le libre choix pour le retour des réfugiés précisé, l’attente envers la communauté internationale sollicitée.
Avec la femme Marwan Barghouti, emprisonné et condamné cinq fois à perpétuité, c’est un sentiment mêlé de haute tenue politique et d’émotion forte devant ce témoignage que Fadwa Barghouti tient à élargit au 1100 prisonniers palestiniens, hommes, femmes, enfant et élus du peuples qui croupissent, souvent sans visite possible, dans les geôles israéliennes.
La déclinaison de chiffres est souvent un exercice assez froid, ici, il nous glace le sang: 170 colonies installées en Cisjordanie, 640 points de contrôle empêchent toute vie normale. Les routes de contournement construites par les israéliens en Cisjordanie, à 60% ne sont pas accessibles aux palestiniens qui d’ailleurs ont besoin d’un permis de circuler délivré par Israël, même dans leur propre territoire.

Pour se réchauffer, rien de tel que la joie d’avoir été reçu aussi bien dans la maison de notre guide avec un sirop à l’eau dans un camp palestinien, que dans le bureau du maire communiste de Nazareth, qui malgré notre retard et la préparation de la visite prochaine du pape dans sa ville, nous a reçu de longues minutes. Cette ville, berceau du christianisme, est tout sauf banale: plus grande des villes arabes en Israël, elle a élu à sa tête un maire communiste acquis à la cause Palestinienne. On comprend que ça énerve un peu du côté du gouvernement Israélien.
A tous, partout où nous avons été reçus, nous avons promis de témoigner, de faire jouer la solidarité avec ce peuple formidable et nous allons le faire. Nous sommes en train de le faire. Des jumelages ont été réalisés, d’autres sont en cours, à l’image de la ville de Stains, des propositions pour faire citoyen d’honneur, Marwan Braghouti ou/et salah Amouri vont se multiplier, des débats sont programmés, des journaux, des blogs sont sollicités, des déclarations, des lettres au président de la république, des conférences de presse se multiplient.

Il nous appartient à présent de peser de toutes nos forces pour qu’enfin une solution politique permette d’avancer dans la seule issue possible, la création d’un état palestinien avec Jérusalem-est pour capitale, l’existence de deux états pour deux peuples: Israël et la Palestine.

démolition « Démolir une maison illégale à Jérusalem Est ne contredit pas la feuille de route. »

mon oeil !

Ce n’est pas d’une maison qu’il s’agit, mais de la démolition de 88 maisons palestiniennes dans la partie de la ville annexée par Israël en 1967. Un pas en avant vers la paix ?
Colonisation. Destructions de maisons, nouvelles implantations… l’étau se resserre autour de la partie orientale de la ville habitée par les Palestiniens. Reportage. Jérusalem, envoyée spéciale.

De longs pans de l’ossature métallique sont suspendus au-dessus de leurs têtes. Ce qui reste du toit explosé menace à tout moment de céder. À leurs pieds, les gravats des façades. Ce fantôme de maison, lové au creux des collines du mont des Oliviers, à Jérusalem, appartient à la famille palestinienne Al Sayad. Comme 87 autres logements du quartier de Selwan, cette maison a reçu, en 2005, un ordre de démolition. Pour justifier ces opérations, la municipalité prend appui sur un projet d’espaces verts qui jouxteraient le parc archéologique. Il y a trois mille ans, ce site était celui de la cité de David, ce roi qui aurait fait de Jérusalem sa capitale et fondé une dynastie en Israël. Tous les droits sur le terrain sont désormais gelés. Ainsi, si la famille s’agrandit, impossible d’envisager une extension. Les immeubles sont pour leur part limités à deux étages. Et de nouvelles routes cernent les quartiers palestiniens afin d’empêcher leur extension.

Des drapeaux israéliens, plantés de manière éparse, marquent d’ailleurs l’implantation progressive des colons israéliens à l’Est. Les résidents palestiniens qui mènent un combat quotidien contre le délogement accusent la municipalité de vouloir renverser la balance démographique. « Il existe bel et bien une stratégie qui vise à vider la partie Est de la ville de ses habitants palestiniens et d’occuper progressivement toute la terre. Pourtant, les lois internationales stipulent que les statuts de la ville ne peuvent être modifiés. Si nos constructions sont illégales comme l’affirme Israël, celles des colons le sont également », clame Adnan Husseini, gouverneur palestinien de Jérusalem, avant d’assurer : « Nous resterons ici quels que soient les sacrifices. » Au-delà des 88 maisons de Selwan, 300 habitations sont concernées dans une zone de 9 kilomètres carrés, qui englobe cinq quartiers. Pour Abel Shaloudi, qui anime un comité d’habitants de Selwan, il est clair que ces interventions ne relèvent pas d’une simple « opération d’urbanisme mais bien d’une opération de nettoyage ethnique ». et de questionner : « Comment puis-je espérer élever mes enfants dans ce climat ? »

Salim Hannoun, lui, a déjà éloigné son cadet de ce climat de peur perpétuelle. La maison qu’il habite et où il a vu le jour en 1954 est également menacée. Électricien au consulat de France, il passe de procès en procès depuis trente-sept ans et dépense des sommes folles pour sa défense, pour pouvoir garder son logement. « Cet argent aurait pu servir à construire une autre maison. Mais c’est ici que nous avons bâti toute notre vie et nous ne la quitterons pas », souffle-t-il, avant de poursuivre : « Je suis incapable de produire l’acte de propriété demandé par les Israéliens. Depuis le mandat britannique, on s’installe et le domaine est à nous de fait. » Depuis quelques mois, des observateurs internationaux se relaient la nuit pour protéger sa maison autant que faire se peut.

À chaque destruction de maison, les habitants essayent de reconstruire en vitesse pour continuer à occuper le terrain. « C’est une forme de lutte. Nous nous battons mètre carré par mètre carré », explique Abel Shaloudi. À Selwan, un habitant n’a pu reconstruire en dur dans la foulée de la démolition. « Il a donc remplacé sa maison par une caravane et les Israéliens ont envoyé un courrier pour lui signifier qu’elle serait également l’objet d’une destruction. » B’Tselem, le centre israélien d’information pour les droits de l’homme dans les territoires occupés, considère que, depuis 2004, plus de 3 400 maisons ont été réduites à néant.

Hind Khoury, déléguée de la Palestine en France, évoque les conséquences humaines des différentes restrictions qui touchent les Palestiniens de Jérusalem : « Cette ville a changé. Il y a une désintégration des relations et c’est devenu très difficile de grandir ici. Dans le même temps, les valeurs qui soudaient les gens se sont désagrégées avec les entraves à la circulation. Les habitants de Bethléem ne peuvent plus rencontrer leurs familles à Jérusalem. Aujourd’hui, tout le monde vit dans l’isolement : ce qui était totalement étranger à la société palestinienne. »

En 2004, la municipalité a voté un nouveau schéma directeur remplaçant celui de 1959. En charge de concevoir des projections démographiques, sociales et économiques, ce document est le reflet urbain d’une volonté politique. Il prend ainsi soin de consolider la souveraineté israélienne sur la Ville sainte. L’introduction est à cet égard plus qu’une illustration puisqu’elle confirme la place de Jérusalem comme capitale d’Israël. Pour assurer ce rôle, les politiques urbaines doivent donc veiller au grain, à la distribution ethnique de la population, et surtout aux souhaits gouvernementaux : 70 % d’Israéliens, 30 % de Palestiniens. En 1967, la ville comptait 74 % d’habitants israéliens pour 26 % de Palestiniens. En 2002, la balance s’est quelque peu inversée à la faveur de la croissance naturelle palestinienne, avec 67 % d’Israéliens et 33 % de Palestiniens. Israël mise donc sur la perspective d’un solde migratoire positif de résidents juifs vers Jérusalem. Pourtant, la ville souffre d’un défaut d’attractivité de par la situation sécuritaire, la montée des orthodoxes et un marché du travail morose. Ne pouvant compter sur les laïcs pour peupler la ville, la municipalité peut néanmoins s’appuyer sur les familles juives nationalistes, soutenues par des organisations d’extrême droite favorables à la colonisation. À ces projets s’ajoute celui de la construction d’un tramway à l’est de la ville par le consortium français City Pass, regroupant Alstom et Connex. Il relie les colonies de Pisgat Ze’ev, Maale Adumim à Jérusalem-Ouest. Soit une annexion de fait de la partie est à Israël et donc de nouvelles confiscations de terre.

« Les destructions de maisons et le tramway sont une manière, après 1948, après 1967, de rayer une nouvelle fois les Palestiniens de la carte, explique Fadwa Khader, membre de la direction du Parti du peuple palestinien. Gaza était une guerre totale, mais ce qui se déroule à Jérusalem-Est est une nouvelle forme de guerre. » Plus silencieuse que les bombes et donc plus insidieuse aussi. De la préservation du statut de la ville et de la partie Est comme capitale d’un futur État dépend donc un autre combat : celui de la sauvegarde de l’identité palestinienne. Et Hind Khoury d’analyser : « Jérusalem est un microcosme. Ce qu’il se passe à l’échelle des territoires est condensé ici. La question palestinienne c’est l’histoire d’une expulsion mais cette capacité à se révolter et à résister rend, à chacun de nous, son humanité. » À son tour, Me Daniel Seidemann, à la tête de l’ONG Ir Amim, avertissait en avril dernier : « Si la colonisation continue, il sera bientôt trop tard pour une solution au conflit basée sur deux États. Ce sera l’impasse absolue. » Aujourd’hui, 190 000 Israéliens vivent dans une douzaine de quartiers à Jérusalem-Est pour 270 000 Palestiniens.

Lina Sankari

La première vidéo est en ligne; c’est un résumé de 10 minutes de notre séjour en Palestine.

Cet emplacement est réservé aux informations, et réactions, qui concernent Israël et la Palestine. Elles se suivent par ordre chronologique décroissant, de la plus récente à la plus ancienne!

tramway

Le tribunal de Nanterre se déclare compétent sur la procédure engagée par l’AFPS contre Véolia transport, Alstom et Alstom transport concernant la construction et l’exploitation d’un tramway à Jérusalem-Est Au mois de février 2007, l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) a fait assigner les Sociétés VEOLIA TRANSPORT et ALSTOM devant le Tribunal de Grande Instance de NANTERRE afin de faire reconnaître le caractère illicite du contrat signé par ces sociétés, au mois de juillet 2005, avec le gouvernement d’Israël, dans le cadre du consortium City Pass, chargé de la construction et l’exploitation d’un tramway à Jérusalem-Est.
L’AFPS a demandé également au Tribunal d’interdire à ces sociétés de poursuivre l’exécutionE. du contrat qui viole notamment les dispositions de la Convention de Genève du 12 août 1949 relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, et favorise l’expansion de la colonisation illicite de Jérusalem Est par l’Etat d’Israël, le tracé de la ligne de tramway qui en est l’objet tendant à relier le Centre de Jérusalem Ouest à des colonies de l’Est, installées sur des terres confisquées au Palestiniens.

L’O.L.P. est intervenue à cette procédure et s’est jointe aux demandes de l’AFPS. Les sociétés ALSTOM et VEOLIA TRANSPORT, pour éviter tout débat au fond, ont soulevé devant le Tribunal divers moyens d’incompétence et d’irrecevabilité qui ont donné lieu à différents jugements (11 janvier 2008, 6 juin 2008) qui ont condamné ALSTOM ET VEOLIA TRANSPORT à communiquer la traduction jurée en français de la totalité du traité de concession et de ses annexes. Les pièces communiquées à nos Conseils ont révélé que les sociétés ALSTOM et VEOLIA TRANSPORT participent directement à l’exécution de ce contrat, bien qu’elles ne soient pas signataires du contrat de concession signé le 22 septembre 2004 entre la société City Pass de droit israélien et l’Etat d’Israël.
Il en est de même pour la société ALSTOM TRANSPORT qui au surplus bénéficie d’un contrat d’ingénierie, d’approvisionnement et de construction. C’est la raison pour laquelle l’OLP et l’AFPS ont également assigné le 18 novembre 2008 la société ALSTOM TRANSPORT devant le Tribunal de Grande Instance de NANTERRE aux fins de faire constater le caractère illicite de son contrat et d’interdire à ladite société de poursuivre l’exécution de ses engagements.
L’ensemble des affaires concernant les sociétés ALSTOM, ALSTOM TRANSPORT et VEOLIA TRANSPORT a été plaidé sur les questions de compétence et les irrecevabilités de procédure à l’audience du 2 février 2009.
Le Tribunal a rendu sa décision le 15 avril dernier. Le jugement, reprenant en grande partie l’argumentation de nos Avocats, nous donne satisfaction concernant la compétence du Tribunal de Grande Instance de NANTERRE et la recevabilité de l’AFPS même si, pour des raisons de forme, le Tribunal a déclaré l’OLP en l’état irrecevable, cette irrecevabilité pouvant être régularisée pour l’avenir. Le Tribunal a tout d’abord constaté, au regard des pièces que les sociétés ont été contraintes de verser aux débats, que VEOLIA TRANSPORT, ALSTOM et ALSTOM TRANSPORT participent à l’exécution du contrat de concession et qu’en conséquence elles étaient bien en situation de parties défenderesses, contrairement à ce que soutenaient les trois sociétés. Le Tribunal s’est par ailleurs déclaré matériellement compétent, considérant notamment que les sociétés mises en cause ne pouvaient soulever l’incompétence au motif que l’Etat d’Israël bénéficierait de l’immunité de juridiction d’un Etat étranger.
Le Tribunal a en effet jugé : « outre que l’Etat d’Israël n’est pas partie à cette instance, cet Etat ne saurait en tout état de cause sérieusement soutenir et agir au titre des contrats querellés en qualité d’Etat souverain puisqu’il est en réalité puissance occupante de la partie de la Cisjordanie où est construit et où sera exploité le tramway litigieux, partie reconnue par la Communauté des Nations et la Cour internationale de justice comme relevant du territoire palestinien ».
Le Tribunal s’est également déclaré territorialement compétent, les sociétés défenderesses ayant leurs sièges sociaux dans son ressort. Il a au surplus motivé sa compétence de la façon suivante : « compte tenu du risque de déni de justice inhérent à la nature de ce litige, la juridiction française est bien, de prime abord, compétente pour son règlement dans le souci de garantir le libre accès à la justice des parties en cause, au visa des dispositions de l’article 6 § 1 de la convention européenne des droits de l’homme. Il est de jurisprudence constante que le risque de déni de justice est un critère de compétence des juridictions françaises dès lors que le litige présente un rattachement avec la France, ce qui est bien le cas dans les circonstances de la présente espèce, les défenderesses étant des entreprises françaises domiciliées en France, ALSTOM TRANSPORT reconnaissant notamment que ses usines de LA ROCHELLE, du MANS, LE CREUSOT, VILLEURBANNE et TARBES fabriquent 46 voitures du métro de Jérusalem ».
ALSTOM, ASTOM TRANSPORT et VEOLIA TRANSPORT avaient également plaidé l’irrecevabilité de la demande introduite par l’AFPS en soutenant que celle-ci, partie tiers au contrat querellé, n’établissait pas sa qualité pour agir. Là encore, le Tribunal a rejeté l’argumentation des défenderesses en reconnaissant la qualité de l’AFPS d’ester en justice, compte tenu de ses statuts. Le Tribunal a par ailleurs rappelé : « il est désormais de principe qu’une association, peut même hors habilitation législative, agir en justice au nom d’intérêts collectifs dès lors que ces derniers entrent dans son objet social. En l’espèce une atteinte à l’objet social de l’AFPS du fait de l’exécution de contrats supposés illicites en référence au droit humanitaire international serait manifestement susceptible de lui causer à tout le moins un préjudice moral. »
C’est dans ces conditions que le Tribunal a renvoyé l’examen du dossier à une audience de procédure le lundi 8 juin 2009 pour fixation de la date des plaidoiries au fond. Néanmoins, il convient de préciser que les sociétés ont la possibilité de faire appel du jugement rendu.
L’AFPS ne manquera pas de donner toutes informations utiles sur la suite de la procédure.
Paris le 20 avril 2009.

manif
(Les médias internationaux n’en parleront pas)
brisons les murs, et celui du silence aussi!
Les responsables du parti communiste israélien nous envoient , cette information concernant une manifestation de protestation contre l’assassinat du jeune militant de B’ilin. Elle a eu lieu Tel-Aviv, tout de suite après, samedi, en présence du député notamment Dov Khenin, que nous avons ont eu la chance de rencontrer durant notre séjour. Les manifestants à Tel-Aviv (Photo: Yaron Brener-Ynet)

Ils étaient des centaines a être venus se recueillir, à Tel-Aviv, dont plusieurs membres du Parti communiste d’Israël et de MK Dov Khenin, ce soir (samedi, 18 avril 2009) en l’honneur des Palestiniens, Bassem Ibrahaim Abu-Rahma, tué dans une clôture anti-apartheid qui a eu lieu hier dans le village palestinien de Bil’in en Cisjordanie occupée. « Notre sang est précieux, nous allons continuer de protester, de soutenir la résistance palestinienne», déclare les militants « 

Les manifestants, qui ont marché de Ben Zion Boulevard de siège le ministère de la Défense, a déclaré qu’ils ont l’intention de continuer à protester contre la construction de la Cisjordanie « clôture de sécurité» en dépit de leur crainte d’être blessé par les FDI troupes d’occupation. Traduction de la déclaration du Parti Communiste Israëlien. Plusieurs dizaines de policiers étaient sur place « afin d’éviter des perturbations » à la suite de la marche. Les manifestants tenaient des slogans comme « La démocratie ne se construit pas sur les corps de manifestants » et « M. le ministre de la Défense, combien d’enfants avez-vous aujourd’hui assassinés? »
« Nous avons l’intention de continuer à protester ici et dans les territoires, et de continuer à nous opposer à la politique de spoliation « landwe plan », à continuer à soutenir la lutte palestinienne contre l’occupation et pour un État palestinien indépendant aux côtés d’Israël» a déclaré MK Khenin, membre du comité central du PC d’Israël, et a ajouté que la mort d’Abou-Rahma est scandaleuse parce que c’est tout simplement inhumain. Une personne participe à une protestation non-violente et il est soumis à cette réaction disproportionnée ».

Enfin le dispositif vidéo ci contre fonctionne.J’ai mis en ligne une longue conversation de l’historien Israëlien Michael Warschwawski, lequel décrit parfaitement et objectivement le processus de colonisation et ses raisons.Elle dure environ 6 minutes et c’est très intéressant pour comprendre la situation présente et les perspectives de paix.
A bientôt pour de nouvelles vidéos et diaporamas.

démolition
le mur à AIDA Nous sommes 108 à nous être rendus en Israël et en Palestine du 11 au 15 avril pour participer à « Un Avion pour la Paix », à l’initiative de l’ANECR et de l’AJPF. Parmi nous 85 élus nationaux et territoriaux (sénateurs, conseillers régionaux, conseillers généraux, maires…) accompagnés de représentants du monde politique, syndical et associatif, de journalistes, dont le directeur de l’Humanité, Patrick le Hyaric et d’une équipe de télévision, du cinéaste Robert Guédiguian, du photographe Pierre Trovel et d’un documentariste.
Notre délégation est ainsi représentative d’une grande diversité de territoires, répartis dans toute la France, et de plusieurs sensibilités de gauche.

Après le massacre de Gaza, nos objectifs étaient de :

  • porter au peuple palestinien la solidarité qui s’était exprimée avec force en France pendant l’agression de l’armée israélienne,
  • rencontrer des citoyens palestiniens et israéliens qui ont en commun l’attachement aux droits humains et à la paix au Proche-Orient sur le principe « deux peuples, deux états »,
  • susciter de nouveaux projets de coopération avec des collectivités et des camps de réfugiés palestiniens, et donner une nouvelle ampleur aux partenariats déjà existants.Nous avons eu de multiples rencontres, notamment avec l’Autorité palestinienne et des pacifistes israéliens à Ramallah et Tel Aviv, mais l’entrée à Gaza nous a été refusée. Nos visites à Jérusalem, Nazareth, Bethléem et dans les camps de réfugiés, l’expérience que nous avons vécue sur le terrain et nos observations personnelles nous conduisent à faire part de notre profonde indignation.

En effet, comment continuer d’accepter que des milliers d’habitants de Jérusalem, parce qu’ils sont arabes, voient leur maison détruite par les autorités israéliennes ?

  • Comment continuer d’accepter la poursuite de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem Est qui remet en cause de fait la création d’un état palestinien avec sa continuité territoriale ?
  • Comment continuer d’accepter le Mur de la honte qui contribue à l’installation d’une véritable situation d’apartheid et viole le droit élémentaire des Palestiniens à circuler ?
  • Comment continuer d’accepter le blocus de la bande de Gaza ?
  • Comment continuer d’accepter l’emprisonnement de 11000 militants politiques palestiniens, dont le tiers des membres de leur Parlement ?

Devant cette situation intolérable, nous avons décidé de :

  • peser sur le gouvernement français, le Parlement et le Conseil européens pour que * l’Accord d’association entre l’Union européenne et Israël soit suspendu tant que cet état viole le droit international et les droits de l’homme ;
  • mener une grande campagne de témoignages et d’actions pour mettre un terme à l’occupation et créer un état palestinien souverain, aux côtés de l’Etat d’Israël ;
  • multiplier les projets de coopération entre collectivités françaises et villes et camps de réfugiés palestiniens.Nous appelons les élus et les citoyens de France et de l’Union européenne à mener ensemble ce combat pour une paix juste et durable en Israël et en Palestine, le respect du droit international et du droit à la justice et à la liberté pour le peuple palestinien__.

Dès mardi matin vers 5 heures les premiers passeurs reprenaient le chemin de la France.Le dernier groupe sera de retour ce mercredi vers 21heures30.
Pour ce qui concerne mon groupe, nous avons quitté Ramallah mardi matin vers 8 heures, pour retourner vers Jérusalem, nous avons vécu le quotidien des palestiniens.Obligation de stationner le car sur le parking du « checkpoint »,voir la photo ci jointe(prise en toute discrétion); puis descente du car, reprise de nos bagages respectifs,et emprunter le circuit de contrôle individuel: tourniquet, passage dans un couloir de 80 cm de largeur entièrement clos par des grilles,tourniquet, contrôle des bagages, 3ème tourniquet pour enfin sortir… je ne vous dis pas les complications…oups, y a comme un défaut dans de la liberté de circulation.
C’est avec un peu de retard que nous avons retrouver Michael Warschawski, historien israélien, avec lequel nous avons fait connaissance surle terrain de la politique de colonisation et ses effets directement sur le terrain.Dans quelques heures je mettrai un enregistrement audio, assez long mais au combien interressant.
Nous avons dans l’après midi rejoint l’aéroport, et là encore il nous a fallu supporter quelques tracasseries et autres interrogatoires du style :prénom de votre mère de votre grand père, qu’avez vous fait, qui avez vous vu, pourquoi, avez vous eu des cadeaux, c’est peut-être une bombe!, ah bon!!! lui là, il est arabe, et il a le droit d’être élu? etc etc….et, c’est vers 21heures 30 que nous avons retrouvé le sol français, plein d’images,et de volonté de développer les initiatives pour rendre public tout ce travail que nous avons fait et démultiplier les initiatives….
on va se revoir prochainement… ici !
Il me reste maintenant à mettre en forme et image un résumé en vidéo, pour vous donner à vous aussi l’envie de devenir « passeur de paix »

check point de Ramallah

Lundi 13 départ aux premières heures, pour aller à Ramallah, nous avons en effet rendez vous avec le Président Palestinien.C’est précisément son directeur de cabinet monsieur Trafik USSEIN,qui assurera la rencontre, après le dépot d’une gerbe sur le tombeau de Yasser Arrafat.
Vers 13 heures c’est avec Madame Fabwa Barghouti, épouse de Marwan député au parlement palestinien, condamné 7 fois à la prison à vie.
Après un rapide déjeuner nous sommes allés à la rencontre des habitants de deux camps de réfugiés, en faisant une halte à l’universté de Barzeit, bien connu pour la réplique,mouvementée, des étudiants palestiniens aux propos maladroits de Lionel Jospin alors premier ministre de Jacques Chirac.(*)

Nous avons terminé la soirée dans un centre culturel et social par un dîner accompagné de chants et danses des enfants du camp.
Demain matin, mardi départ à 5heures pour le retour en France, tandis que les autres partiront vers 7heures 30.Alors quelques heures de repos s’imposent. Demain mercredi il n’y aura pas de compte rendu de la journée puisque je serai dans l’avion.

  • rappel:  »Dans sa longue carrière politique, Lionel Jospin a manqué de classe une fois. C’était le samedi 26 février 2001, à Birzeit (Palestine). Il était le Premier ministre de Jacques Chirac dans la tourmente de la cohabitation. A l’université de Birzeit, le Premier ministre Jospin avait qualifié les combattants palestiniens de « terroristes ». Le pire est que cette maladresse n’était pas un lapsus. Sur les lieux de l’Intifada, il fallait vraiment oser le faire ! Quelques explications sur l’absence d’un résumé filmé. Il est bien réalisé mais les connections sont instables et le débit insuffisant pour passer de tels chargements.Alors à plus tard pour une vidéo sur les 4 jours passés.Merci de votre indulgence.

C Aujourd’hui dimanche; la délégation est au complet. La journée a été bien remplie. Un groupe s’est rendu à Tel Aviv à la rencontre Mr Dov KHENIN député communiste d’Israël;pour débattre des perspectives et des conditions pour la paix.

L’autre groupe est allé à Betlhéem à la rencontre de responsables de 2 camps de réfugiés. que d’émotions fortes tout d’abord au camp de réfugiés d’AIDA. Nous y avons été accueillis par les reponsables d’un centre culturel et social, pour les échanges amicaux de vœux et de solidarité, et aussi de cadeaux. C’est là que nous avons pu visualiser de très près l’imposant mur qui coupe sur lui même le territoire palestinienn nous y reviendrons ! puis à 18 heures de retour à Jérusalem nous avons rencontré, en plein air, des acteurs israéliens de la lutte pour la paix., dont des responsables du Parti Communsite Israëlien, des activistes et le responsable de l’action pour l’organisation dans les lycées et université de l’objection de conscience. Et le soir à 21 heures nous avons rencontré Mme Hindi Koury déléguée générale de Palestine en France. Le matin avant le départ, nous avions gardé quelques instants pour aller visiter la vieille ville et l’esplanade des mosquées, en nous frayant un passage , après les multiples contrôles, dans la foule qui « s’inclinait » au mur des lamentations.
A demain.

Il était 0 heures et 5 minutes le 11 avril, lorsqu’il franchissait les portes d’entrée de l’aéroport Ben Gourion!
C’est à 2 heures 50 qu’il en sortait….au complet, après quelques tracasseries, à la police aux frontières pour 11 de nos amis.Tracasseries bien inutiles, et incompréhensibles pour un pays « démocratique » au 21 ème siècle.Mais nous aurons l’occasion d’en reparler !
Et c’est à 4 heures 15 environ que nous avons rejoint Jérusalem, et pu prendre possession de nos chambres respectives.
La nuit fut bien courte puisque nous étions invités à nous retrouver pour quelques visites organisées et des rendez vous fixés à respecter évidemment.
Première étape rencontre avec les animateurs de la lutte contre l’extension de la colonisation et l’occupation des territoires palestiniens dans Jérusalem est au village de Silwad. Ensuite nous avions rendez vous dans le village Sael sur le mont des oliviers qui subit lui aussi les mêmes pressions, et dont les démolitions et occupations sont engagées. puis pour clore cette matinée nous sommes allés au camp de réfugiés de Shufat traversé par le « mur »un camp qui entretien des liens d’amitiés avec la ville de Limay.
C’est vers 15 heures et après quelques minutes de forte intimidation, en direction de notre accompagnateur,que nous avons rejoint la vieille ville de Jérusalem pour un rapide déjeuner.
Je vous invite à faire une visite filmée dans quelques heures , le temps de rejoindre mes compagnons , faire quelques prises de vue complémentaires, et procéder au montage.

Dès le 11 avril au soir, sur ce blog et si les conditions de connections le permettent, vous pourrez prendre connaissance du résumé filmé de la journée de cette importante délégation.
De par le nombre,ses objectifs, ses rencontres, cette initiative impressionne déjà l’ensemble des autorités. A n’en douter elle va marquer de son empreinte l’action pour une solution politique durable,pour construire une région et un monde où les relations internationales soient fondées non plus sur le règne de la force mais sur la force du droit et de la politique,par le respect du droit international.

ELUS POUR LA PAIX : 2X45 élus à Gaza, Ramallah et Jérusalem
Accompagnés d’un cinéaste, d’un écrivain, d’un photographe
Du 10 au 14 avril 2009
Du 11 au 15 avril 2009

Une initiative de l’ANECR et de l’AJPF
Des élus locaux, régionaux, nationaux, européens

Pour exprimer :

  • la solidarité politique avec la population de Gaza, victime de bombardements et de destructions sans précédent
  • l’exigence de la création immédiate d’un Etat palestinien viable
  • la volonté de construire des coopérations avec des villes et camps de réfugiés palestiniens
  • le soutien aux forces de paix israéliennes et tisser des liens avec les progressistes israéliens, notamment parmi les élus

Pour témoigner en France et agir pour une solution politique durable, par le respect du droit international.

Pour construire une région et un monde où les relations internationales soient fondées non plus sur le règne de la force mais sur la force du droit et de la politique.

LE PROGRAMME DES 4 JOURS

Du fait des deux départs à une journée d’intervalle, la première journée de la première délégation sera consacrée à la visite de Jérusalem et de Béthléem, visite que fera la seconde délégation pendant son dernier jour sur place. Toutes les autres journées seront communes aux deux groupes.

  • 11 avril : visite de Jérusalem avec des Palestiniens, Visite de Béthléem
  • 20h : réception au Consulat de France de Jérusalem
  • 12 avril : entrée à Gaza par le passage d’Erez, si pas de blocage
  • Rencontre au camp de Jabalya
  • Rencontre avec Raji Sourani, président de l’Association palestinienne des droits de l’homme
  • Déplacement jusqu’au camp de Khan Younès, au sud de la Bande de Gaza
  • A noter : nous ferons tout pour rentrer à Gaza, ne serait-ce que quelques heures, sans pouvoir le garantir absolument. Nous n’y resterons de toute façon pas la nuit.
  • 13 avril : Ramallah (Cisjordanie) depuis Erez
  • Rencontre avec Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne
  • Rencontre avec Mustapha Barghouti, responsable du croissant rouge palestinien, élu de la troisième voie
  • Rencontre avec Maja Bassam, présidente de l’association des femmes palestiniennes
  • Déplacement dans les camps de réfugiés de Naplouse, Bethléem (Dheisheh) et Ramallah (El Amari et Kalandia)
  • 14 avril : journée en Israël, à la rencontre des voix de la paix
  • Visite d’un village arabe israélien
  • Visite de la colonie de Maale Adoumim avec Michel Warchawski, militant pacifiste
  • Rencontre à la Knesset (parlement israélien), avec notamment le député du Hadash, réélu à Tel Aviv, Dov Khenin
  • Échange avec Abraham Burg, ancien président de la Knesset
  • Rencontre de solidarité avec des responsables de Shalom Archav (La Paix maintenant), Gush Shalom et de tous les mouvements de paix, à l’hôtel Jérusalem.

Retour vers Paris

Combien ça coûte ? Comment régler ?

Le budget est désormais établi à 1100 euros par personne. Il comprend l’aller-retour Paris-Tel Aviv, les repas et l’hébergement dans des hôtels de Jérusalem et de Ramallah.

Un fonds de solidarité à destination des réfugiés est ouvert auprès de l’AJPF, qui peut être abondé par des versements de collectivités et/ou d’élus. (facture et reçu délivrés)

Règlement à effectuer (tout ou partie) au plus vite à l’ordre de « AJPF » et à adresser à l’association, à l’attention de Fernand TUIL, Hôtel de ville 60160 Montataire. Des versements peuvent être effectués au même ordre (RIB joint) Ces règlements valident de façon définitive les inscriptions. Les déplacements non réglés annuleront de fait la participation d’un élu.

Les fonds de solidarité recueillis seront versés publiquement aux responsables des camps de réfugiés visités ainsi qu’aux mouvements de paix israéliens.

Différents projets pourront être portés et proposés pour développer ou engager des partenariats et des coopérations. Les domaines les plus utiles aux populations sont :

  • l’agriculture (les oliviers ont été massacrés ; l’élevage de poulets)
  • l’aide à une éducation laïque
  • l’accès à l’eau, l’assainissement…

paix.jpg

Michel Barrier

2 commentaires

Pascal Publié le18 h 53 min - 14 avril 2009

Bravo pour cette initiative riche humainement.

polo Publié le20 h 08 min - 15 avril 2009

merci pour cette initiative envers le peuple palestinien et pour nous car a travers votre presence vous temoignez notre solidarité envers ce peuple,et pour la paix entre les deux peuples Palestine et Israel.