Les grands patrons se soignent bien!

Les grands patrons se soignent bien!

Leur rémunération annuelle se compte en siècle de SMIC! Sortez vos mouchoirs !Les Échos rendaient publiques hier les rémunérations des patrons du CAC 40 pour l’année 2005. Avec un commentaire propre à apitoyer le salarié moyen : « Petite année pour les salaires des grands patrons ».

Les revenus des dirigeants des entreprises du CAC 40 continuent de flamber. Ceux du PDG de L’Oréal représentent en 2005 plus de 4 700 SMIC annuels. Le quotidien de l’économie explique en effet que l’an dernier, la rémunération brute totale des « dirigeants opérationnels des sociétés du CAC 40 est restée quasiment stable, à 2,27 millions d’euros en moyenne contre 2,24 millions pour l’année 2004 ». On ne peut, à partir de ces moyennes, en tirer la conclusion que les conseils d’administration de ces sociétés se sont montrés moins généreux cette année envers leurs dirigeants. En réalité, si l’augmentation générale est si faible, c’est à cause de plusieurs changements intervenus au cours de l’année 2005. Les nouveaux venus dans ce cercle des plus riches: Premier changement : l’introduction parmi les 40 entreprises du CAC, d’EDF et de GDF en lieu et place de TF1 et Casino. Leurs patrons, Pierre Gadoneix qui émarge à 550 000 euros chez EDF, et Jean-François Cirelli qui a touché à GDF un salaire (fixe et bonus) de 340 000 euros en 2005, jouent désormais dans la cour de bien plus grands qu’eux. Deuxième facteur huit des entreprises ont vu leur dirigeant changer en 2005. Avec pour conséquence une baisse des salaires de leurs patrons. Ainsi chez Carrefour, le salaire de José Luis Duran (1,5 million d’euros) en 2005 est de moitié inférieur à celui de son prédécesseur, Daniel Bernard (3,1 millions d’euros) en 2004. La tendance générale reste à une augmentation importante des salaires des grands patrons. Ils sont d’ailleurs 9 au lieu de 7 en 2004 à percevoir une rémunération supérieure à 3 millions d’euros, les nouveaux venus dans ce cercle des plus riches étant Daniel Bouton à la Société générale, Jean-François Dehecq chez Sanofi et Thierry Demarest du groupe Total. La plus forte augmentation salariale a été pour Jean-Philippe Thierry. Le PDG des AGF a vu sa rémunération augmenter de 81 % en 2005 après une augmentation comparable en 2004. En trois ans, ses émoluments ont plus que tripler, passant de 0,9 million d’euros à 2,8 millions d’euros. Cela rendra-t-il jaloux le PDG du groupe Vinci ? C’est peu probable car si Antoine Zacharias a vu son salaire annuel n’augmenter que de 4,8 %, il s’est consolé le 1er janvier 2006 en touchant des indemnités de départ équivalant à trois années de son dernier salaire annuel, soit plus de 13 millions d’euros.le plus rémunéré des patrondu CAC 40 « Nous cherchons toujours à lier notre performance économique avec des principes éthiques forts », affirme le PDG de L’Oréal qui reste le plus rémunéré des patrons du CAC 40. En 2005 Lindsay Owen-Jones a perçu 7,358 millions d’euros de salaire. Cela représente plus de 500 SMIC annuels bruts. Mais là ne s’arrêtent pas les revenus que Lindsay Owen-Jones a tiré de son emploi de PDG de L’Oréal cette année. Sa société lui a en effet versé 1 million de stock-options qu’il pourra convertir à partir de l’année 2010. Au niveau du cours actuel, cela représente une valeur globale de 61,841 millions d’euros, soit 4 231 SMIC annuels bruts. Le PDG de L’Oréal quitte le groupe en 2006 et, principes éthiques ou non, il faut bien assurer l’avenir.

Michel Barrier