Avi Mograbi, réalisateur Israélien du film » Z 32″

Avi Mograbi, réalisateur Israélien du film » Z 32″

il donne un film majeur, une tragédie musicale qui interroge toutes les consciences.
 » la langue du dialogue s’est perdue« 
Je suis troublé dit-il, dans son entretien dans le journal l’Humanité, par le fait que mes films, qui sont des films politiques ne jouent aucun rôle dans le discours de la société israélienne.
Il y a vingt, voire trente ans,les intellectuels tenaient une place importante dans ce pays….Aujourd’hui, ce qu’ils disent ne rencontre aucun écho.Les gens de culture on été mis hors jeu.La politique n’est plus liée qu’aux rapports de pouvoir…

J’espère que chaque spectateur s’interrogera sur son rôle et celà ne concerne pas uniquement le film( Z 32), mais implique des positionnements moraux.
Avi Mograbi affirme dans son film qu’il n’y a pas de juge en Israël, pays qui est impliqué de longue date dans des crimes de guerre commis dans les territoires occupés.
Ariel Sharon les a initiés dès les années 1950, et celà n’a rien d’exceptionnel.
Ce que nous venons de faire à Gaza n’est pas « la guerre de Gaza ». Il aurait fallu pour celà qu’une armée réplique.Ce qui s’est produit est impensable. En Israël, il y a un soldat dans chaque famille.Les parents élèvent leurs enfants dans la nécessité de « défendre » ce pays « assiégé ».
Le système éducatif va renforcer cette croyance. Lorsqu’un type comme le soldat du film(code Z 32) rentre chez lui et raconte ce qu’il a commis, soit ses parents l’approuvent, soit ils sont dans une impasse.
Ils devraient le dénonce? à qui et fdans quel but? à quel prix?
Toute la société est ainsi partie prenante de ces crimes de guerre, mais elle n’est pas prête à s’y confronter.
Je crois pourtant que nous ne pourrons pas y échapper. Globalement, devant l’écran,(le film est sorti la semaine dernière en Israël), le public subit un blocage profond.Aucune réaction; silence total. Et les réactions, sont aussi variées que les individus, et s’expriment en fonction de leur histoire personnelle, leurs positionnements sociaux, politiques et moraux.
Pendant les atrocités de Gaza les gens pouvaient se demander: »que sommes nous en train de faire? »
Nous ne parlons plus que notre propre langage, et c’est celui de la force physique, de la violence.
La langue du dialogue et de l’amitié s’et perdue.
Entretien réalisé et traduit par Dominique Wideman

Michel Barrier